La photo: Dans la province du Yunnan au sud-ouest de la Chine, les forêts, autrefois abondantes, n’occupent plus que 10 % des sols.
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Les zoonoses ont-elles augmenté ces dernières années ? Et qu’en est-il des contacts entre humains et faune sauvage ? Quel lien existe-t-il avec le changement climatique, la déforestation ou encore l’urbanisation ? C’est à toutes ces questions qu’a cherché à répondre la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), sur commande du gouvernement. Ces conclusions ont été présentées à Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique, le 22 mai, à l’occasion de la journée internationale de la biodiversité.

Pour la Fondation, il existe un consensus au sein de la communauté scientifique sur le constat que la perte de biodiversité augmente le risque de développer des zoonoses, ces maladies qui se transmettent de l’animal à l’Homme. “On observe une augmentation du nombre d’épidémies chez l’humain depuis 50 ans, avec deux à trois nouveaux agents infectieux émergents par an” soulignent les experts. “Cela peut, pour partie, s’expliquer par la multiplication des contacts entre les humains et la faune sauvage.”

Et si l’on manque de connaissances sur le cas particulier du Covid-19, les auteurs estiment qu’”il existe des constats antérieurs de fortes atteintes à la biodiversité, et en particulier à l’intégrité des écosystèmes en Chine, avec des conséquences sur l’état des populations de certaines espèces, dont les chauves-souris.” “On sait que la déforestation est encore en cours dans plusieurs régions chinoises et limitrophes (notamment Vietnam et Laos), où se trouvent les hôtes des virus, pour l’instant présumés, à l’origine du Covid-19 (chauve-souris et pangolins)”, pointe la FRB.

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Des pistes d’action

Pour éviter que ces zoonoses ne se transforment en pandémies, les experts recommandent “la préservation de leur environnement et le moindre dérangement [des espèces non-humaines]” ainsi que “le recours préventif à des gestes barrières évitant ou réduisant leur manipulation au strict nécessaire”. En outre, “plutôt que d’envisager des éradications, les populations humaines, les animaux d’élevage et les animaux de compagnie doivent se tenir à distance des hôtes potentiels de pathogènes pouvant être à l’origine de zoonoses” expliquent-ils.

Selon la FRB, le développement des aires protégées constitue une option à privilégier pour préserver les habitats de la faune sauvage et réduire ses contacts avec les humains. “Dans les aires protégées, le changement d’usage des terres, en particulier la déforestation, pourra être strictement limité et les pénétrations humaines, et les activités associées, y compris les prélèvements de faune, seront réduites. » Une telle démarche doit passer par “le dialogue avec les populations locales, qui peuvent être des acteurs de la protection de la biodiversité, et la prise en compte de leurs savoirs”.

Enfin, la FRB conclut qu’”une meilleure protection de la biodiversité, en particulier dans les pays du sud, ne peut s’envisager et être durable que si les pressions de consommation, notamment d’origine externe (déforestation importée) sont significativement réduites”. La France s’est engagée à mettre fin à la déforestation importée d’ici 2030. Selon le WWF, en cinq ans, ce sont 15 millions d’hectares de forêts qui ont été rasés pour l’importation de sept matières premières critiques (huile de palme, soja, cacao, caoutchouc, pâte à papier, bois et bœuf), dont un tiers dans des pays présentant un risque élevé de déforestation.

Concepcion Alvarez, @conce1

(1) Voir la synthèse publiée par la FRB

 

 

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