En associant recyclage des déchets organiques et semences sur foin, la fanéoculture ouvre la voie à un nouveau modèle d’agriculture plus respectueux de l’environnement et économe en ressources en eau.

Le 18 mai 2022, France Nature Environnement alertait sur l’accroissement des surfaces irriguées en France : une augmentation de 14 % entre 2010 et 2020. Une hausse de plus de 77 % dans les Hauts-de-France. Le modèle agricole doit être repensé pour répondre aux tensions en eau et anticiper les sécheresses. La fanéoculture, une technique agricole nouvelle, émerge lentement comme solution prometteuse pour l’agriculture sans eau. Similaire au mulching, une culture sur gazon ou paillis, elle permet une meilleure rétention et redirection de l’eau vers les sols et un apport en nutriments sans recours aux pesticides.

Peu d’eau et peu d’entretien

Sans entretien pendant une partie de l’année, la culture sur foin combinée aux déchets organiques et végétaux fournissent l’humidité et les nutriments nécessaires aux cultures. Contrairement aux méthodes conventionnelles d’irrigation qui consomment d’importantes quantités d’eau, la fanéoculture ne nécessite qu’un apport minimal au moment du semis. Tout au long de l’année, le couvert de foin, excellent rétenteur d’eau, renferme l’humidité dans les sols, de sorte que, les plantations ne demandent qu’une faible irrigation.

Le foin, les déchets organiques, tels que les restes de légumes, les feuilles mortes et les tontes de gazon sont collectés. Le paillage est ensuite placé autour des racines des plantes, entassées à partir de septembre sur 40 centimètres environ, constituant ainsi un milieu humide et riche en nutriments. La culture de salades, pourtant gourmandes en eau en été, est même possible avec ce type de maraîchage.

Pour une meilleure résilience des sols

La faune microbienne présente dans le mélange décompose les déchets organiques et libère des nutriments essentiels pour les plantes tout au long de la saison. Le processus de décomposition génèrent de la chaleur, ce qui crée un micro-climat favorable à la croissance des cultures, résistant aux périodes de gel et de froid.

À partir d’avril, quand la période des semis est lancée, les maraîchers n’écartent que le foin pour y planter la semence. Les sols ne sont pas labourés laissant la place aux racines de se déployer largement et chercher l’eau dans le sol. La structure du sol n’étant pas détruite, les terres deviennent imperméables aux extrêmes climatiques et au ruissellement, et sont donc plus résilients .

La fanéoculture, facilitateur de la valorisation des déchets

Outre ses avantages en matière d’économie d’eau, la fanéoculture contribue également à la réduction des déchets organiques en limitant les quantités envoyées vers les sites d’enfouissement. La valorisation de la matière organique et végétal en nutriments naturels offre une alternative écologique à l’utilisation de fertilisants chimiques. Une technique agricole qui commence à faire ses preuves sur de micro-exploitations maraîchères et des jardins individuels. Reste à savoir si la technique peut s’étendre à de plus vastes surfaces pour des rendements supérieurs à l’agriculture intensive.

En 2019, 58 % de la consommation d’eau douce était dirigée vers l’agriculture, selon l’INRAE. L’agriculture est l’un des premiers leviers de lutte contre le changement climatiquemais aussi l’un des secteurs les plus affectés, en particulier par les sécheresses. Imaginer des alternatives à l’irrigation devient un besoin pressant pour prévenir les stress hydriques.

SOURCE : www.linfodurable.fr – PHOTO : © Mitch Fox / Unsplash 

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