L’aéroport de Francfort est le premier en Europe à généraliser l’utilisation de la reconnaissance faciale de l’enregistrement à l’embarquement. Un mouvement qui ne fait que commencer. Source : www.lesechos.fr, par Par Bruno Trévidic


Légende photo : A Francfort, tous les passagers de Lufthansa et ses partenaires pourront franchir les contrôles sans carte d’embarquement ni pièce d’identité. (Helmut Fricke / Zuma Press / REA)


A l’aéroport de Francfort, le visage peut désormais remplacer la carte d’embarquement et la pièce d’identité. Après des années de test, le plus grand aéroport d’Allemagne a en effet décidé de généraliser l’utilisation de la reconnaissance faciale pour l’ensemble des passagers et des compagnies aériennes. Une première en Europe à l’échelle d’un aéroport de cette importance, qui ouvre la voie à la généralisation des technologies biométriques dans les aéroports.

La reconnaissance faciale a déjà fait l’objet de plusieurs expérimentations en Europe, notamment à Roissy-CDG . Mais c’est la première fois qu’un des plus grands aéroports européens passe à l’échelle industrielle, avec l’installation de 175 points de passage biométriques, allant de l’enregistrement à l’embarquement, en passant par la dépose des bagages et même les achats aux boutiques hors taxes.

Une première en Europe

« A compter de ce jeudi, tous les vols de Lufthansa et de ses partenaires de la Star Alliance seront éligibles à ce parcours entièrement biométrique, explique Sergio Colella, le président de Sita Europe , numéro un mondial des technologies aéroportuaires, qui a conçu ce dispositif. Il suffira pour cela de s’être enregistré au préalable dans le système, sur son téléphone ou à l’aéroport. Mais l’aéroport de Francfort, qui a investi plusieurs millions d’euros dans ce dispositif, prévoit d’en faire bénéficier tous les passagers de toutes les compagnies, qui en feront la demande », souligne-t-il.

A terme, 40 % à 50 % des passagers de l’aéroport de Francfort qui le souhaitent pourraient ainsi voyager sans carte d’embarquement, ni passeport. Il leur suffira de regarder un écran pendant quelques secondes, pour que toutes les portes s’ouvrent devant eux. Couplés au déploiement de nouveaux scanners permettant de contrôler le contenu des bagages de cabine sans avoir à sortir les appareils électroniques ni les liquides, ces portiques biométriques pourraient résoudre bien des problèmes d’engorgement dans les aéroports.

Un gain de temps et d’argent

« En moyenne, les contrôles biométriques permettent de réduire le temps de parcours du passager d’environ 30 %, avec un taux de satisfaction qui atteint 75 %, assure le patron de SITA. Pour les aéroports, cela permet d’augmenter la capacité des infrastructures existantes et de remédier au problème structurel du manque de personnel », ajoute-t-il.

Seule exception, mais elle est de taille : les contrôles aux frontières des vols internationaux pour lesquels où il faudra encore sortir le passeport. « Aucun pays n’autorise encore la reconnaissance biométrique pour franchir la frontière, explique le patron de Sita. Mais là aussi, des expérimentations sont en cours. Et même s’il reste encore beaucoup de travail pour mettre en place une identité numérique, on devrait y parvenir y parvenir avant la fin de la décennie », assure-t-il.

Un marché en devenir

D’ici là, Sita espère bien que l’exemple de Francfort aura convaincu les autres grands aéroports européens de basculer à leur tour dans l’ère de la biométrie. Avant Francfort, deux autres aéroports asiatiques – Pékin et Singapour – avaient déjà généralisé les contrôles biométriques.

En France, des tests sont en cours à Roissy-CDG et à l’aéroport de Lyon, attentivement suivis par l’Aviation civile pour l’aspect technique et par la CNIL, pour tout ce qui concerne l’utilisation des données. Les résultats de ces tests semblent tout à fait concluants, avec un taux de satisfaction de 4,5 sur 5 à Lyon et un gain de temps de 50 % sur le parcours du passager. La marge d’erreur de ces machines, de l’ordre de 0,01 %, serait même inférieure à celui des contrôles humains.

« Ce marché de la biométrie en aéroport est considérable, estime Sergio Colella. Pour l’heure, beaucoup d’aéroports sont encore au stade de l’expérimentation, mais les technologies ont fait leurs preuves et nous pensons que d’ici à 5 ans, la moitié des grands aéroports européens en seront équipés ».

Bruno Trévidic

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