A l’occasion du débat instauré après les destructions de statues de Victor Schœlcher le 22 mai dernier par ceux que l’on présente comme des “activistes”, il nous a été donné de constater l’immense ignorance entourant la question de l’abolition de l’esclavage en Martinique. Un ignorance source de dérives politiques.
En particulier, nombreux ceux qui ignorent ou occultent volontairement le rôle joué par l’ouvrage d’Armand Nicolas issu d’articles publiés dans Justice et d’une conférence donnée en avril 1960 et édité en 1962 sous le titre La Révolution anti-esclavagiste de Mai 1848 à la Martinique.
Armand Nicolas y explique l’action de Victor Schœlcher dans le gouvernement provisoire de février 1848. Extraits :
“On prétend souvent que ce décret est un témoignage de “générosité  de la mère-patrie”.  Certes la générosité d’un Schœlcher, des masses populaires est indéniable. Mais pour certains milieux de la bourgeoisie libérale, il n’est pas exempt de calcul. C’est l’intérêt qui tient la place principale : le souci d’admettre l’inévitable abolition, de supprimer un système économique périmé pour conserver l’essentiel, à savoir le maintien de la domination coloniale. Perpétuer l’exploitation des colonies sous d’autres formes, telle a été la préoccupation évidente de certains des partisans de l’abolition (…). Réalisme, intelligence, affection réelle pour les opprimés, esprit dé- mocratique, tout cela on le trouve chez Schœlcher. Et c’est pourquoi l’homme a gagné le respect et l’admiration des Martiniquais.
Mais prétendre, comme le font beaucoup de gens pas toujours dépourvus d’arrière-pensées, que Schœlcher est l’Auteur de l’abolition, une sorte d’Homme providentiel qui a brisé les chaînes des esclaves, ne correspond pas à la vérité historique.
En effet Schœlcher n’est pas le seul vainqueur.  Sa victoire sur l’esclavage est celle des forces de progrès et de démocratie, les masses populaires de France les plus conscientes. Sans elles, il serait un homme seul, le porte-parole d’un état-major sans troupe, d’une secte sans audience et inefficace(…). Schœlcher (…) était fort dela force des ouvriers et démocrates parisiens, les vainqueurs des barricades, ceux-là qui naguère avaient signé les pétitions contre l’esclavage. Schoelcher avait derrière lui la force révolutionnaire des masses populaires en lute pour une République démocratique, sociale et fraternelle (…).
”.

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version