Retour sur la manifestation du 10 décembre dernier, relative au très probable non-lieu qui sera décidé dans le scandaleux « dossier » du chlordécone.

Peu avant 8 heures du matin ce samedi 10 décembre, le possible millier de personnes revendiquant, il y a sept mois dans le bourg du Lamentin, était très probablement présent dans nombre de mémoires. Pourquoi cette présence quasi certaine ? Car en comparaison des 10.000 à 15.000 martiniquais.e.s mobilisé.es le 27 février 2021, ce millier de manifestant.e.s – et ce 14 mois après – avait profondément déçu et interpellé, notamment les personnes ayant revendiqué le 28 mai 2022. Mais dès 9 heures, ce 10 décembre de la même année, les possibles derniers espoirs d’une mobilisation conséquente achevèrent de s’effondrer : l’histoire (la petite) allait donc être la même, et peut-être pire, que sept mois en amont. La réalité est depuis connue : possiblement un millier de personnes dans les rues du centre-ville de Fort-de-France. Un nombre qui résonne très amèrement. De nouveau. Quant aux présent.es ce 10 décembre ? La même sincérité, manifeste, dans les mots farouchement chantés, scandés et brandis, notamment devant la préfecture. Avant que chacun.e ne quitte les lieux, possiblement habité.e par une diversité de sentiments – forcément contradictoires – nés de cette poignée d’heures de mobilisation.

Alors pourquoi une telle continuité dans cette chute en manifestant.e.s ? Pourquoi une telle démobilisation, à la vertigineuse rapidité entre février 2021 et « aujourd’hui » ? Mais comment, de toute façon, répondre précisément à ces légitimes interrogations ? Alors bien sûr, d’autres mots – aux accents d’anathème – ont resurgi et crépité depuis samedi dernier : irresponsabilité, hédonisme pathétique, ignorance, bêtise, soumission, etc. A contrario, des voix se sont faites compréhensives, indulgentes sinon empathiques. Un exemple ? Cette procédure judiciaire scandaleusement et « spectaculairement » longue – 15 ans ! – aurait anchouké la conviction, en une majorité de martiniquais.es, que quel que soit le degré de brûlure de l’injustice et du crime, ce sont toujours les puissants – en l’occurrence pouvoirs étatiques et latifundistes béké identifiés – qui gagnent « à la fin »… . Cette certitude, possiblement massive, ira-t-elle un jour en diminuant à son tour ? En tout cas, l’architecture et le « scénario » inhérents au traitement judiciaire du scandale du chlordécone dans notre péyi, n’en montre toujours aucun signe. Loin s’en faut. Prochain épisode : l’annonce (officielle) de ce non-lieu. Sera-ce là l’étincelle ?

Mike Irasque

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