Présent à Nantes, Jean Remy Villageois, le directeur du Grand Port de la Martinique, s’est rendu aux Assises de l’économie de la mer, ce mardi 28 novembre, pour participer à une conférence à propos du trafic de drogue dans les ports Maritime. A présent, il se penche sur le rôle du port de la Martinique, en termes de stratégie de souveraineté maritime.

Dans l’économie de la mer Français, que représentent les ports maritimes de l’Outre-Mers, de façon stratégique ?

En partie grâce aux départements d’Outre-Mers, la France peut prétendre être la deuxième puissance maritime mondiale. Les grands ports de nos territoires y sont pour quelque chose. Ce sont des éléments clés. Contrairement aux ports continentaux, les ports établis sur des îles offrent plusieurs voies d’entrées. C’est ce qui fait principalement leur intérêt stratégique, ils permettent ainsi une meilleure gestion. Pour les ports antillais c’est aussi un moyen d’ouvrir les territoires ultramarins à leur environnement proche. Aujourd’hui, on est présent aux assises de la mer car elles se focalisent sur les thématiques de souveraineté, c’est donc ça pour moi qui justifie notre présence ici. Nos ports sont engagés dans un contexte chargé et complexe.

En quoi la Martinique se distingue-t-elle des autres départements d’Outre-Mer?

La Guadeloupe et la Martinique jouent un rôle clé en tant que portes d’entrée vers l’environnement. Pour ces deux îles, le port sert de pivot entre les stratégies nationale et territoriale. La stratégie territoriale vise à développer un port moderne, non seulement pour répondre aux besoins du commerce traditionnel, mais surtout pour établir une influence régionale. Le port de Martinique est le point de transit pour de nombreux commerçants, ce qui offre aux autres régions la possibilité de s’approvisionner via des lignes maritimes régulières particulièrement puissantes. Cela se traduit par des prix compétitifs, profitant de la solidité des liaisons entre l’Europe et la Martinique.

Concernant le port de la Martinique, quel bilan pourriez-vous faire sur l’ensemble de l’année 2023 ?

Pour le bilan du port de la Martinique en 2023, nous constatons des résultats extrêmement positifs malgré un contexte mondial difficile. Contrairement à de nombreux autres ports, nous avons enregistré une augmentation du trafic, même en tenant compte des annulations d’escales et de la réduction de l’activité des consommateurs due au contexte mondial actuel. Alors que le monde fait face à une moyenne de 8 % d’annulations d’escales, la Martinique se distingue en tirant son épingle du jeu, notamment grâce à la robustesse du trafic de conteneurs et à l’augmentation significative du transbordement. Sur le plan passager, le trafic de bord a également connu une augmentation, soutenu par une position géographique avantageuse. Tous nos secteurs d’activité sont relativement ouverts, ce qui est une situation rare. Bref pour résumer, c’est une bonne année pour notre port.

Avez-vous des projets afin de permettre à ce port d’évoluer en 2024 ?

Premièrement nous lancerons un projet de “Smart Grid” (Réseau électrique intelligent), pour l’année 2024. Cette initiative majeure aspire à métamorphoser le terminal portuaire en intégrant une infrastructure photovoltaïque novatrice, accompagnée d’un système de stockage et d’un réseau électrique intelligent. Ce projet, axé sur la création d’un réseau intelligent et électrique, contribuera à consolider notre position dans les domaines de l’efficacité énergétique et de la durabilité.  Le deuxième projet concerne le début des travaux d’extension du terminal conteneur. Il représente un investissement d’un total significatif de 100 millions d’euros.

Lors de la conférence, vous avez parlé de la mise en place de système de lutte contre les trafics de drogue. Pouvez-vous donner un exemple de solution que vous pourriez avoir en tête ?

Il faut savoir que le rôle d’un port c’est d’être à la disposition des services de l’Etat, qui eux, lutte contre le narco-traffic. L’ensemble des acteurs portuaires coopère donc avec ces services de l’Etat. C’est eux qui font la mission. Notre préoccupation première est de protéger nos salariés.

Vous aviez dit que le port est principalement au service de son territoire. Dans l’intérêt de la France, est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

La France s’est édifiée autour de ses ports et de ses fleuves, qui offrent des voies d’accès vers le large et constituent des frontières essentielles. Les ports maritimes sont des centres propices à la projection et au commerce, tandis que les fleuves irriguent les territoires. Historiquement, les fleuves ont été les premières voies de circulation, et de nombreuses grandes villes se sont développées le long de ces cours d’eau. L’importance des ports ne se limite pas à une logique régionale ou nationale, car lorsqu’un port dessert son territoire, il contribue en réalité à l’essor de l’arrière-pays et, par extension, de la France.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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