Nous avons trouvé cet article très bien, mais il est encore en deçà de ce que nous pensons pour la Martinique
La situation économique et sociale décrite dans cet article publié par Ludovic Clerima dans Les Échos est alarmante. Elle met en lumière une réalité que nous partageons : l’urgence de prendre des mesures concrètes pour répondre aux défis auxquels fait face notre île. Si les faits rapportés sont déjà préoccupants, ils ne reflètent que partiellement l’ampleur des problèmes que nous observons au quotidien. Voici l’article en intégralité, tel que publié dans Les Échos.
Sur l’île, les défaillances d’entreprises progressent. Une situation qui impacte déjà le monde de l’emploi et vient encore fragiliser les jeunes Martiniquais peu qualifiés.
Par Ludovic Clerima
Publié le 26 nov. 2024 à 11:12
Les nuages s’amoncellent sur la Martinique. Selon les données de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom), le climat des affaires sur l’île se détériore : -4,7 points depuis le début de l’année. L’indicateur évolue « à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme, soit au plus bas depuis le premier trimestre 2021 », précise l’institut dans sa note de conjoncture publiée en septembre. Une tendance qui ne devrait pas s’inverser, la trésorerie des entreprises et les délais de paiement se dégradant.
« Les TPE et PME ont du mal à rembourser les prêts garantis par l’Etat de la période Covid. L’inflation a consumé leur trésorerie et celles qui doivent acheter pour vendre n’arrivent pas à répercuter cette hausse des coûts sur leur prix de vente », observe Guillaume Clément, directeur général du spécialiste des ressources humaines Randstad Outre-mer. Les redressements et liquidations judiciaires ont augmenté de 6,4 % en un an en Martinique, note le cabinet Ellisphère, spécialisé en information sur les sociétés. Le nombre de défaillances d’entreprises s’est établi à 410 en juin, contre 388 en juin 2023, soit une hausse de 5,7 % en un an.
« Au ralenti »
Le taux de chômage, ainsi, a déjà grimpé de 11,7 % au premier trimestre à 14,3 % au deuxième. « Ce sont encore des prémices. C’est à partir de janvier 2025 que l’on pourra mesurer l’ampleur de la crise », alerte Guillaume Clément. Le début de l’année sera également l’occasion de faire le point sur les conséquences économiques des violences qui ont émaillé le mouvement social contre la vie chère, amorcé en septembre. Ces dernières viennent de pousser l’assureur italien Generali, via sa filiale GFA Caraïbes, à suspendre toute nouvelle souscription pour le risque d’entreprise aux Antilles.
Selon le bilan provisoire de la CCI de Martinique, 300 emplois sont menacés et les pertes pour les entreprises sont estimées à 75 millions d’euros. Le Medef évoque 171 bâtiments pillés, vandalisés ou incendiés et 1.000 emplois impactés. Quant à la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, elle indique que 127 entreprises ont effectué des demandes de chômage partiel à la fin du mois d’octobre pour un total de 1.200 salariés, soit 1,3 % de l’emploi privé sur l’île aux fleurs.
Le bâtiment en crise
« L’autre mauvaise nouvelle, c’est le ralentissement du secteur du bâtiment », constate Eric Martin, CEO de Strat’emh, un cabinet conseil en stratégie d’entreprises. « Lorsque le BTP tourne au ralenti, ce sont tous les métiers connexes, comme les architectes, les électriciens, les ouvriers, qui en paient le prix », souligne-t-il. Le nombre de logements résidentiels autorisés à la construction recule de 18,7 % sur un an. L’Iedom rappelle qu’à « la fin du premier trimestre, les effectifs dans le BTP sont en baisse de 1,5 % sur un an ».
Une jeunesse en souffrance
« C’est surtout pour nos jeunes, déjà très impactés par le chômage, que la situation est grave. Les plus qualifiés s’en vont au Canada ou aux États-Unis, tandis que les autres restent et peinent à trouver du travail », déplore-t-il. Dans une étude publiée en novembre, le Conseil économique, social et environnemental de Martinique affirmait que 26 % des jeunes martiniquais de 15 à 29 ans ne sont ni en situation d’emploi, ni en étude, ni en formation, soit 14.400 personnes. Un taux estimé à 13 % en moyenne dans l’Hexagone.
Source : Les Échos