Aux côtés d’autres pays comme l’Italie, la Bulgarie ou encore la Pologne, l’Allemagne s’est abstenue de voter l’interdiction de la vente des véhicules à moteurs thermiques tant que les contours de l’utilisation des carburants de synthèse n’auront pas été précisés.

Alors que l’interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques dans l’Union européenne à partir de 2035 semblait actée, l’Allemagne fait volte-face, arguant l’absence de considération pour les moteurs thermiques à carburant de synthèse. Cette exception semble en effet être passée à la trappe. Pourtant, en 2022, le Parlement européen avait admis quelques exceptions pour les constructeurs vendant moins de 10 000 véhicules/an avec l’amendement 121 (baptisé “amendement Ferrari”), cheval de bataille des députés italiens.

Vote reporté sine die

À la suite de la validation de la mesure par la Commission environnementale du Parlement européen, à 340 voix contre 279, il ne manquait plus que l’approbation du Conseil de l’Union européenne pour finaliser le projet. Mais c’est le moment qu’a choisi l’Allemagne pour rejoindre les quelques pays récalcitrants comme l’Italie, la Pologne ou la Bulgarie.

Cette prise de position a poussé le Conseil à “reporter la décision à une réunion ultérieure”. En effet, si l’Italie, la Pologne, et la Bulgarie, qui souhaite s’abstenir, n’ont pas les moyens de bloquer la décision, l’opposition de Berlin rebat les cartes. Le texte n’obtient plus le vote favorable d’au moins 55 % des représentants et 65 % de la population de l’UE. Sans le feu vert de l’Allemagne, le Conseil n’atteint pas la majorité qualifiée requise au sein des Vingt-Sept.

L’Allemagne en réflexion

Les débats ne sont pas clos pour autant, et l’interdiction des véhicules thermiques en 2035 demeure d’actualité. En effet, le ministre allemand des Transports a déclaré :

“Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035 […]. Ce qui manque maintenant, c’est la réalisation de cet engagement”.

Volker Wissing (FDP, libéraux)

Sans s’opposer frontalement au projet de loi, Berlin souhaite que ce dernier soit plus explicite concernant l’utilisation des moteurs exploitant un carburant synthétique. Bien que la production de ce dernier soit très énergivore, et nécessite une énergie décarbonée pour limiter son impact environnemental, de nombreux constructeurs allemands étudient diverses options afin de ne pas faire une croix sur le moteur thermique, à l’instar du Groupe VAG et de Porsche, qui utilise un carburant synthétique dans ses voitures de course.

Cette exception permettrait de conserver les acquis de nombreuses années de recherche autour du moteur thermique. De plus, ce dernier nécessite davantage de pièces et d’employés que son pendant électrique, représentant une filière d’emploi majeure pour l’Allemagne.

Ces considérations risquent de relancer le débat sur ladite interdiction, certains arguant que le Conseil a peut-être un peu trop rapidement condamné les véhicules thermiques dans la mesure où la production de ceux-ci reste pour le moment moins polluante et moins onéreuse. En outre, l’Allemagne (comme la France) fait partie des pays qui soutiennent la clause de réexamen qui permettra de faire un point d’étape en 2026 pour étudier les nouvelles technologies disponibles afin d’accompagner la décarbonation du parc automobile.

Par David Lefevre, Maxime Noël

Source www.lesnumeriques.com

 

 

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