Lettre du lundi 11 mai 2020’de la FEDOM

« Si l’on souhaite que nos RUP réinvestissent plus qu’elles ne le font actuellement leur environnement régional et qu’elles deviennent un moteur du développement de leur zone d’appartenance, il faut [] que l’Union européenne mène avec ses états membres et ses RUP, la politique de sa géographie [] car il n’y a pas d’autre réalité que celle-là » disait Philippe LEYSSENE, alors Ambassadeur délégué à la coopération dans l’Océan indien, le 14 février 2011 devant la Commission européenne.

La crise sanitaire et économique sans précédent qui met en évidence la fragilité et le manque de résilience de notre modèle – pour partie consécutifs de notre extrême dépendance aux ressources et produits extérieurs – éclaire d’un autre jour ces propos.
En effet, nos territoires ont toujours vu leur développement fondé, en termes d’approvisionnement et d’éventuels débouchés, sur deux axes linéaires : l’un vertical, l’autre horizontal ; nord-sud, de manière exclusive pendant très longtemps, est-ouest de façon croissante.
La pensée circulaire ne nous a guère animés sur le plan du développement économique jusqu’à présent, alors même que l’évidence géographique et le bon sens auraient dû l’imposer naturellement à tous. Et pourtant de nombreux outils existent ! Mais ils sont soit inutiles, soit peu efficaces, soit insuffisamment orientés vers l’économie, ou tout simplement pas utilisés.
Il n’est pas nécessaire de faire de longues analyses efficience-efficacité pour constater l’absence ou le faible impact des conférences de coopération régionale et de l’action des organisations auxquelles participent nos territoires (COI, CARIFORUM, AEC, CEPALC, …) sur le développement des échanges commerciaux, alors que tout cela est très lourd en termes de frais de fonctionnement.
Nous attendons également une meilleure lisibilité de l’action de l’AFD, et de sa nouvelle organisation internationale censée doter nos outre-mer des leviers d’une activité économique accrue au sein de leur espace régional.
Qu’en est-il de l’articulation entre le FED et le FEDER, présentée lors de notre assemblée générale FEDOM de 2018, et supposée faciliter l’émergence de projets régionaux ?
Par ailleurs, pourquoi la desserte intérieure de nos bassins ne s’est-elle pas significativement améliorée depuis toutes ces années ?
Enfin, pourquoi le soutien au fret ouvert aux collectivités territoriales et pays tiers, instauré par l’article 71 de la loi EROM, n’a-t-il jamais été mis en œuvre ?

Les vertus du déploiement d’une économie régionale, basée sur des projets identifiés entre acteurs, la complémentarité des atouts et des capacités productives, au service d’une meilleure auto-suffisance individuelle, ont fait l’objet de dizaines d’études.
L’actualité, mais surtout l’avenir, exige qu’elles sortent des étagères. A cette fin, il convient que tous, Union européenne, état, collectivités, organisations, entreprises, s’attellent à l’optimisation de l’utilisation des ressources financières disponibles : la traduction technique des intentions, une réorientation sur des actions concrètes et l’activation de mesures de court terme, telles que le soutien au fret, sont indispensables pour que les objectifs du développement régional durable que nous attendons tous puissent être atteints dans les meilleurs délais

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