Vu sur novethic.fr – Alors que les émissions carbone ne cessent d’augmenter, une initiative imaginée par la coalition Climate Trace vient apporter un nouvel éclairage sur les sites et les secteurs les plus polluants. Répertoriant des dizaines de milliers de données sur une seule et unique carte, ce nouvel outil accessible gratuitement a été salué lors de la COP27 en Égypte.

Si une image vaut mille mots, quoi de mieux qu’une carte pour prendre conscience en un clin d’œil de la pollution liée aux émissions carbone dans le monde ? C’est tout l’objectif de Climate Trace, qui met gratuitement à disposition les données relatives aux émissions de gaz à effet de serre de plus de 72 000 sources dans le monde. Menée par l’ancien vice-président des États-Unis, Al Gore, et lancée en 2020 par une coalition composée d’ONG, de chercheurs et de spécialistes de l’intelligence artificielle, l’initiative s’appuie sur 11 100 capteurs aériens, terrestres et maritimes et 300 satellites pour réaliser les mesures.

L’inventaire qui en découle – le plus vaste qui existe à ce jour – permet de visualiser les émissions de CO2 liées notamment à la production d’électricité, de pétrole et de gaz, au transport, à l’exploitation minière ou encore à l’agriculture, sous la forme d’un planisphère interactif. Un système de filtres permet ensuite de mettre en regard les données par source individuelle, pays et secteur. Présenté officiellement à l’occasion de la COP27, Climate Trace a également publié le 9 novembre dernier un communiqué aux conclusions alarmantes.

Les champs pétroliers et gaziers sur le podium des sites les plus émetteurs

Selon la coalition, si les 500 premières sources répertoriées par Climate Trace représentent moins de 1 % de l’inventaire total, elles sont en revanche responsables de 14 % des émissions mondiales en 2021, soit plus que les émissions annuelles des États-Unis. Des résultats qui mettent en lumière le rôle disproportionné que joue une poignée de sites individuels sur la pollution à l’échelle de la planète.

On y apprend également que les champs pétroliers et gaziers représentent la moitié des 50 plus grandes sources d’émissions de gaz à effet de serre. En parcourant la carte, on peut en effet découvrir le classement des installations les plus polluantes, trusté par les activités liées aux énergies fossiles. La première place est ainsi décernée au bassin de pétrole de schiste de Permian, à l’ouest du Texas (États-Unis), dont les émissions avoisinaient les 208 millions de tonnes équivalent CO2 en 2021.

Le secteur est par ailleurs particulièrement pointé du doigt dans le communiqué qui souligne la sous-estimation des émissions carbone liées à l’exploitation des énergies fossiles. D’après les données de Climate Trace, ces dernières seraient trois fois supérieures aux émissions déclarées. En cause, les exigences limitées en matière de déclaration, la pratique du torchage ou encore les fuites de gaz, précisent les auteurs.

“Climate Trace ouvre une ère de transparence radicale pour le suivi des émissions”

“Cela devrait être un cri d’alarme pour les gouvernements et le secteur financier, surtout ceux qui continuent d’investir et d’encourager la pollution par les combustibles fossiles,” a déclaré António Guterres, lors de la COP27. Le secrétaire général des Nations Unies a salué l’initiative menée par Climate Trace, soulignant sur Twitter le rôle qu’elle pourrait tenir dans la lutte contre le “greenwashing”.

Véritable outil de sensibilisation, il offre également un levier de décision pour les décideurs du monde entier, estime Al Gore dans un communiqué : “Ce niveau de granularité signifie que nous disposons enfin de données qui nous permettent d’agir de façon décisive (…), de prioriser les efforts pour réaliser une réduction profonde des gaz à effet de serre nécessaire pour éviter les impacts les plus catastrophiques de la crise climatique.”

La mise en ligne de Climate Trace coïncide par ailleurs avec la publication du dernier rapport du Global Carbon Project. Selon les estimations de ce consortium international, les émissions mondiales de CO2 continuent d’augmenter en 2022. Elles devraient atteindre cette année 40,5 milliards de tonnes de CO2.

Florine Morestin

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