Dans CETTE CONTRIBUTION, “Parlons d’Haïti”, Yves Marie SERALINE partage son expérience et sa connaissance approfondie de la nation haïtienne, acquise au cours des vingt dernières années. L’auteur décrit la situation actuelle d’Haïti comme une tragédie, avec une population souffrant de la faillite politique, de l’insécurité chronique et de la paralysie collective, en raison de décennies de prévarications et de pillage par les nantis, encouragés par l’inertie internationale. SERALINE souligne que la communauté internationale devrait aider le pays à sortir de la crise et à réaliser son potentiel.
C’est le peuple de la nation Haïtienne qui souffre et subit la situation actuelle. Je partage avec beaucoup ce ressenti, tenant compte de mes déplacements et activités en Haïti durant les vingt dernières années, ce qui m’a permis notamment de mieux connaître une partie du territoire et d’en constater vers la tragédie: la zone de Port-au-prince et communes proches, Carrefour, la région de Jacmel, un peu l’Artibonite, Saint-Marc, Saut d’eau, la campagne profonde, des zones du littoral, la traversée de la frontière depuis Jimani en République Dominicaine. J’ai eu l’opportunité d’inviter et d’accueillir chaque année en Martinique, jusqu’à la crise sanitaire covid, de nombreux groupes de jeunes, artistes, entrepreneurs Haïtiens.
Enfin ces dernières temps, des projets éducatifs et culturels ont pu se développer avec mes correspondants de Haïti pour réaliser des actions de formations et des activités culturelles. Des belles perspectives de relations d’amitiés et de coopérations étaient en préfiguration, malgré la vulnérabilité évidente d’un pays, dont la somme des capacités et potentialités donne autant le vertige que la déliquescence des pouvoirs.
Nous avons vécu le basculement d’un pays en difficulté mais prometteur, à une territoire englué dans une problématique multidimensionnelle, implosé par la conséquence de décennies de prévarications et de pillage par les nantis, encouragés par l’inertie internationale.
Haïti est une rubrique dans l’information planétaire du moment, les médias montrant à juste titre les dégâts de la faillite politique et l’insécurité chronique entraînant en une insupportable paralysie collective. La quête d’audience des médias internationaux met en valeur la face sombre du pays, y compris en réalisant des scoops grâce aux rémunérations versés à des chefs de bande pour les interroger. La détresse, les lamentations et le chaos permanents sont certainement des sujets de choix pour les équipes des télés, qui ne montrent pas de motivation particulière à explorer les vraies valeurs et réalisations encore visibles dans une grande partie du pays.
La conscience collective mondiale, qui souffre pour des victimes de conflits à travers la planète, s’exprime généralement de manière solidaire avec Haïti à travers des actions citoyennes, parfois désintéressées, d’autres plus douteuses y compris par certaines ONGs. Ces initiatives éparpillées, limitées malgré leur générosité quand elles viennent d’amis du peuple Haïtien, constituent une sorte de saupoudrage humanitaire.
Qu’en est-il d’une mobilisation salutaire de la diaspora haïtienne ? Le frémissement des Haïtiens du dehors est perceptible, mais semble en ordre dispersé chez des compatriotes ou descendants conscients de la situation du pays d’origine. On peut regretter que des expatriés en grand nombre, notamment dans la Caraïbe, soient plutôt enclins à se réfugier dans leur nouvelle vie, pour oublier l’ancienne qui fut douloureuse et sans perspective.
Vu de l’extérieur, et grâce à quelque connaissance du réel, vécu sur place, et les informations reçues directement de ceux qui vivent la situation, on comprend clairement que le département de l’ouest et la zone métropolitaine de Port-au-Prince avec ses plus de 3 millions d’habitants, est un espace vital pour Haïtis. Ses accès vers le reste du territoire national sont contrôlés par les gangs. L’arrivée des produits agricoles en provenance des greniers du pays y est contrôlée tout comme la fourniture de produits vers les autres zones. On y trouve les infrastructure essentielles, qui étaient déjà devenues peu efficaces voire inopérantes, par suite du déséquilibre territorial et de l’hypercentralisation imposées progressivement par les forces obscures du pays qui ont une mainmise sur l’économie.
C’est, pour les fossoyeurs d’Haïti, la combinaison parfaite afin de bloquer les rouages essentiels du territoire, le port, l’aéroport Toussaint Louverture appelé peut-être à de venir un camp retranché, le circuit du carburant, les lieux symboliques et les attributs du pouvoir ou de la culture.
La politique de la terre brûlée engagée par le crime organisé, le pillage généralisé des ressources et moyens techniques de la zone déstabilisée réduit à néant quelques efforts d’équipement de nombreux lieux attaqués méthodiquement : établissements de santé, écoles, universités, lieux de formation des artistes et d’expression du génie populaire comme l’artisanat de Croix des Bouquets reconnu mondialement, si essentiels à Haïti, des espaces d’activité commerciale, et les lieux de vie collectifs comme le « champ de mars » au centre de Port au Prince pour « Portail », espace d’échanges de transports et de petits commerce.
Des quartiers de la zone métropolitaine sont dévastés, l’habitat déjà insalubre devenant champ de ruines, mais les grands buildings et les hôtel, Digicel, Marriot, et d’autres sont, pour l’instant, à l’abri des dégâts que le peuple subit (qui les protège?), mais on voit que certains établissements prennent les devant comme l’enclave touristique américaine de Labadee réduisant ou arrêtant leurs activités.
L’activité économique, l’économie souterraine de Haïti, incompréhensible pour beaucoup permettait jusqu’alors à un Haïtien des couches sociales défavorisées de trouver ses 3 euros par jour pour subsister. Aujourd’hui il s’enfonce encore plus dans le lumpen prolétariat Il est expulsé de sa maison brûlée par les bandits dans leur guerre pour contrôler le territoire, en résidence surveillée ou déplacé sur sa propre terre, en laissant sur le tapis à chaque vague de violence des milliers d’enfants sans avenir.
Haïti dispose pourtant d’un tissu économique matérialisé par les 4 grandes organisations patronales du pays, ce qui n’a pas du tout l’air de profiter à la population : Chambre américaine de commerce en Haïti (AMCHAM), Association des industries d’Haïti (ADIH), Chambre de commerce et d’industrie de l’Ouest (CCIO) et l’Association touristique d’Haïti (ATH). On peut raisonnablement se poser des questions sur leur efficacité pour le développement de leur pays.
Aujourd’hui, ayons une pensée pour à tous ces citoyens, femmes et hommes, agriculteurs, pêcheurs, ouvriers, petits employés, fonctionnaires, éducateurs, entrepreneurs et commerçants des bords de route, « madan sara », créateurs et artisans, qui ont perdu pied dans une situation qui a pris l’allure d’une guerre, vivant avec un sentiment permanent d’insécurité, même pour les habitants les zones éloignés des perturbations meurtrières au quotidien. Portant le pays garde un semblant de fonctionnement puisque qu’à Cap Haïtien un aéroport fonctionne, les villes connues comme Jérémie, Jacmel, Ouanaminthe, et d’autres, sans être totalement à l’abri d’une criminalité latente, ont une activité beaucoup moins problématique que dans la Capitale. Les enjeux ne sont pas les mêmes. Ce n’est pas une grande surprise car depuis longtemps la majorité des 150 communes de Haïti est livrée à elle-même sans bénéficier d’un véritable soutien financier et matériel du gouvernement.
Les scandales à répétition et la corruption tant politique qu’économique, la mauvaise gouvernance et les conflits incessants en vue d’obtenir le leadership d’une gouvernance improbable allant jusqu’aux tentatives de coup d’état et assassinats d’un Président, ont révélé la déliquescence d’une nation dont nous avons longtemps compris que les vents contraires s’opposaient à sa libération finale. Comment comprendre que la saga des Présidents téléguidés, soutenus, exfiltrés, débarqués ou rétablis par les puissances étrangères depuis Aristide, Préval, Marthélly, Moïse et les intérim, accompagnés par 119 députés et 30 sénateurs, n’aient pas produit de résultat probant, malgré l’argent de Petrocaribe ou du Core Group ? Ils ont échoué à administrer Haïti comptant probablement plus sur l’aide internationale, le soutien humanitaire privé ou de villes jumelées avec des communes haïtiennes.
Les dégâts causés par ce choix délibéré de non-développement au profit des tenants d’un statu-quo néolibéral à l’avantage des nantis et du libéralisme exacerbé du territoire et sous le regard intéressé de forces exogènes, sont amplifiés certes autant par les conditions naturelles climatologiques, les catastrophes naturelles hors norme, que les manœuvres post-coloniales. Ainsi, nous gardons en permanence à l’esprit le poids de la dette imposée par la France pour punir Haïti accédant à l’Indépendance. De plus, ce serait une hérésie d’évoquer juste ce véritable hold-up, sans rappeler que les USA y sont aussi allés de leur domination, saisissant au passage les réserves d’or de la République d’Haïti en 1915, à l’occasion de l’occupation étasunienne, sans parler de la mainmise plus récente et tentaculaire de leurs lobbies et multinationales.
Entre sectes religieuses héritées des Etats-Unis et exploitation malsaine de la culture Vaudou qui est pourtant initialement un authentique ciment culturel pour ce peuple, la spiritualité Haïtienne est diluée dans la peur et le repli que les auteurs parviennent parfois à surmonter dans la production artistique, littéraire et musicale. Dans ce contexte général, le riche patrimoine Historique et culturel d’Haïti est invisibilisé par l’épais écran de fumée qui obscurcit littéralement le ciel Haïtien.
Cette population Haïtienne affronte des politiciens avides de position dominante et habiles à gratter les poches des misérables, aux cotés des puissances d’argent issues du monde des affaires, ils mis en place pour leur protection une sécurité privée qui a engendré les les gangs, jusqu’à en perdre le contrôle, sous le regard et peut-être le soutien intéressé des puissances étrangères. Avec comme conséquence, l’insuffisance des forces nationales de sécurité du pays, largement sous-équipées et opposées à une armée parallèle de milliers de membres surarmés, organisée en bandes et coalitions de gangs, renforcées récemment par les centaines d’évadés de la prison centrale. Qui arrêtera le trafic d’armes continu en provenance principalement des USA, ou passant par Jamaïque et République Dominicaine ?
Mais, au final, le manque de cohésion au sein de la population et plus particulièrement la désaffection des classes dirigeants et peut-être des élites intellectuelles, a engendré une inertie préjudiciable à l’amélioration de la situation. Par exemple, on restera longtemps dubitatif sur l’action de la célèbre écrivaine E. Prophète, ministre de la culture – et de la justice, en faveur de son peuple. Une manière de souligner, à l’analyse des soubresaut de la politique intérieure de Haïti et de sa représentation internationale, que les intentions des dirigeants ne sont jamais claires dans un contexte politique trop instable pour favoriser une émergence populaire. Ceci, en dépit de l’extraordinaire vitalité des forces vives et populaires, comme les mouvements de femmes très actives à défendre la condition féminine sous tous ses aspects, et de nombreuses structures citoyennes, des syndicats démunis, hélas manquant de cadres et de moyens.
Ce tableau doit prendre en compte, pour longtemps encore, de la détérioration du système éducatif haïtien, malgré des approches théoriques récentes intéressantes de travailleurs éducatifs et un soubresaut en terme d’organisation et de moyens pour les apprenants, par Lesly Manigat, un membre du gouvernement actuel. Haïti, c’est tout de même un niveau d’engagement intellectuel remarquable, connu à travers ses intellectuels, auteurs, cinéastes et artistes en tout genre. On aurait l’embarras du choix pour dresser une liste ici, et la place manquera !
Mais rappelons l’existence du secteur universitaire animé par un encadrement valeureux et des scientifiques de haut niveau. Le pays compte 40 universités dont: 19 facultés et 4 écoles infirmières de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et 10 Universités Publiques en Région (UPR), 7 autres sont privées telle que Quisqueya à la réputation internationale. On pourrait y ajouter un tissu d’ organisations éducatives et fondations privées de haute tenue comme la Fondation du Docteur Daniel Mathurin (FDDM), il en existe d’autres. En théorie, les conditions paraissaient réunies pour de belles avancées en matière de formation des élites, mais au final le tableau est sombre compte tenu de l’assaut permanent des gangs contre le secteur éducatif, facilité par l’incurie du pouvoir privant les Universités des moyens à la hauteur de ses ambitions, et de la sécurité nécessaire.
Aucune stratégie de réparation ou de reconstruction nationale n’apparaît clairement en ce mois d’avril 2024, en dépit des grandes manœuvres engagées depuis la fuite de Ariel Henry et la nomination d’un Conseil de la Transition installé, qui annonce désormais une feuille de route sur près de 2 ans avant les prochaines élections démocratiques, si toutefois la constitution Haïtienne est utilisée à bons escient par les protagonistes qui se la disputent. Un pari sur l’avenir, avec des dés probablement pipés pour les 600 partis politiques en Haïti. Mais on s’attachera plus particulièrement à observer les évolutions des formations politiques de nationales de première importance (2).
Haïti pays jeune, pionnier et icône de la lutte contre l’Europe colonisatrice et dominante, qui a été la lumière de la zone caraïbe, avant de devenir la proie des opportunistes sans vergogne, est donc une nation encore vivante mais déstabilisée à tous points de vue. Notamment par la fuite des cerveaux, heureusement contrebalancée par ceux qui ont la volonté, et parfois la seule solution, de rester sur le sol Haïtien, en essayant de s’impliquer dans un possible renouveau.
Nous avons besoin d’un certain temps, et de beaucoup de pudeur pour évoquer la détresse d’un peuple et de ses citoyens,. Aujourd’hui, on préfère ne pas penser à une agonie de cette nation Haïtienne, mais considérer que le pays vit une étape d’une extrême gravité, qui devra être suivie très rapidement d’une nouvelle dynamique. Il faut donc peser ces mots quand on pense avoir bien compris la situation de ce pays, qui semble maintenant plus claire à nos yeux, car on n’assiste plus seulement à une série de méfaits et de crimes, mais à une stratégie de nasse visant à capturer un peuple vulnérable, l’immobiliser et le contraindre à se retrouver en position de dominé, sans droit à la parole.
L’une des préoccupations majeures en Haïti sera d’affronter la montée en flèche des problèmes de santé mentale, dans un territoire où le système de santé déjà médiocre condamne les plus pauvres qui sont éloignés des oins parce que les centres sont inaccessibles ou détruits, les médicaments sont soumis à une contrebande permanente et distribués avec parcimonie, les médecins et infirmiers sont attaqués voir kidnappés. La litanie des chiffres des organisations internationales montrent un secteur médical sinistré, avec comme principales victimes les enfants, et les personnes vulnérables. En dehors des prouesses des personnels de santé locaux et de leurs collègues venus prêter main forte, le seul progrès le plus étonnant de la médecine Haïtienne est ironiquement une sorte de nouvelle compétence de médecine de guerre des professionnels confrontés depuis plusieurs années à des blessures de champ de bataille résultant des agissement criminels.
Les soutiens internationaux annoncés pour une possible force internationale, encore soumise à bien des conditions et attendue avec circonspection par ceux qui ont connu la Minustah et autres actions onusiennes, l’attitude trouble de la Caricom, du Kenya ou d’autres pays qui annoncent, puis refusent de participer à la mission de sécurité international, n’augurent pas d’une capacité de résolution rapide de la question Haïtienne. La plupart de ces décideurs étrangers, Core Group, mais en particulier les USA comme interlocuteur imposé, ou le Canada, ont infantilisé le pays interdit de fait de développer son armée nationale à des conditions acceptables.
Les relations particulières en dent de scie avec la France, nation se déclarant amie d’ Haïti, occupant une position confortable derrière le paravent de la francophonie, et s’appuyant sur la proximité des terres françaises de la Caraïbe, sont toujours soumises à la réalpolitik. Aussi, aider la PNH (Police Nationale), organiser les déplacements d’étudiants (Campus France), créer des flux culturels (Institut et Alliance Française) ne dispensent pas Paris de recevoir des critiques acerbes, les plus récentes étant exprimées par Victorin Lurel, responsable politique guadeloupéen, ancien ministre français.
Aujourd’hui l’international est représenté en Haïti par des ambassades (1) qui fonctionnent peu ou se vident méthodiquement, se préoccupant de l’évacuation leurs ressortissants par peur de la puissance des gangs, ce qui est un aveu de défiance de la protection que le gouvernements (?) Haïtien doit au corps diplomatique.
Avant le grand séisme, et encore plus après lorsque le nombre des « kokorat » (enfants des rues) a encore été gonflé par les orphelins de la catastrophe J’ai vu les ai vu se démener quotidiennement pour trouver quelques sous dans la rue avant de passer la nuit dans des lieux improbables, n’ayant rien connu d’autres que la pauvreté, la débrouille et toutes les violences. Ils sont sans doute âgés en cette année 2024 de 14 à 22 ans. Ils alimentent les gangs, baignant dans une ambiance magico- religieuse leur conférant un sentiment de puissance, heureux d’une sorte de considération et de l’impunité sous l’influence et aux ordres d’un chef, comme d’un père qu’ils n’ont pas connu leur procurant le gîte, le repas et l’arme au sein d’une population de territoires contrôlés, qui n’a plus de repères économiques et sociaux.
Une génération doublement perdue. Des jeunes vivant sans aucune valeur à respecter, qui contribuent à traumatiser ‘autres jeunes. Malgré tout, Il faut espérer que les autres enfants qui ont globalement pu fréquenter les écoles bon an mal an, malgré les disparités criantes du système éducatif, ne perdront pas toutes leurs chances d’acquérir, grâce à l’éducation leur passeport pour l’avenir et participer à la reconstruction de leur nation.
Indépendamment des conséquences immédiatement visibles et de toutes suppositions sur la collusion entre les start-ups du crime et les politiciens, la perplexité reste entière sur les raisons profondes de cette démarche qui ne résume pas à une guerre de territoires ou de trafics en tous genre. Car détruire pour détruire, cela amène à quoi ? Transformer des zones entières en cimetière à ciel ouvert pour des morts sans sépultures ?
Sauf à considérer qu’un trésor de guerre est disponible pour investir dans une autre Haïti, peut être encore plus dominée demain que maintenant avec ses 11 millions de captifs désespérés et contrôlés, encore soumis à un couvre-feu pour de longues semaines, partiellement coupés du monde sous l’oeil des spécialistes de l’ingérence internationale, et d’une République Dominicaine, peut-être en embuscade, à l’affût d’une dégringolade massive et sans retour.
Le dernier acte de la tragédie, se déroule sous le regard d’une presse haïtienne très vivante et capable de regarder son pays qui compte nombreux médias dont 700 radios et des martyrs. Les grandes manœuvres engagées depuis la fuite de Ariel Henry ont abouti à la création laborieuse et contestée de ce Conseil de la Transition, installé mais toujours vulnérable à toutes les manœuvres politiciennes, soumis au regard de l’Autre, Caricom, Core, Group, etc… Il prépare une feuille de route sur près de 2 ans avant les prochaines élections démocratiques. C’est donc un pari sur l’avenir, mais avec des dés pipés pour les 600 partis politiques en Haïti. Mais on pourra suivre plus particulièrement les liste formations politiques de nationales de première importance (2).
Restons dans le concret : sans matériel pour se défendre, le peuple n’a plus comme armes pour aller vers l’amélioration de sa condition que l’éducation et le bulletin de vote.
Ne cédons pas à la tentation de l’homélie funèbre pour Haïti, mais plutôt exprimons une vision d’espérance.
Yves Marie SERALINE
10 avril 2024
(1) Les ambassades présentes a Port au Prince actuellement :
USA – Canada- France – Cuba – Chili – Cuba – Bahamas – Brésil – Argentine – Allemagne – Espagne – Japon – Mexique – République Dominicaine – Panama – Royaumes Unis – Suisse – Taiwan – Venezuela – Nonciature Apostolique du Saint Siege.
(2) Formations politiques de niveau national:
-Organisation du peuple en lutte (OPL) : Il est né en 1996 de la scission en deux groupes de l’Organisation politique Lavalas (OPL) pro-Aristide fondée en 1991. Il est actuellement dirigé par le coordonnateur général Edgard Leblanc Fils.
-Parti fusion des sociaux-démocrates haïtiens (PFSDH) : C’est un parti né le 23 avril 2005 de la fusion entre les trois partis démocrates suivants : Ayiti kapab, le Congrès national des mouvements démocratiques (KONAKOM) et le Parti national progressiste révolutionnaire (PANPRA).Il est dirigé par Edmonde Supplice Bauzile
-Front pour la reconstruction nationale (FRN) : Le FRN a été créé en février 2004 par un groupe d’anciens rebelles dirigé par Guy Philippe. Il est dirigé par Buteur Metayer et a comme secrétaire général Guy Philippe.
-Latibonit an Aksyon (LAAA, L’Artibonite en Action) aujourd’hui dénommé Haïti en Action: Ce parti est dirigé par Youri Latortue.
-Mouvement chrétien pour une nouvelle Haïti (MOCHRENA) : Il est aussi connu sous l’appellation de Mouvement chrétien national. C’est un parti de centre-droit fondé en 1991 par des églises évangéliques. Il est dirigé conjointement par Luc Mésadieu et Gilbert Léger.
-Mouvement pour la reconstruction nationale (MRN) : Le MRN a été fondé en 1991 par René Théodore, alors dirigeant du Parti unifié des communistes haïtiens (PUCH). Il est actuellement dirigé par Jean-Enol Buteau.
-Union nationale chrétienne pour la reconstruction d’Haïti (UNCRH) : L’UNCRH est actuellement dirigée par Jean Chavannes Jeune.
-Action coopérative pour construire Haïti (KONBA) : Ce parti est dirigé par Jean-Baptiste Chavannes.
-Action démocratique pour bâtir Haïti (ADHEBA) : Ce parti a été fondé en 2004. Il est présidé par Camille Leblanc.
-Alyans (Alliance démocratique) : C’est une coalition de centre-gauche entre la Kovansyon Inite Demokratik (KID) (Confédération d’union démocratique) et le Parti populaire pour le renouveau d’Haïti. Elle est actuellement dirigée par Evans Paul.
On peut regretter que les forces de sécurité du pays dans leur ensemble, soient notoirement en effectif insuffisant et largement sous-équipés opposés à une armée parallèle de milliers de membres surarmés, des bandes et coalitions de gangs, renforcées par les centaines d’évadés de la prison centrale au mois dernier, qui bénéficient d’un trafic d’armes continu en provenance principalement des USA.