Faut-il sortir de chez soi le 11 mai ?

Alors que s’approche la date fatidique de la levée du confinement, progressive et variable selon les régions, vous vous sentez, comment dire, partagé…

L’argument rationnel

Avec déjà dix millions de salariés au chômage partiel, un déficit de la Sécurité sociale abyssal, une économie quasi à l’arrêt, les comptes en banque de nombreux Français commencent à se vider dangereusement, sans parler des caisses de l’État. Retourner travailler c’est pour beaucoup le seul espoir de sortir la tête de l’eau et, pour certains écoliers, celui de ne pas décrocher. On vous l’a assez dit : le télétravail et l’école à la maison ne sont pas adaptés à tous !

L’argument émotionnel

Vous vous sentez parfois si seul que la perspective d’un rendez-vous chez le dentiste ou avec votre conseiller bancaire vous semble aussi excitante qu’une balade en bord de mer au soleil ­couchant. Même vos collègues vous manquent, c’est dire. Vous en avez ras le bol de parler aux murs et de dire bonjour de votre fenêtre à des voisins que vous ne connaissez pas ? Vous allez pouvoir revoir vos amis, vos parents, vos copains d’école, le nirvana !

L’argument pratique

Vous allez enfin pouvoir sortir de ce satané périmètre de 1 kilomètre autour de chez vous et vous déplacer sans attestation. Pour les parents, c’est aussi l’occasion de redevenir monotâche et d’arrêter la triple journée télétravail, corvées ménagères, professeur des écoles. Vous allez enfin pouvoir souffler et vos gosses aussi, ils en ont assez de vous avoir sur le dos. Et vous serez contents de tous vous retrouver le soir après avoir vu des gens de votre âge.

Le contre-argument rationnel

L’épidémie est loin d’être endiguée et, selon les études, moins de 6 % de la population seulement auraient contracté le Covid-19. Sans ­compter que mettre la main sur un masque ou un test relève encore de la science-fiction. Sans parler du fait que, si vous êtes fragile ou en contact avec des malades, vous risquez de retourner fissa en quarantaine. Autant de raisons de rester encore calfeutré chez soi un certain temps.

Le contre-argument émotionnel

Vous vous sentez bien dans votre cocon. Cette « slow life » découverte avec le confinement vous convient. Vous vous êtes transformé en top chef, vous êtes mis au yoga, vous avez le sentiment d’avoir fait connaissance avec vos enfants et il vous reste des tonnes de choses à faire comme réparer votre portail, coudre des masques pour la famille ou finir de ranger vos placards. Et puis vous n’êtes pas du tout prêt à entendre de nouveau la sonnerie de votre réveille-matin.

Le contre-argument pratique

Prendre les transports en commun sera un défi digne de « Koh-Lanta », les écoles n’accueilleront, au mieux, vos enfants que la moitié du temps et vous ne pourrez pas festoyer avec vos amis dans les bars et les restaurants. Pas question non plus de les embrasser. Sans oublier que vous n’avez pas envie d’exhiber vos kilos de confinement ni la coupe de cheveux effectuée par votre conjoint qui, malgré sa bonne volonté, n’est pas coiffeur.

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