Voici le texte extrait de l’image :
« On croit souvent en effet, avec une légèreté criminelle, que politiser les masses c’est épisodiquement leur tenir un grand discours politique. On pense qu’il suffit au leader ou à un dirigeant de parler sur un ton doctoral des grandes choses de l’actualité pour être quitte avec cet impérieux devoir de politisation des masses. Or, politiser c’est ouvrir l’esprit, c’est éveiller l’esprit, mettre au monde l’esprit. C’est, comme le disait Césaire, “inventer des âmes”. Politiser les masses ce n’est pas, ce ne peut pas être faire un discours politique. C’est s’acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que si nous stagnons c’est de leur faute et que si nous avançons, c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge, qu’il n’y a pas d’homme illustre et responsable de tout, mais que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains du peuple. Pour réaliser ces choses, pour les incarner véritablement, répétons-le, il faut décentraliser à l’extrême. La circulation du sommet à la base et de la base au sommet doit être un principe rigide non par souci de formalisme mais parce que tout simplement le respect de ce principe est la garantie du salut. »
– Frantz Fanon.
Note de la rédaction:
Ce passage est tiré de l’œuvre “Les Damnés de la Terre” de Frantz Fanon, publiée en 1961. Plus précisément, il se trouve dans le chapitre intitulé “De la violence”, où Fanon explore les processus de décolonisation et la nécessité de politiser les masses pour instaurer un changement véritable, tout en insistant sur le rôle central du peuple dans la transformation sociale et politique.
Un commentaire
“Politiser les masses ce n’est pas, ce ne peut pas être faire un discours politique. C’est s’acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que si nous stagnons c’est de leur faute et que si nous avançons, c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge, qu’il n’y a pas d’homme illustre et responsable de tout, mais que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains du peuple”.
Ce que Karl Marx avait résumé par le propos suivant : il n’y ni Dieu, ni sauveur suprême!