Détruire ses statues ne fait pas disparaître Schœlcher de notre Histoire
La destruction, le 22 mai dernier, à Fort- de- France et Schoelcher, de statues de Victor Schoelcher par des jeunes “militants”, n’a pas manqué d’être condamnée par un certain nombre de responsables politiques martiniquais, dont Georges Erichot en sa qualité de Secrétaire général du Parti communiste martiniquais, l’historien Gilbert Pago, membre du GRS, et le “député de la Martinique” Serge Letchimy, membre du PPM.
Les actes commis par lesdits “militants” et l’occasion choisie par eux signifient de toute évidence qu’ils mettent l’abolitionniste Victor Schoelcher dans le même sac que les esclavagistes et nient le rôle joué par lui dans le processus qui a conduit à la fin du système esclavagiste aux Antilles françaises. Les communistes martiniquais, qui ont lu les travaux du camarade Armand Nicolas, historien lui aussi, savent l’importance de la Révolution antiesclavagiste du 22 mai 1848. Ils savent que ce sont les esclaves qui, en se révoltant ce jour-là, ont conquis leur liberté, obligeant le gouverneur à prendre le lendemain un décret abolissant l’esclavage. Mais ils n’ignorent pas pour autant l’existence du décret du 27 avril 1848 de Victor Schoelcher, lequel décret est arrivé tardivement à Saint-Pierre, après les événements du 22 mai.
Par la suite, des générations de Martiniquais, descendants d’Africains, ont été éduquées, à des fins politiques, dans le culte de Victor Schoelcher, surtout depuis que la Martinique est passée en 1946 du statut de colonie à celui de département d’outremer. On a habitué ces nouveaux “citoyens français” à chérir Schoelcher, symbole d’une France blanche et généreuse avec ses enfants noirs et mulâtres.
Les auteurs des dégradations mentionnées au début de cet article ont manifestement voulu détruire cette vision de Victor Schoelcher et chasser celui-ci du coeur des Martiniquais. Vaine et triste tentative ! Car, qu’ils le veuillent ou pas, Schoelcher fait partie de notre histoire et ses statues de notre patrimoine artistique.
S’il fallait “nettoyer” notre histoire, il faudrait commencer par débaptiser les communes telles que Saint-Pierre, Saint-Esprit,
Saint-Joseph, Sainte-Anne, Sainte -Marie, à cause du rôle de complice joué par l’Eglise catholique dans l’odieux système colonial et esclavagiste.
Mais à quoi cela nous mènerait-il, sinon à la discorde, voire à la haine?
M.Belrose (in Justice) – 28 mai 2020

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version