Vu sur www.novethic.fr – Emmanuel Macron a rencontré ce mardi 8 novembre les représentants des 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2. Le chef de l’État leur propose de doubler l’aide publique pour leur décarbonation, afin d’atteindre 10 milliards d’euros, s’ils s’engagent en retour à doubler leur effort en la matière.

Ciment, aluminium, acier, engrais, sucre ou carburants… mardi 8 novembre, en pleine COP27 sur le climat en Égypte, les dirigeants des cinquante sites industriels français les plus émetteurs de CO2 étaient conviés à l’Élysée pour voir combien cela coûterait de continuer à produire en France sans réchauffer la planète.

Il s’agit des sites sidérurgiques d’Arcelor Mittal à Dunkerque ou Fos sur Mer, des cimenteries de Vicat, Lafarge ou Calcia, des usines chimiques du Grand Est, de l’étang de Berre ou de Normandie, des fabricants d’engrais Yara ou Borealis, de la verrerie d’Arcques, ou encore des raffineries d’ExxonMobil et TotalEnergies en Normandie. Au total, ils pèsent pour 54% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie, le secteur représentant 20 % des émissions nationales.

La carte des 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2, publiée par Radio France.

“Si des projets et des sites sont identifiés d’ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts, si on arrive à passer des 10 millions de tonnes de CO2 évités à 20 millions instruits, nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l’enveloppe de 5 à 10 milliards d’euros d’accompagnement”, a lancé le chef de l’Etat aux industriels réunis à l’Elysée. “Le but c’est de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre de ces sites en dix ans, donc d’enlever 5% des émissions françaises”, a-t-il affirmé.

“Contrats de transition écologique”

Les cinq milliards d’euros supplémentaires annoncés mardi s’ajoutent aux cinq milliards déjà prévus dans le plan France Relance pour la décarbonation de l’industrie. Pour arriver à cet effort, le chef de l’Etat a annoncé que le gouvernement allait dérouler une planification précise à six mois et dans les années à venir, à travers des “contrats de transition écologique” pour graver dans le marbre les efforts promis, site par site, et filière par filière aussi, sous l’égide du ministre de l’Industrie. Par ailleurs, la France a aussi prévu neuf milliards d’euros d’investissement pour le développement de l’hydrogène, qui est un des vecteurs puissants de la décarbonation de l’industrie.

Il faut “sous six mois que le gouvernement puisse présenter un plan pour intégrer” ces montants “dans les travaux de programmation pluriannuelle de l’énergie”, a précisé le président. La planification devra se faire “par technologie”, a-t-il dit en évoquant aussi bien l’hydrogène – qui sera utilisé notamment par la sidérurgie en remplacement du charbon -, le développement de la biomasse pour remplacer le gaz, l’électrification des ports maritimes et fluviaux pour l’acheminement des marchandises, ou la capture et la réutilisation du CO2, une technologie controversée et encore immature.

Le chef de l’Etat a aussi pointé la concurrence exacerbée de puissances économiques comme les Etats-Unis qui promettent des subventions publiques massives pour la décarbonation, avec un risque de désindustrialisation si les Européens ne suivent pas. “Les Etats-Unis sont producteurs d’un gaz peu cher qu’ils vendent cher, et en plus ont pris des dispositifs d’aides massives sur certains secteurs”, a-t-il dit. “Ce n’est pas conforme aux règles de l’OMC et ce n’est pas amical”, a-t-il insisté en promettant de mettre le sujet sur la table lors de sa visite d’Etat début décembre à Washington.

“Donnant-donnant”

“L’idée est d’être dans une logique donnant-donnant”, avait lancé Roland Lescure, le ministre de l’Industrie, au micro de France Inter mardi matin. “Cela va coûter beaucoup d’argent, mais si on ne la fait pas en France, la décarbonation des cinq haut fourneaux dont ArcelorMittal dispose en France se fera ailleurs”, a-t-il prévenu. ArcelorMittal à lui seul représente 25% des émissions des industriels présents à l’Elysée, et 4% des émissions françaises. “Je veux que les haut fourneaux soient décarbonés en France plutôt qu’on aille chercher notre acier ailleurs”, ajoute le ministre.

Selon une étude commandée par le Medef à Rexecode, la décarbonation de l’ensemble de l’économie française nécessite d’augmenter les investissements dès que possible pour arriver entre 2,1 et 2,9 points de PIB en 2030, soit de 58 à 80 milliards d’euros. Pour les entreprises, cela représente une croissance des efforts d’investissement comprise entre 10 et 13%, soit entre 31 et 43 milliards d’euros par an sur un flux actuel de 320 milliards d’euros.

Concepcion Alvarez avec AFP

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