Le temps de l’enquête est venu. | John Moore / Getty Images via AFP

L’application disparaît des plateformes.


Thomas Burgel pour Korii


Il est étonnant de constater à quel point les géants de la tech peuvent agir rapidement lorsqu’ils le souhaitent.

Twitter, Facebook, mais aussi Google ou Amazon, pour ne citer qu’eux, ont passé des années à tourner autour du concept de free speech, à hésiter sur la posture à adopter face à la prolifération des contenus haineux, à n’effectuer qu’une modération a minima et à géométrie variable.

Ce temps semble terminé. Les grandes entreprises du secteur ont semble-t-il pris la mesure du danger, de l’urgence ou, plus prosaïquement, de la menace sur leur économie et ont décidé de taper du poing sur la table –d’une manière qui soulève bien d’autres questions, complexes, sur leur pouvoir et sur une éventuelle régulation de leur activité par les États.

C’est ainsi qu’après le coup de balais des derniers jours sur les réseaux grand public, Twitter et Facebook, c’est au tour de Parler, refuge de l’alt-right, de se retrouver sous le feu.

Le premier coup dur a été porté par Apple et par Google, qui ont décidé de retirer l’application de leurs boutiques respectives tant que ses dirigeants ne mettraient pas en place une politique de surveillance et de modération plus ferme.

Le second coup vient d’Amazon et de son service d’hébergement AWS et fut le plus radical: la firme de Jeff Bezos a tout simplement décidé de bannir Parler de son cloud, ce qui de facto l’a rendue inopérante.

Les crimes et leurs preuves

La plateforme, explique son fondateur John Matze, cherche désormais un nouvel hébergeur moins regardant mais pourrait être hors service pour une semaine au minimum –ce qui nous mènera à la veille de la prise de fonction de Joe Biden.

En parallèle, Matze a décidé d’attaquer Amazon en justice. «La décision d’AWS de mettre fin au compte de Parler est à l’évidence menée par un animus politique, explique la plainte. Elle est également destinée à réduire la concurrence sur le marché des services de microblogging, au bénéfice de Twitter.»

Cette dernière partie est inexacte. Chassées des réseaux, l’alt-right ou la mouvance Qanon ne remigrent bien sûr pas en masse vers Twitter, plateforme qu’elles abhorrent et qu’elle accusent, comme Donald Trump, d’un «biais libéral» (de gauche) et sur laquelle elles ne sont de toute façon plus tolérées.

La fermeture de Parler par Amazon ne fait que déplacer la masse, ce sont d’autres applications et services, MeWe ou Gab notamment, qui accueillent désormais l’ire de l’alt-right, des mouvements pro-Trump et des complotistes de tout poil.

Mais cette mouvance a laissé des traces derrière elle. Les autorités américaines font appel aux plateformes pour qu’elles sauvegardent tous les contenus pouvant les aider dans les enquêtes criminelles lancées après le coup de force de Washington.

Une chercheuse-hackeuse a devancé leur appel. Connue sous le sobriquet Twitter de crash override, elle affirme avoir réussi à archiver la quasi-totalité des contenus postés sur Parler, appels au meurtre ou à la sédition compris.

Comme le note Techcrunch, ces données désormais stockées sur Internet Archive constituent une mine d’or pour les enquêteurs –ou, plus tard, les historiens. C’est d’autant plus vrai que les photos et vidéos postées sur Parler sont accompagnées de métadonnées complètes, géolocalisation incluse, rendant l’identification de leurs auteurs beaucoup plus simple.

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