ATLANTICO

C’est un argument qui revient très souvent dans les propos de ceux qui s’inquiètent de l’impact des vaccins.

Atlantico : Sur les réseaux sociaux circule l’idée que la protéine Spike, contenue dans le virus et dans le vaccin contre le Covid, cause des problèmes d’immunodéficience majeurs en s’appuyant sur une certaine lecture d’études publiées. Est-ce que ces accusations sont fondées ?

Eric Billy : C’est un vaste amalgame complètement erroné. C’est dans la même veine que la publication s’appuyant sur un poster de Circulation faisant le lien entre les vaccins à ARN messager et une augmentation de marqueurs d’inflammation endothéliale et des risques cardio-vasculaires. Il s’agit d’une rhétorique classique d’amalgames entre les effets rapportés et publiés sur l’effet du virus et ceux du vaccin. La rhétorique consiste à attribuer à la protéine Spike qui est sur le virus et dans le vaccin, l’intégralité de tous les problèmes : la toxicité, la perturbation de la réponse immunitaire, etc. Mais c’est complètement faux. Spike est uniquement la porte d’entrée. Il peut entraîner de la fusion intra-cellulaire car pour que le virus rentre il faut qu’il y ait fusion entre la membrane du virus et celle de la cellule. Donc Spike est une clé pour le virus, mais sorti de cela, Spike n’a pas de fonctions autres ayant été démontrées. C’est un problème car ils font dire aux publications autre chose que leurs résultats. Par exemple, ils indiquent qu’une publication parue dans Cell souligne une chute des lymphocytes T CD8 chez les vaccinés or c’est un constat observé chez les infectés par le virus, ce qui n’est pas du tout la même chose.

La protéine Spike n’est donc pas dangereuse ?

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Aujourd’hui, les antivax essaient de montrer que Spike est toxique par elle-même, or ça fait très longtemps qu’on sait que son seul effet potentiellement indésirable, c’est une perturbation des angiotensines. Or pour cela, il faut une forte concentration de la protéine, ce qui arrive quand on est infecté par le virus. De plus, il faudrait que cela circule dans le sang. Les vaccins que l’on nous injecte en intramusculaire ne vont que très peu dans le sang. Spike n’est pas responsable de la perturbation de la réponse immunitaire de type interféron. Ce sont des amalgames qui font oublier que le virus a une batterie d’autres protéines qui ne s’expriment que quand le virus est entré dans la cellule et qui, elles, vont perturber la réponse immunitaire. La réponse immunitaire est perturbée par des protéines virales et leur réplication. Elle la perturbe en empêchant les cellules de prévenir qu’elles sont infectées. Cela entraîne une lymphopénie, c’est-à-dire une chute des lymphocytes. Sauf que les protéines responsables ne sont pas présentes dans le vaccin. Le vaccin contient l’ARN codant pour Spike, un peu de sel et des lipides. C’est tout. Il n’y a rien d’autre sur les documents présentés par les fabricants. Aujourd’hui, s’il y a des formes graves c’est parce que le retard dans la réponse immunitaire a été tel que le virus a fait trop de dommages au niveau de l’épithélium et de l’endothélium. Ce fil, comme d’autres, est rempli d’amalgame et le déminer prend du temps. La fonction des protéines virales est très bien documentée et on sait laquelle fait quoi mais ce n’est pas ce que recherchent les antivax qui veulent associer la protéine Spike aux effets nocifs, car c’est la seule dans le vaccin.

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