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© COPA Guadeloupe –

Errance, euthanasies de masse, réglementations ignorées, laxisme des autorités… La condition animale dans les DROM-COM reste sclérosée. La Martinique euthanasie 95 % des animaux entrant en fourrière. L’île de La Réunion recense quelques 300 000 chiens et chats errants pour 850 000 habitants.

Quiconque s’est déjà rendu dans un département ou territoire d’Outre-mer a pu être le témoin de tous ces chats et chiens errants, parfois constitués en petites meutes. Ils sont nombreux dans les rues, jalonnant les routes ou cherchant leur nourriture dans les décharges. Faméliques, voire squelettiques, plus ou moins en mauvaise santé, ils sont une caractéristique des paysages de la France ultramarine.

Seule une politique étatique de stérilisation des populations canine et féline peut endiguer l’errance : avec un programme éthique, effectif, et s’inscrivant dans la durée.
Il est urgent de réorienter les fonds publics vers la création de refuges, d’ouvrir des dispensaires et de financer des unités vétérinaires mobiles.

Ces actions doivent être accompagnées de campagnes de sensibilisation autour de l’identification et de la stérilisation. Il faut aussi systématiser la sensibilisation au bien-être animal dans l’éducation nationale. Enfin, pour les propriétaires d’animaux les plus modestes, les trop rares programmes de stérilisation subventionnée devraient être multipliés.

Le contribuable finance une politique d’euthanasie massive

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Si les causes de l’errance sont diverses, la réponse que les collectivités locales apportent à cette problématique est quasiment unilatérale : l’euthanasie de masse. Des politiques expéditives de mise à mort qui n’ont jamais infléchi la courbe de l’errance. A titre d’illustration, le Journal de La Réunion a récemment annoncé qu’une sixième fourrière était en projet, alors que l’île ne compte que trois refuges. Les fourrières de Guadeloupe sont des entreprises privées. Des initiatives en matière de stérilisation existent, mais les budgets consacrés demeurent nettement inférieurs à ceux – considérables – alloués aux captures, piqûres létales et ramassages d’animaux écrasés. Ce au mépris des préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé relatives aux territoires fortement impactés : Trap, Neuter, Release, soit Attraper, Stériliser, Relâcher.

Les impôts des contribuables devraient pourtant servir à améliorer leur cadre de vie, dans le respect des animaux, de la loi, et de la protection de la nature.

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La Réunion : une des 8500 victimes annuelles de l’errance (estimation basse)
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Manquements récurrents aux lois françaises et maltraitance cautionnée

Responsables de la sécurité de leurs administrés et de l’errance, le code rural stipule que les maires prennent “toutes dispositions propres à empêcher la divagation des chiens et des chats”. Mais par laxisme ou clientélisme, ils se gardent de rappeler la réglementation et de verbaliser. Parmi d’autres entorses à la législation, citons le faible taux d’identification (la plupart des animaux euthanasiés auraient un propriétaire), les chats et chiens “ficelle”, les chiots de moins de 6 mois attachés… Les deux derniers cas relèvent de la maltraitance, comme celui du chien dont le rôle – souvent utilitaire – est de garder le domicile. Attaché en permanence à une chaîne plus courte que la longueur minimale réglementaire, sa condition est incompatible avec ses besoins biologiques.

Les associations locales déplorent également de très nombreux actes de cruauté impunis, actes favorisés par l’errance, lorsque les animaux croisent le chemin de personnes mal intentionnées. Sans omettre les refus d’enregistrements de plaintes, les plaintes fréquemment classées sans suite, l’opacité des chiffres de certaines fourrières,  le commerce illégal mais florissant de portées via petites annonces et réseaux sociaux.

Origines et conséquences de l’errance

Un important vecteur de l’errance, commun à d’autres sociétés, est l’abandon, auquel s’ajoutent des facteurs plus distincts, socioculturels. L’animal en Outre-mer appartient généralement aux villes et villages. Il a souvent un maître, qui par méconnaissance de la loi, négligence, ou simplement parce qu’il croit à sa liberté, le laisse divaguer. Chiens et chats errants sont aussi issus des portées de ces animaux divagants, fréquemment non stérilisés. Puis certaines idées reçues perdurent : ils auraient besoin de se reproduire, l’humain ne devant pas intervenir dans ce processus, et les stériliser équivaudrait à les mutiler. L’errance entraîne des risques sanitaires (zoonoses…), sécuritaires (morsures, attaques, accidents de la route…), écologiques (menaces sur la faune…).

Le Collectif Outre-mer de Protection Animale (COPA), basé en France métropolitaine, demande au Ministère de l’Outre-mer de se saisir de ces problématiques et d’émettre des recommandations en vue de plans de gestion de l’errance efficaces et pérennes. L’association interpelle également les parlementaires de métropole.


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