En amont de la conférence-débat du 22 septembre sur l’Assainissement non collectif à la Martinique, il nous a paru important de publier ici le discours au Sénat en 2018 de Monsieur Jean-Marc Ampigny, de la plateforme ESSAINIA au Marigot, la seule du genre à la Martinique.

Après avoir lu, regardé cette intervention, vous serez alors à même de comparer avec la situation actuelle et les problématiques rencontrées, dans ce secteur…et pas seulement à Essainia !


Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour cette possibilité qui m’est offerte de vous présenter  ce nouvel outil innovant dédié au traitement et au recyclage des boues issues de l’Assainissement non collectif dont la Martinique s’est doté en début d’année 2018.

C’est une réalisation d’intérêt général qui part d’un constat que nous avions dressé dès 1995 : l’effet désastreux des pollutions diffuses, en particulier celles issues de l’assainissement non collectif, sur nos rivières et donc sur le littoral martiniquais.

Notre première étude technique réalisée en 1996, n’avait pu être suivie d’effet pour de multiples raisons. Il faut relever qu’à l’époque n’existaient ni le Comité de Bassin, ni l’Office de l’Eau et l’ADEME n’avait pas encore sur notre territoire de regard sur ces questions.

Néanmoins nous voici, quelques 23 années plus tard, avec ces mêmes enjeux dans un contexte environnemental et urbanistique aggravé !

En 2013, nous avons retenu le BET SCE pour nous accompagner dans la réalisation d’une nouvelle étude afin de mettre en exergue les besoins, identifier des solutions et déterminer les effets positifs attendus sur le territoire Martinique. Dans le même temps, nous nous sommes adjoint le précieux concours de la société Sintorin pour conduire l’ingénierie financière du projet. Ainsi assistée, l’équipe Essainia, animée par JBL, s’est attachée dans le cadre de la conduite de sa maîtrise d’ouvrage à vérifier auprès de tous les partenaires et acteurs publics qu’un tel projet était pertinent et qu’il s’inscrivait dans les orientations, sans doublon, des projets publics planifiés.

Ainsi le Conseil Général de l’époque l’avait-il inscrit en 2014 à son PEDMA devenu actuellement PPGDND

Succinctement de quoi s’agit-il ?

Installer sur le territoire Martinique au plus près des besoins, hors périmètre CACEM déjà desservi par un système de prétraitement, des infrastructures dédiées au traitement et au recyclage des matières issues de l’assainissement non collectif et permettre d’en assurer la traçabilité.

Pour ce faire, ESSAINIA a planifié la construction de plusieurs plateformes de traitement destinées à recevoir les vidangeurs professionnels chargés de la collecte des dits déchets sur l’ensemble du territoire ; je précise bien hors périmètre de la CACEM.

Ainsi avons-nous inauguré le samedi 07 avril, sur le territoire de la ville du Marigot, la première des plateformes de traitement ESSAINIA.

Elle permet :

  • de prétraiter et de filtrer les boues dépotées en vue de leur valorisation en co compostage dans la filière de traitement agréé du Centre de Valorisation Organique du SMTVD,
  • de traiter, désinfecter et réutiliser les eaux issues de la filtration à des fins de lavage et de remplissage des cuves des camions hydrocureurs ; plutôt que l’utilisation d’eau potable
  • de suivre les déchets collectés grâce aux moyens de traçabilité que nous avons mis en place.

Notez que les enjeux pour le territoire sont multiples :

  • Augmenter significativement le taux de collecte des boues issues de l’ANC
  • Réduire l’incidence importante de la pollution diffuse des rivières et des côtes de l’île.
  • Réduire significativement l’empreinte carbone (gas-oil, huile, pneumatiques) de l’activité de collecte des boues en réduisant les parcours des camions chargés (357600 km/an à 144215km/an -60% idem sur la consommation de carburant et les émissions de C02)
  • Maitrise du coût de la vidange grâce au gain de productivité des entreprises de vidange

A ce stade de mon propos je vais vous livrer quelques chiffres clefs :

Au niveau du territoire Martinique, le besoin à satisfaire en terme de traitement est de

Sur un plan technique

Le besoin à satisfaire, couvert par cette unité de traitement est de 60 à 80 m3/j soit environ 8 à 10 camions par jour pour la zone du Grand Nord Atlantique

Il s’agit d’une filière de traitement composée d’une déshydratation des boues couplée à une station de traitement biologique à biomasse fixée suivi d’un traitement tertiaire de filtration et désinfection des eaux.

Cette filière originale a été mise au point par notre partenaire la société Maisonneuve (représentée par Mme Séverine LEROUX, Directrice générale du groupe Maisonneuve à qui je demande de bien vouloir nous rejoindre) et validée par des essais sur pilote supervisés par le BET SCE

Sur le plan financier

Montant total de l’investissement : 2.609.508,00 €

Répartition des financements :

Fds Européens pilotés par la CTM :         30%

L’ODE                                                              9 %

L’Etat (crédit de TVA + TVA NPR) :             9 %

L’ADEME :                                                       8 %

La CTM (ex CG)                                             2 %

Concours bancaire :                                     35%

Fonds Propres :                                           7 %

 

Exploitation

La structure a recruté et formée deux agents responsables de site qui accueillent les entreprises de 06h00 à 17h00 tous les jours ouvrés sauf le samedi où l’horaire est de 06h00 à 15h ; horaires définis en tenant compte des attentes exprimées par les vidangeurs.

Seuls les professionnels dûment agréer par la préfecture et ayant signé une convention avec ESSAINIA seront admis sur le site pour le dépotage de leur boues issues uniquement de l’assainissement non collectif domestique.

Les bordereaux de suivi des déchets seront tamponnés permettant aux vidangeurs d’attester, auprès de leurs clients et des autorités compétentes si besoin, de la destination conforme des déchets pris en charge.

Par convention avec la société IDEX, exploitant du CVO pour le compte du SMTVD, dont je salue les représentants (le Président STE ROSE CAKIN, son Directeur de Cabinet M. ZOBDA), les boues traitées répondant à des caractéristiques fixées par la norme NFU 44-095 seront livrées comme matière première au CVO qui fabrique du compost. La fraction liquide est traitée et désinfectée pour produire de l’eau industrielle qui est stockée soit pour le lavage des cuves des camions ou pour leur remplissage. Ainsi malgré son excellente qualité, le rejet d’eau dans le milieu superficiel est très limité.

 « de beaux dessins valant mieux que de grands discours »,

je vous invite à visionner un film 3D d’environ 2 mn réalisé par la société GH Production et qui synthétise l’essentiel de ce qu’il faut retenir …

D’ores et déjà je peux vous annoncer qu’après quasiment trois mois de fonctionnement en phase de lancement, les premiers résultats des contrôles de rendements épuratoires sont concluants puisque sur tous les paramètres il varient entre 78% et 100% !

Pour conclure mon propos,

Je tiens au nom de l’équipe Essainia et en mon nom personnel à remercier chaleureusement tous les acteurs que vous êtes sans lesquels ce projet n’aurait pu voir le jour et en particulier :

  • les équipes de la SEA qui ont réalisé le montage des équipements, représentées par JC Lemordant et ses collaborateurs : Olivia Gulot, Tony Dauler-Bont, Gaël, Mickael, Clément, Guy-Albert….
  • Notre partenaire financier, le Crédit Agricole, Espérant poursuivre notre collaboration pour les prochaines étapes de développement du projet Essainia.
  • L’ODE, ses élus successifs et ses techniciens qui très tôt ont souscrit à ce projet et avec lesquels les contacts réguliers ont permis d’initier une dynamique constructive.
  • Le Comité de Bassin où se sont succédés Monsieur CHOMET puis Madame Toul
  • L’ADEME, dont les conseils avisés nous ont permis de répondre au mieux aux préoccupations environnementales
  • La CTM et l’Ex Région pour son soutien au travers des Fds Européens et de son concours direct.
  • L’État et ses services, la DEAL et la Police de l’eau pour leur accompagnement technique et leur assistance pour la satisfaction des aspects règlementaires d’un tel projet.

Enfin, dans un projet de cette nature, trouver le foncier adapté est un aspect déterminant et particulièrement ardu ! A ce titre je dois saluer la position constructive de la SAFER et surtout remercier Monsieur Joseph PERASTE, le Maire du Marigot qui nous a très spontanément proposé une parcelle qu’il a identifiée et dont il a fait voter la cession par une délibération de son conseil municipal dotant ainsi sa commune de cet outil innovant. Merci à Monsieur le Maire et son équipe municipale.

Je vous propose que nous applaudissions les acteurs que je viens de nommer ainsi que tous ceux présents que je n’ai pu citer qui se sont impliqués directement ou indirectement sans réserve pour que ce projet devienne une réalité !

Je ne peux conclure mon propos sans me tourner vers nos clients, les professionnels de la vidange que nous avons tenus informés et que nous avons associés à plusieurs étapes de la construction de cette plateforme. Je vous remercie de votre présence qui témoigne de votre intéret, cette infrastructure est la vôtre, nous invitons dès à présent ceux d’entre vous qui ne l’ont pas encore fait à se faire référencer afin de pouvoir y accéder et tirer parti des avantages précédemment cités.

Mesdames, Messieurs, Je vous remercie pour votre écoute attentive.

Jean-Marc AMPIGNY

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