L’intelligence artificielle peut détecter les émotions, vérifier le degré d’attention ou le nombre de mots prononcés.


Depuis le confinement, les réunions Zoom et les conférences Skypes’enchaînent. Sauf qu’une réunion par écran interposé, ce n’est pas tout à fait pareil que celles qui ont lieu dans un bureau physique. Comment vérifier que certains n’en profitent pas pour répondre en douce à leurs messages personnels, se commander une pizza ou regarder une vidéo de chat sur Facebook?

Des start-up ont récemment fait leur apparition en promettant «d’optimiser» les réunions virtuelles à grand renfort d’intelligence artificielle. Macro offre ainsi une interface collaborative pour les réunions Zoom afin de partager des documents ou de prendre des notes virtuelles. Mmhmm crée des slides «immersives» et Fireflies enregistre les conversations puis retranscrit celles-ci, ce qui permet d’effectuer des recherches sur les contenus.

Mais certaines start-up vont encore plus loin, jusqu’à proposer des outils à la limite du flicage. Headroom, une plateforme de vidéo, permet ainsi de synthétiser une réunion en compte rendu digeste, additionné de mots-clés, de dates, des sujets abordés ainsi que des principales lignes directrices. Ce faisant, elle décompte le nombre de mots prononcés par chaque participant, et mesure même le «degré d’attention» de chacun en captant la température de la pièce.

L’application propose également d’interpréter le «langage corporel» des participants à renfort d’émoticônes. «L’un des problèmes des vidéoconférences est qu’on ne peut pas signaler à quelqu’un qu’on apprécie ce qu’il est en train de dire par exemple», explique Julian Green, le fondateur de Headroom, au magazine Wired.

Chaque haussement de sourcil ou pupille un peu trop dilatée donne lieu à la création d’une donnée qui est transformée en «émotion»: satisfaction, tristesse, ennui ou confusion.

Modification du comportement

Headroom n’est d’ailleurs pas la seule start-up à s’intéresser au décryptage des émotions via l’intelligence artificielle. De jeunes pousses spécialisées dans le recrutement en ligne en font également leur miel, comme HireVue, qui produit un score d’«employabilité» basé sur les mouvements du visage et le ton de la voix.

Si tout cela part d’une bonne intention (améliorer la qualité des réunions virtuelles), les dérives possibles sont nombreuses. Outre un flicage permanent et stressant, ces logiciels peuvent induire un biais de comportement à la longue, les participants modifiant leur attitude naturelle pour coller aux attentes du logiciel.

Lever les mains fréquemment est ainsi perçu comme un signe de participation active lors de réunions, même si au final ce n’est pas pour prendre la parole, note une chercheuse interrogée par Wired. Pas sûr qu’en ajoutant encore plus d’automatisation dans les réunions virtuelles celles-ci deviennent plus humaines

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