Vendredi 25 novembre se tenait dans l’enceinte du Grand Carbet un grand rassemblement de plus de 600 personnes, autour du projet de Ferme Songhaï et de son concepteur, le Pr Godfrey Nzamujo. La venue du Pr Nzamujo faisait suite à son passage récent en Guadeloupe au mois de mai dernier, à l’initiative de Agape Guadeloupe et de l’association Eco-Vision, traduisant son engagement à partager ses connaissances avec ses frères et sœurs de la Caraïbe.

La séance a été animée par Monette Marie-Louise (Consultante indépendante MLM-Concept et Doctorante en Sociologie-Démographie à l’Université des Antilles) à l’initiative de la visite du Pr Nzamujo en Martinique, et Harry Ozier-Lafontaine (Chercheur à INRAE & membre de l’Académie d’Agriculture de France).

Philippe Pied -Directeur d’Antilla et Président de 3 ED, association organisatrice de la conférence avec ses partenaires VALORA, ANTILLA, AIR RANCE et l’ADEME- a ouvert la séance en pointant l’urgence de développer d’autres modèles plus vertueux pour la Planète et pour ses populations : comment répondre conjointement aux enjeux de la sécurité alimentaire, de l’adaptation au changement climatique et de la transition écologique et socio-économique en milieu insulaire ?

Plusieurs témoignages sont venus étayer la volonté de proposer d’autres voies pour un développement durable en Martinique, avec les interventions :

– D’hommes d’église : Monseigneur Macaire depuis la Ferme Songhaï au Bénin, et le Père Anderson de la Pastorale-Sociétale ;

– D’une élue de la Martinique, Mme Annick Cormier, la Maire de Fond Saint-Denis engagée dans le projet Songhaï tropicalisé « ANLOT JADEN POU LIMANITE » ;

– De deux professionnels, M. Malike Malsa, agriculteur bio, secrétaire général du Groupement Régional des Agriculteurs bio , président du Jardin de la Santé, concepteur et dirigeant de Lokal Bio Food, suivi de Arjuna Sulty, formateur consultant en bambou matériaux, filières locales, habitats bioclimatiques en bambou et construction en terre, traitement naturel des fibres végétales et biopolymères et argile.

Le modèle Songhaï a été ensuite amplement décrit et développé par le Pr Godfrey Nzamujo qui a souligné les principes qui sous-tendent la viabilité et les performances du système Songhaï, à savoir, i) la valorisation de la biodiversité à travers trois pôles complémentaires -ateliers végétaux, animaux et piscicoles, en soulignant le potentiel du microbiote, insuffisamment valorisé, pour engager une 3ème révolution verte, ii) l’inclusion de la production agricole dans une chaîne de valeur beaucoup plus complète intégrant simultanément le secteur primaire (production), le secteur secondaire (transformation), et le secteur tertiaire (marketing, commercialisation), dans une vision de multifonctionnalité de l’agriculture (ouverture à d’autres champs, qu’il s’agisse de la formation via le Diplôme Songhaï, de l’accueil et de la restauration (tourisme à la ferme), de la promotion (séminaires et conférences). Le modèle Songhaï a séduit plus de 30 pays en Afrique où des sites pilotes ont été implémentés, et aujourd’hui connaît un rayonnement international.

Une discussion très nourrie a suivi l’ensemble des interventions, montrant tout l’intérêt de la démarche de sensibilisation engagée, sous-tendue par la nécessité de ne pas en rester là, et de passer des concepts à l’action avec comme sources d’inspiration, le modèle Songhaï, certes, mais aussi notre archétype local, le jardin créole, pour faire éclore une autre dynamique beaucoup plus vertueuse, tant sur le plan environnemental que social et économique en Martinique.

La séance a été introduite et conclue par la prestation remarquable du conteur Valer’ Egouy, directeur artistique de l’association Martinique Images, conférant une note « péyi » épicée, saluée par le public.

En conclusion, on peut, sans détours, saluer l’organisation magnifique mise en œuvre pour sensibiliser le grand public au nouveau paradigme d’une révolution agricole et alimentaire sur fond d’agroécologie et de bioéconomie. Gageons que l’émotion et les volontés affichées se traduisent par des actions concrètes sur le terrain avec plusieurs communes déjà candidates, Fond Saint-Denis, le Prêcheur et le Gros-Morne, pour accompagner des projets novateurs.

Harry Ozier-Lafontaine (Chercheur à INRAE & membre de l’Académie d’Agriculture de France) et Monette Marie-Louise (Consultante indépendante MLM-Concept et Doctorante en Sociologie-Démographie à l’Université des Antilles)

 

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version