En collaboration avec ses homologues de Guadeloupe et de Guyane, la Cellule Economique Régionale de la Construction (CERC) de Martinique a récemment organisé une matinée d’informations techniques, dénommée BatiSolid, sur le thème, crucial pour nos péyi, du renforcement parasismique des constructions. Un événement qui a réuni tous les acteurs concernés par cette urgente problématique – BTP, architectes, services de l’Etat, bailleurs sociaux etc. – et qui se voulait être un « point d’étape » ainsi qu’une synthèse des éléments permettant de dresser des perspectives quant à la rénovation de l’habitat dans nos territoires. Les précisions de Yann Honoré, le président de la CERC-Martinique.

Antilla : Le séminaire de ce jour s’inscrit dans une continuité de réflexions et travaux, non ?

Yann Honoré : Oui, ce séminaire constitue une ‘’phase 2’’. La ‘’phase 1’’ avait connu un vif succès et répondait déjà à la demande du secteur de la construction et du BTP. Il s’agissait de travailler sur cette adaptation des normes tropicales aux Antilles, et c’était non seulement la volonté des professionnel.le.s mais aussi celle de l’Etat, de la CTM et du groupe Action Logement, car on ne peut plus continuer à utiliser certaines normes qui ne correspondent pas du tout à ce que nous vivons tous les jours, où le bâti est sollicité dans des conditions climatiques largement différentes de celles de l’Europe. Les professionnels réalisaient certains travaux et se rendaient compte qu’à la longue ils étaient jugés sur ces travaux, alors que c’était parfois le produit utilisé qui n’était pas conforme à la réalité de nos territoires. Donc il fallait réagir et il y avait une forte volonté de faire ce travail d’adaptation des normes.

La nécessité d’adapter ces normes porte-t-elle essentiellement sur les réalités climatiques spécifiques aux Antilles ?

Cette nécessité porte sur ces réalités climatiques, mais pas uniquement. D’ailleurs le séminaire d’aujourd’hui est le résultat de plus d’une trentaine de groupes de travail, qui ont été menés depuis le début de cette phase 2. Donc il a été important pour nous de se réunir dans le cadre de ce séminaire, afin d’avoir une sorte de restitution du travail fait par les experts, (travail) qui n’a pas uniquement porté sur ces réalités climatiques mais aussi sur le sujet spécifique du parasismique.

« Il y aura toujours des mises à jour nécessaires, à cause du changement climatique et de ses conséquences » 

Où en est-on, très objectivement, de ce « chantier » de l’adaptation des normes et règles de construction ? Avance-t-il dans le sens souhaité par les professionnels du secteur du BTP ? Quel est le point d’étape ?

Nous sommes vraiment dans le calendrier que nous avons souhaité. Et nous avons une forte adhésion des experts et des professionnels car il y a un fort besoin. Alors il y a eu des petits temps de pause suite aux confinements et à la crise sanitaire, avec par conséquent un décalage dans notre planning, mais le rythme est toujours le même. Après cela il y aura toute la partie réglementaire, de façon à mettre à jour l’ensemble de ces documents techniques. Et il y aura ce que nous souhaitons le plus, c’est-à-dire passer à la notion de Guide pratique, de façon à ce qu’on puisse toucher le tout public. Enfin il nous faudra aller dans une démarche plus lointaine, qui est la notion de label, pour vraiment toucher les particuliers. Construire implique des investissements qui sont lourds et il faut donc que les gens qui investissent aient une certaine connaissance, afin de pouvoir bien choisir concernant leurs achats.

La CERC-Martinique s’est-elle fixée un horizon, en termes de calendrier et d’échéance, pour cette étape importante du Guide pratique ?         

On a une durée de 3 ans, donc nous pensons à 2025-2026. Mais tous les acteurs du secteur savent que cette démarche d’adaptation des normes est en constante évolution : il y aura toujours des mises à jour nécessaires, à cause du changement climatique et de ses conséquences. Et il ne faut pas oublier que notre réflexion est aussi caribéenne. En effet nous partageons les mêmes conditions climatique, les mêmes risques et aléas que, par exemple, nos voisins dominiquais et saint-luciens. Donc il faudrait, à un moment donné, apporter ce travail et ces connaissances fournis, et intégrer nos partenaires caribéens. Donc il y a toujours une vision à moyen et à long terme (sourire).

                                                                                      Propos recueillis par Mike Irasque


« Nous avons plus de 10.500 logements en gestion de patrimoine », débute Joris Etienne, directeur du développement et de la maîtrise d’ouvrage à OZANAM, « et ceci avec un aléa sismique plus ou moins développé pour nos résidences qui datent de plusieurs années ; 50% de notre parc est en effet concerné par cet aléa. Donc c’était un devoir pour nous d’être présents à cette Journée sur le parasismique, car ce sont des enjeux très forts pour nous et pour lesquels nous avons la mission de sécuriser les habitants et locataires de notre parc de logements. » Le responsable poursuivre : « Ce type de rencontre est très pertinent car il nous permet, en tant que maître(s) d’ouvrage, de rencontrer à la fois l’Ordre des Architectes, les financeurs, les services de l’Etat etc. Tout le tissu économique martiniquais qui gravite autour du BTP est donc réuni autour d’une problématique, contrainte et perspective qu’est le parasismique. Plus précisément, nous OZANAM sommes en train de nous insérer dans le ‘’Plan Séisme Antilles 3’’, qui s’achève en 2027-2028. Nous avons fait notre programmation sur plusieurs années, afin de coller à ce Plan. » (MI)


 

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