Contact-Entreprises est une association martiniquaise créée il y a 30 ans qui vise à « promouvoir l’image de l’entreprise et des entrepreneurs en Martinique auprès des élus locaux, de l’État et de ses représentants, des journalistes, des salariés, des étudiants, des scolaires et des jeunes, et d’une façon générale auprès de l’opinion publique ». Elle s’attache à valoriser les entreprises présentes sur le territoire et l’esprit d’entreprendre. Les 320 entreprises adhérentes se donnent pour mission de promouvoir, communiquer, éclairer avec un seul objectif : réduire l’écart entre la réalité de l’entreprise et les préjugés persistants afin de libérer le potentiel entrepreneurial martiniquais. A 55 ans, Jean Yves Bonnaire, chef d’entreprise dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, spécialisé en gestion des risques naturels en est le président depuis 2020. Selon lui, Contact Entreprises est un espace d’échange, de partage et surtout une association qui propose et qui génère des idées et les met sur la place publique de manière tout à fait désintéressée.

Quelles sont les entreprises en adhérentes de l’association Contact Entreprises ? En tant que président quelles sont les principales actions de votre mandature ?

L’association compte environ 320 entreprises adhérentes de toutes tailles et de tous secteurs. Tout le tissu économique martiniquais est représenté chez Contact Entreprises, ce qui nous donne la possibilité d’être pertinents dans beaucoup de domaines lorsqu’il s’agit de poser de l’expertise. Nos principaux fils conducteurs pour la mandature du Comité Directeur que j’ai l’honneur de présider, tournent autour de l’actualité de l’entreprise martiniquaise et d’un certain nombre de sujets de fond récurrents. A titre personnel, j’ai souhaité donner plus de relief aux questions de résilience du monde économique face à des menaces très diverses et aussi à la question de l’attractivité. Deux sujets de mon point de vue qui sont intimement liés et sur lesquels nous devons être plus performants.

Pour agir nous nous appuyons beaucoup sur l’implication bénévole de nos adhérents que nous profitons pour remercier et aussi sur le travail remarquable de nos deux permanents, Pascal FARDIN, Délégué Général et Ariane RINNA, Déléguée Exécutive.

Plusieurs associations regroupent des chefs d’entreprise à la Martinique, n’êtes-vous pas concurrentes ?

Pas du tout, même s’il faut reconnaître qu’il y a pu par le passé avoir quelques frictions. J’arrive avec un esprit neuf et ouvert. Nous affirmons haut et fort que nous ne sommes pas une organisation syndicale patronale, ni un réseau d’affaire ; nous avons un profond respect pour les acteurs organisations syndicales patronales partenaires. Ces acteurs sont dans leur rôle, nous restons dans le nôtre ; les acteurs que sont les trois chambres consulaires ont aussi leur rôle à jouer puisque nous avons tous une utilité sur le territoire. Ce qui est important, c’est qu’on puisse avec d’autres associations et d’autres syndicats patronaux échanger très librement, rechercher des positions communes sur des sujets d’importance territoriale. Nous sommes extrêmement ouverts à la coopération et au dialogue avec les autres structures. Nous nous plaçons d’ailleurs souvent au service d’autres organisations qui voient en Contact Entreprises un partenaire utile, notamment en matière de communication sur les sujets intéressant l’entreprise. Nous avons également une vraie expertise en matière d’actions passerelles avec toutes les parties prenantes de l’écosystème local. Mais notre côté « indépendant » est également une composante marquante de notre ADN que nous entendons conserver.

Vous avez édité 5 petits livres bleu, orange, gris, jaune, et dernièrement le vert, est-ce une spécialité, une marque de fabrique ?

Ces petits livres, c’est un peu notre spécialité. Le plus récent est « Martinique Vertueuse », le petit livre vert. C’est un peu le ‘bébé’ du comité directeur précédent puisque c’est Lucie Manuel qui en était la présidente qui a été à la manœuvre. Nous pensons sortir prochainement un autre petit livre, nous avons retenu une thématique qui pourrait en surprendre plus d’un.

La dernière production a été un peu innovante parce qu’elle est issue de 4 ateliers dans lesquels nous avions rassemblé des acteurs sur des thématiques précises. En général ces petits livres étaient rédigés à la suite d’un atelier unique. Là le sujet était vaste, nous étions sur l’économie verte et bleue avec une notion de vertu qui est toujours un sujet délicat à explorer mais la vertu c’était une ambition assumée et un objectif louable pour le territoire et ses acteurs.

Ces livres permettent avant tout de donner la parole aux acteurs territoriaux, notamment aux acteurs économiques sur des sujets qui nous semblent intéressants pour le bien commun et sur lesquels l’entreprise martiniquaise a des choses à dire. Car nous sommes convaincus que l’entreprise a toute sa place dans la structuration et le développement de la société humaine de manière générale, pas simplement dans le développement économique.

Qui peut adhérer à Contact Entreprises ?

Nous sommes ouverts à tous. A partir du moment où un chef d’entreprise a une entreprise qui existe, il peut demander à rejoindre l’association. L’adhérent c’est l’entreprise et elle est libre de désigner son représentant.  Contact Entreprises est une association extrêmement ouverte où chacun à sa place et doit se sentir libre d’exprimer des opinions et de faire des propositions. L’appartenance à une autre organisation patronale n’est bien entendu pas un obstacle, tout au contraire. Il y a en réalité peu d’espaces de liberté aussi reconnus et actifs sur le territoire.

« Nous devons traiter toutes les problématiques territoriales, prégnantes ou émergeantes, et l’entreprise martiniquaise doit apporter des contributions et des solutions, quelles qu’elles soient. »

Pensez-vous que cette crise Covid a été aussi une opportunité pour les chefs d’entreprise ?

Je crois profondément qu’il y aura un avant et un après. La crise dont nous essayons d’émerger est violente avec des pertes de citoyens martiniquais et des situations humaines dramatiques mais nous voyons aussi des entreprises en très grande difficulté, surtout dans les secteurs comme l’événementiel, l’hôtellerie et la restauration et les activités connexes à ces secteurs. Derrière ces entreprises personnes morales il y a des chefs d’entreprises et des salariés qui souffrent.

D’un autre côté, la sévérité et la durée exceptionnelle de la crise nous ont obligé à être plus actifs qu’auparavant surtout vis à vis de secteurs qui se sont retrouvés dans la vraie difficulté. Les chefs d’entreprise sont très inquiets par rapport à l’avenir et face aux difficultés de toutes sortes qui persistent, et nous sommes sur certains sujets loin d’en être sortis. De ce contexte, l’association a eu un rôle supplémentaire de circonstance à jouer, et cela s’est traduit par beaucoup d’accompagnement, des vidéos d’experts, des webinaires organisés. C’était un peu nouveau mais lié à la période et cela a été nécessaire pour apporter à notre niveau, comme d’autres l’ont fait, des réponses aux acteurs économiques.

“Mais nous voyons aussi des acteurs économiques qui résistent bien et qui performent dans la crise.”

Cette crise nous a clairement donné une flexibilité interne que n’avions pas avant. Nos réunions de bureau consultatif se déroulent encore en mode hybride même si nous avons toujours plaisir à nous retrouver pour travailler. Que va-t-on garder de cette crise covid ? Je ne peux encore le dire. Je ne suis pas sûr que ce soit un moment d’accélération ou de transformation profonde de la Martinique. Nous sommes sur un territoire finalement plutôt conservateur, à tous les niveaux. Nous sommes aujourd’hui plutôt tous positionnés sur la défense d’acquis et la défense de prés carrés. Je ne parle pas seulement du monde économique. Étendons ce constat à la fonction publique, à la sphère politique, aux syndicats d’ouvriers et de salariés, nous sommes tous beaucoup centrés sur la défense d’acquis et nous avons du mal à nous projeter vers quelque chose d’autre qu’il faudrait co-construire en pensant parfois « hors de la boite ». Pendant longtemps je pense que le territoire a été dans la conquête, dans la recherche du progrès, surtout après la deuxième guerre mondiale. Nous étions c’est vrai très en retard de développement dans beaucoup de domaines. Je ne peux pas dire à quel moment nous sommes passés de l’envie collective de bâtir ensemble à la peur individuelle ou corporatiste de perdre ce que nous avions péniblement conquis. Ce moment de bascule n’a pas été anticipé et cela ne nous a pas fait du bien. Les plus jeunes générations sont sans doute encore guidées par cette soif de conquête tous azimuts avec un terrain de jeu qui s’est parfois étendu à la planète entière dans certains domaines comme pour le numérique par exemple. Ces plus jeunes générations de martiniquais ne comprennent pas toujours là où nous voulons conduire le pays.  Cette incompréhension explique sans doute les difficultés que nous rencontrons dans nos recrutements et dans la création d’entreprises. Ces difficultés sont structurelles, mais la crise covid les a sans doute mises en lumière et en perspective. Beaucoup comprennent qu’on ne pourra plus faire « comme avant » si nous voulons avoir un jour une Martinique différente, plus apaisée, plus vertueuse, plus fraternelle et donc plus propice au développement économique endogène profitable au plus grand nombre, y compris aux entreprises elles-mêmes.

Les conséquences de la crise Covid se feront encore sentir pour quelques temps et aujourd’hui le conflit russo-ukrainien vient perturber nos vies et la vie de nombre de nos entreprises. Comme nous sommes dépendants des marchés extérieurs, et que finalement nous sommes dans le monde, nous n’échapperons pas aux évènements disruptifs qui se passent « ailleurs », même lorsqu’ils nous semblent très lointains géographiquement.  Ils finissent toujours par avoir un impact très fort sur nous.

Prenons l’exemple des prix des matériaux de construction qui ont fortement augmenté mettant à mal un secteur de notre économie sur lequel tous comptaient pour une relance post covid vigoureuse. Notre dépendance à l’extérieur est aujourd’hui vraiment trop forte. Nous chefs d’entreprise militons autant que certaines personnalités politiques pour dire qu’il faut réduire notre dépendance aux marchés mondiaux et qu’il faut domicilier la valeur ajoutée au pays. C’est un combat non seulement utile et légitime, mais il est avant tout urgent de le gagner pour traiter certaines problématiques sociales explosives.

Pour terminer sur le sujet, je dirais que chef d’entreprise est quelqu’un capable d’identifier les menaces mais aussi et surtout d’apporter des réponses à ces menaces et d’en faire des opportunités.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Nous devrions tenir notre assemblée générale vers la fin mai, c’est toujours un moment utile pour faire le point et un moment important pour la vie de l’association. Nous sommes comme beaucoup dans l’expectative et attendons la vraie fin de cette épidémie, si tant est qu’il y en ait une fin. Nous voulons sortir définitivement de la crise vécue sous sa forme la plus risquée et la plus contraignante. Il faut que ça s’arrête, ça fait maintenant deux ans que nous sommes contraints, c’est très long. Les jeunes eux aussi se posent beaucoup de questions. Je me mets à la place de ces jeunes martiniquais, dont certains ont passé la fin de leur adolescence dans cette crise Covid, qui voient maintenant cette guerre éclater, c’est compliqué pour eux qui représentent l’avenir. Malgré ce contexte, de nombreux jeunes entrepreneurs martiniquais continuent à vouloir apporter des solutions à nos problématiques territoriales, il faut leur permettre de trouver leur place dans l’écosystème local.

Nous affirmons qu’il faut relancer ce territoire, il faut à un moment donné lui donner un second souffle et nous voulons participer activement à cette ambition. Nous essayerons de positionner Contact Entreprises sur un certain nombre d’actions qui vont donner une nouvelle impulsion au territoire et nous l’espérons de nouveaux espoirs. Ça nous ramène à la question de l’attractivité du territoire Martinique qu’il faut redéfinir en allant au-delà des critères géophysiques ou financiers classiques.

  • Quels sont les leviers d’attractivité dans un monde qui a évolué, dans un mode post Covid, dans un monde où une guerre peut éclater en Europe, dans un pays qui se dépeuple ?
  • Comment avec tous ces paramètres on peut réinventer des paramètres d’attractivité ?
  • Quelle sera la place de l’humain dans cette quête ?
  • Comment pouvons-nous rendre cette attractivité durable ?

Nous souhaitons que tous participent avec nous à cette refondation ; il faut sans doute que les politiques acceptent un peu plus de co-construire.  Il faut vraiment le mettre en pratique cette notion de co-construction tellement utilisée dans les discours prononcés çà et là. Il y a des trésors de ressources aussi bien dans le monde économique que dans le monde associatif. Le monde associatif martiniquais est extrêmement riche et sa couverture géographique du nord au sud en fait un formidable levier de développement social et humain.  il y a partout dans les entreprises, dans les associations, dans des administrations, des gens qui sont capables d’amener des choses formidables pour construire ce territoire.

Ensemble, nous pouvons assurément réenchanter la Martinique.


Comité directeur

1er vice-président : Jean-Marie Jeunehomme

2è vice-président : Annie Dominique Poullet

Secrétaire : Isabelle Olivier

Trésorier : Arnaud Lafosse-Marin


Les publications de Contact Entreprises, toujours d’actualité !

Le petit livre Bleu

Les entrepreneurs livrent leur vision d’une Martinique plus ouverte sur cette nouvelle économie du 21ème siècle et proposent 21 idées pour voir l’avenir en bleu.

Martinique Attractive : les opportunités professionnelles en Martinique avec des témoignages de chefs d’entreprise.

Rentrer au pays est un rêve pour de nombreux Martiniquais. Mais ne sachant rien des opportunités d’emploi dans la région et soucieux de leur épanouissement personnel, peu osent franchir le pas.

Pour lever les freins au retour et répondre aux interrogations des candidats, Contact vient de publier « La Martinique, territoire attractif ». La brochure présente les atouts du territoire (infrastructures, qualité de vie), le tissu entrepreneurial et les nombreuses opportunités professionnelles avec des témoignages de chefs d’entreprise qui recrutent.

Martinique Vertueuse

En juillet 2020, toute une série d’actions et d’évènements ont été organisés dont les Ateliers de la croissance verte. 4 ateliers, une cinquantaine de participants, pour un questionnement sous-jacent : « Et si la croissance verte constituait l’utopie refondatrice de la Martinique » ?

Et à chaque rencontre une thématique d’atelier précise :

  • « Et si la croissance verte était déjà en route ?
  • « Et si les entreprises passaient au vert ? »
  • « Et si nos maux devenaient des opportunités »
  • « Et si la croissance verte était un facteur d’attractivité du territoire ? ».

Au fil de leur déroulement, les 4 ateliers de Contact-Entreprises ont livré des réponses aux nombreuses questions qui se posent en matière de croissance verte pour les acteurs économiques notamment :

  • Comment faire cohabiter croissance et écologie ?
  • Quels sont les objectifs à atteindre quand on parle de croissance vertueuse ?
  • Et pour le territoire Martiniquais ?
  • L’intégration de process vertueux dans le business model « classique » freinet-elle la rentabilité ?
  • Y a-t-il suffisamment de synergie public/ privé sur ces questions ?
  • Comment structurer les filières de ce secteur émergent ?

De ces ateliers et des contributions de chacun nait le Petit Livre Vert. Un ouvrage qui ne vise pas l’exhaustivité en termes de cartographie des acteurs, ni en termes de stratégie à déployer.

Un petit Livre comme une tentative de définition.

Un petit livre comme la photographie d’une révolution en cours.

Un petit livre comme une nécessaire mise en lumière.

Un petit livre comme une obligation.

Saint-Pierre. Atout majeurs du tourisme de la Martinique

Ce petit livre jaune se veut le reflet condensé des pistes de réflexions et d’actions qui ont été abordées durant les Ateliers de Saint-Pierre qui se sont tenus les 28 et 29 mars 2019 en présence de nombreux acteurs économiques, institutionnels et citoyens martiniquais. Ces ateliers de réflexion organisés par Contact-Entreprises, en partenariat avec la Ville de Saint-Pierre et l’association Patrimoine Martinique, constituent le 4ème volet d’une passionnante et vitale aventure. Face au danger que constitue le choc démographique qui frappe la Martinique depuis quelques années, nous avons décidé de réfléchir au nécessaire renouvellement de l’attractivité de la Martinique. C’est la raison pour laquelle nous analysons les moyens d’en dynamiser les atouts.

Avec les Ateliers de Saint-Pierre, nous invitons tout un chacun à poursuivre l’exploration des atouts de la Martinique, en réfléchissant ensemble aux moyens de réveiller définitivement cette belle endormie qu’est Saint-Pierre. Cent dix-sept ans après l’éruption, le moment est venu d’associer Saint-Pierre non plus seulement à la tragédie de la catastrophe mais bien à tout le potentiel extraordinaire de cette ville. Saint-Pierre, c’est un véritable musée à ciel ouvert, c’est plus d’une quinzaine de sites incroyables, plus de 14 épaves sous-marines et un volcan mondialement connu. Et si SaintPierre était l’atout majeur du tourisme de la Martinique ?

Quand le BTP va,  tout va !

Ces Ateliers du BTP avaient pour ambition de mobiliser les acteurs de la filière autour d’une question simple : « Et si le BTP construisait la Martinique de demain ? » en vue de produire une vision claire et porteuse d’avenir. Pendant deux journées et demie de rencontres et de tables rondes, plus de 500 personnes ont pu participer aux échanges sur les thématiques-clés du secteur :

  1. Et si le BTP se libérait de ses contraintes ?
  2. Et si la commande n’était pas que publique ?
  3. Et si le changement climatique était une opportunité ?
  4. Et si la Martinique devenait l’experte de la prévention des risques naturels ?
  5. Et si la Martinique devenait le pilote mondial de la norme tropicale ?
  6. Et si la Martinique se projetait dans l’avenir ?
  7. Et si le BTP innovait pour développer l’emploi ? C

Ces deux journées intenses ont permis de construire une vision partagée pour la Martinique, en associant les acteurs économiques motivés, les élus volontaires, les services concernés de l’Etat et les citoyens experts ou engagés. Ce sont ces réflexions inspirées, et – souhaitons-le – inspirantes, qui sont livrées dans ce petit livre gris du BTP. Puissent-elles aider à construire la Martinique de demain.

 

 

 

 

 

 

 

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