Avoir un avion neutre en carbone va bientôt devenir une réalité. Le patron d’Airbus annonce ce lundi 21 septembre tabler sur 2035 pour produire le premier avion à hydrogène, capable de transporter jusqu’à 200 passagers sur 3 500 kilomètres. Reste à décarboner sa production, alors que la majorité de l’hydrogène est produite aujourd’hui à partir d’énergies fossiles.
Le constructeur européen a pour ambition de devenir le premier au monde à produire un avion à hydrogène en 2035, avec un potentiel de réduction des émissions de 50 %. Le développement d’un avion décarboné à hydrogène constitue ainsi un “axe stratégique prioritaire” d’Airbus, explique son président exécutif Guillaume Faury dans un entretien au Parisien ce lundi 21 septembre. “Développer un avion décarboné ne nécessite pas de rupture technologique majeure”, estime-t-il, en rappelant qu’Airbus a déjà recours à la propulsion à hydrogène pour ses satellites et la fusée Ariane.
Le choix et le développement des technologies prendront cinq ans, puis deux pour les fournisseurs et sites industriels, selon lui. “Donc, la mise en programme est prévue aux environs de 2028. Notre ambition est d’être le premier constructeur à mettre en service un tel appareil en 2035”, détaille encore Guillaume Faury. Ce calendrier correspond à l’objectif d’un “avion neutre en carbone”, lancé début juin par le gouvernement français, qui a prévu d’y consacrer 1,5 milliard d’euros d’ici à 2022 dans le cadre de son plan de soutien au secteur aéronautique mis à mal par la crise due au coronavirus.
Faire plus de 3 500 kilomètres
Airbus a préparé trois concepts. Le premier “est un avion de configuration classique pouvant aller jusqu’à 200 places avec un rayon d’action permettant de faire plus de 3 500 kilomètres”, ce qui correspond à un vol Paris-Le Caire. Le réservoir, cylindrique, d’hydrogène liquide serait logé à l’intérieur du fuselage dans la partie arrière de l’appareil. “Le second sera un avion à hélice, pouvant embarquer environ 100 passagers, pour des trajets plus courts” tandis que “le troisième est plus disruptif”. Il s’agit d’une “aile volante d’environ 200 places qui permet d’étudier une configuration complètement différente pour le stockage de l’hydrogène et la propulsion”.
Au-delà des développements techniques, le cadre réglementaire doit nécessairement évoluer d’ici là pour autoriser l’utilisation de l’hydrogène dans les avions commerciaux, rappelle Guillaume Faury. “Il faudra également que les infrastructures dans les aéroports soient prêtes et que l’hydrogène vert (produit à partir d’énergies renouvelables, ndr) soit disponible en grande quantité”, plaide-t-il. Aujourd’hui, 80 % de l’hydrogène est d’origine fossile, sa production est donc très polluante.
L’hydrogène est l’un des grands gagnants du plan de relance. Il sera soutenu à hauteur de plus de sept milliards d’euros sur dix ans. Il s’agit de faire émerger une filière française de l’électrolyse, décarboner l’industrie et la mobilité lourde, et créer un projet commun européen avec l’Allemagne, “un airbus de l’hydrogène”, pour soutenir l’industrialisation et le développement de démonstrateurs. L’objectif est l’installation de 6,5 gigawatts d’électrolyseurs en 2030. Entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects en France doivent aussi être créés.
Concepcion Alvarez @conce1, avec AFP