Les prix des matériaux de construction flambent à la Martinique, les conséquences sont catastrophiques et les solutions pour sortir le secteur de la construction de la crise tardent à émerger.

Aluminium, bois, acier, carrelage, isolants… tous ces matériaux importés dont nous sommes dépendants subissent depuis plusieurs mois des hausses de prix considérables… et ce n’est sans doute pas fini.

Dans un premier temps, ce phénomène de hausse des prix était lié à la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid 19 un phénomène qui a été accentué pour nous par une hausse concomitante des tarifs des coûts des frets maritimes. Aujourd’hui, c’est la situation de guerre en Ukraine qui affole les marchés et les prix de certains matériaux de construction et c’est une bien mauvaise nouvelle pour le plan de relance économique territorial qui s’appuie fortement sur le secteur de la construction. Plus qu’un phénomène conjoncturel, il y a maintenant de fortes craintes que ces augmentations établissent les prix à des niveaux élevés de manière durable.

   Pour la Martinique, cette problématique des prix élevés des matériaux de construction a trois origines majeures :

Une flambée des prix (Free On Board – FOB) au départ des zones d’approvisionnement majoritairement européennes ou chinoises. Cette flambée est plus importante pour les « petits » clients dont font partie les importateurs martiniquais.

  1. Des prix des frets maritimes en forte augmentation liés en grande partie à l’indisponibilité des containeurs,
  2. Une taxation à l’entrée sur le territoire martiniquais au titre de l’octroi de mer dont l’assiette est le prix Coût Insurance and Freight – CIF – dont deux composantes majeures ont subi de fortes hausses.

Deux autres conséquences tout aussi dramatiques sont à noter pour les entreprises de travaux :

  • Des ruptures d’approvisionnement notre marché n’étant pas prioritaire
  • Une volatilité des prix dont les périodes de validité se comptent parfois en périodes inférieures à un mois

DES CONSÉQUENCES INTENABLES POUR LES ENTREPRISES

Même si le prix des matériaux de construction rentrant dans la composition des ouvrages ne représente qu’une partie de ces prix, dans beaucoup de cas, la situation n’est aujourd’hui plus tenable pour les entreprises.

Il faut comprendre que la durée entre l’établissement d’un prix dans le cadre d’un appel d’offres et la réalisation de l’ouvrage est souvent de plusieurs mois. C’est notamment le cas pour certains corps d’état de second-œuvre particulièrement concernés par les augmentations de prix.

Pour les affaires en cours

Les entreprises titulaires de marchés ne trouvent plus auprès de leurs fournisseurs des prix compatibles avec ceux qui prévalaient lorsqu’elles ont été attributaires de ces marchés et la différence de prix à la hausse est aujourd’hui considérable. Trop de marchés sont conclus à prix fermes et forfaitaires.

Dans la crise actuelle qui est exacerbée par la situation en Ukraine, beaucoup d’entreprises pourraient faire jouer les clauses d’imprévisibilité pour dénoncer des marchés mettant par voie de conséquence en difficulté des projets et des maîtres d’ouvrage. Il faut également craindre des défaillances d’entreprises en cours de réalisation de chantiers, des situations toujours très pénalisantes pour des projets dont la consommation de financements est généralement contrainte dans le temps.

Pour les affaires à venir

Face à la volatilité des prix, l’entrepreneur prend un risque extrêmement important. Soit il anticipe d’éventuelles augmentations de prix et risque de faire une offre élevée qui ne sera pas retenue, soit il prend le risque de devoir gérer contractuellement des flambées de prix futures.

Les indices de révision de prix nationaux, lorsqu’ils sont prévus dans les marchés imposés aux entreprises, ne prennent que partiellement compte des hausses de prix constatées ici en Martinique. La composante fret transatlantique et mécaniquement l’incidence de l’octroi de mer ne sont pas prises en compte dans le calcul des indices de révision de prix nationaux. Pourtant, en l’absence d’indices de révision de prix locaux ce sont ces indices nationaux qui sont mentionnés dans les CCAG et CCAP.


QUELLES SONT LES SOLUTIONS POSSIBLES POUR MINIMISER L’IMPACT DE CES AUGMENTATIONS DE PRIX ?

LES PROPOSITIONS DU SEBTPAM


Le SEBTPAM reconnait qu’il n’est pas aisé de trouver des solutions pragmatiques et efficaces pour instantanément maîtriser l’impact de ces augmentations des coûts des matériaux sur le coût de construction. Il appartient néanmoins aux acheteurs publics et privés de supporter ces augmentations de prix imprévisibles.

Indépendamment des annonces nationales qui pourraient être faites dans les jours ou les semaines à venir, le SEBTPAM souhaite faire les propositions suivantes dans l’intérêts de toutes les parties liées par l’acte de construire :

  1. Inciter la Collectivité Territoriale de Martinique à moduler à la baisse les taux d’octroi de mer pour certains articles lorsque leur prix CIF sort d’une plage définie à l’avance. Ce dispositif aurait l’avantage de préserver les recettes fiscales de la collectivité, tout en offrant de manière presqu’automatique un amortisseur pour les hausses de prix de ces matériaux importés.
  2. Créer sans délai des indices de révision de prix locaux permettant la prise en compte des réalités territoriales
  3. Jouer la carte de la transparence et diligenter immédiatement une enquête locale de la DRCCRF sur l’évolution des prix des principaux matériaux de construction. Cette enquête serait destinée à établir la matérialité des augmentations de prix en vue démontrer de manière irréfutable que les demandes des entreprises sont sincères et légitimes,
  4. Apporter un soin particulier à la rédaction des marchés publics et privés de travaux dans un contexte aussi instable. Les marchés incluant des clauses d’actualisation et de révision des prix devraient désormais être la norme.
  5. Etudier une révision des modalités de financement du logement social basé sur la possibilité d’atteindre un loyer de sortie ramené à la superficie du logement. Ce mode de détermination indirect des coûts de construction ne prend aucunement compte de la réalité des prix des marchés mondiaux sur lesquels doivent s’approvisionner les distributeurs et les entreprises locales.
  6.  Renforcer les moyens de lutte contre les prix anormalement bas et moduler à la baisse l’importance du prix dans les critères de jugement des offres.

Contact :

Maison du BTP – 13 lotissement Bardinet – CS 30100 – 97256 Fort de France Cedex

T.: 05 96 75 80 08 – sebtpam@wanadoo.fr www.btpmartinique.fr

 

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