Repéré par Robin Tutenges

En ingurgitant nos antidépresseurs, certains poissons perdent toute «individualité».

david-clode-ekthrvc_dvs-unsplash_0.jpg

Dans les océans, les poissons avalent un véritable cocktail pharmaceutique insidieux. | David Clode via Unsplash

Les océans sont les poubelles du monde. On y trouve de tout. Du plastique bien sûr, mais aussi de nombreux médicaments sous forme de microparticules, pour le plus grand malheur de la faune marine.

Ingurgités par les êtres humains, les antibactériens, pilules contre la douleur, antidépresseurs et autres sont déversés dans les égouts, avant de transiter par des usines de traitement des eaux usées, rarement conçus pour traiter ces produits chimiques. Ces substances finissent dans les rivières, puis terminent leur périple dans les mers, où les poissons en tous genres avalent ce véritable cocktail pharmaceutique insidieux.

Cette «soupe de drogue», comme l’appelle le média Science Alert, n’est pas sans conséquence pour les espèces marines. Elle affecterait toute une pallette de comportements des poissons, jusqu’à les transformer en véritables zombies, selon une nouvelle étude dirigée par Giovanni Polverino de l’Université d’Australie-Occidentale et publiée dans le journal scientifique Proceedings of the Royal Society B.

L’équipe de Polverino s’est concentrée sur un médicament que l’on trouve dans les océans: la fluoxétine, connue sous la marque Prozac. Cet antidépresseur, indiqué également pour différents troubles d’anxiété, est parmi les plus prescrits aujourd’hui en France.

Les scientifiques ont observé pendant deux ans l’évolution comportementale de guppys, des poissons de la famille des Poeciliidae, soumis à une concentration de fluoxétine (Prozac) faible, égale à celle dans les océans, puis élevée. Les résultats font froid dans le dos.

Des poissons zombies

Shootés aux antidépresseurs, les poissons ont perdu toute «individualité»: ils se sont mis à agir tous de la même manière, ajoute le média scientifique. Même à des taux faibles de fluoxétine, leur comportement évoluait et, à mesure que la dose augmentait, le phénomène s’accentuait lui aussi. Un véritable walking dead aquatique.

À l’instar des guppys, d’autres espèces ont fait l’objet d’études similaires en laboratoire. Ainsi, sous antidépresseurs, la seiche aurait des problèmes de mémoire. Le Prozac ne sied pas plus à la crevette qui, une fois droguée, a tendance à nager vers les sources lumineuses -là où, en milieu naturel, se situent de nombreux prédateurs.

La tendance des médicaments rejetés dans les rivières et dans les mers ne devrait pas s’améliorer, bien au contraire. Les scientifiques estiment que le volume de produits pharmaceutiques présents dans l’eau douce pourrait plus que doubler d’ici à 2050, rapporte Le Temps.

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version