Cet important rappel sur l’histoire de « l’Assimilation » est écrit par Georges Aliker, dont le père a essayé de venger son frère André, retrouvé mort un jour sur une plage du nord de la Martinique, et l’oncle « Le Dr Aliker » est resté, sa vie durant, le plus fidèle compagnon de M. Aimé Césaire, Député-Maire de Fort-deFrance…
Mais Georges Aliker est (et reste), par lui-même, plus que cela : un acteur éminent de la vie politique de ce pays depuis ses années d’étudiants, car membre de l’OJAM, et président de l’AGEM des années 1960, CET AGEM DONT LE JOURNAL « MATOUBA » a été interdit par le pouvoir central. Il est aussi un observateur scrupuleux des enchaînements de l’histoire de notre pays…
Dans l’article qui suit, il rappelle les étapes décisives du rattachement de notre pays, à la face la plus positive de la France…
Et ici on pourra remarquer comment les brûlantes luttes actuelles, menées parfois au nom du drapeau « Rouge-Vert-Noir », se raccordent, presque parfaitement, avec cette volonté « assimilationniste » qu’il décrit ici avec talent…
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1795 : Lors de la discussion de la Constitution de l’An III Boissy d’Anglas le rapporteur des questions coloniales proposait « que les colonies soient toujours françaises, au lieu d’être seulement américaines, qu’elles soient libres sans être indépendantes ».
- 24 novembre 1874 : Vœu du Conseil général de la Martinique : assimilation politique des colonies à la Mère-Patrie.
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3 septembre 1878 : Demande du Conseil général : application à la colonie de la loi du 27 juillet 1872 sur le recrutement de l’armée.
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7 décembre 1882 : Le Conseil général renouvelle en l’accentuant le vœu qu’il a émis en 1874 et demande que la Martinique soit constituée le plus tôt possible en département français. En 1881 le Conseil général de la Guadeloupe exprimait le même vœu. (suite pg. 32)
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15 juillet 1890 : Rapport fait au nom de la commission nommée le 4 avril 1888 et chargée d’élaborer une proposition de loi relative aux modifications à introduire dans l’organisation coloniale, par M. Isaac, sénateur. (J.O. pages 218 à 244). Cette commission était composée notamment de MM. Albert Grévy, Président – Isaac, secrétaire – Allègre – Baron de Lareinty.
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15 juillet 1890 : Proposition de loi ayant pour objet de régler l’organisation des Colonies de la Guadeloupe et de la Martinique présentée par MM. Isaac et Allègre, sénateurs.
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30 avril 1891 : Rapport sommaire fait au nom de la 6è commission d’initiative parlementaire chargée d’examiner la proposition de loi de MM. Isaac et Allègre ayant pour objet de régler l’organisation des colonies de la Guadeloupe et de la Martinique par M. Isaac, sénateur.
– 23 juin 1891 : Projet de loi concernant l’organisation politique et administrative des colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion présenté au nom de M. Carnot, Président de la République française par M. Jules Roche, Ministre du commerce, de l’industrie et des colonies.
- 11 mars 1915 : Proposition de loi portant réforme de la constitution de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion présentée par MM. René Boisneuf et Lagrosillière, députés.
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7 août 1919 : Proposition de loi tendant à transformer en départements français les colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion, présentée par M. Henry Lémery, député. (souligné par moi, HENRI PIED)
Aux élections législatives de décembre 1919, Lémery est battu. En janvier 1920, il embarque pour la France. Arrivé au Havre, il apprend qu’il a été élu sénateur. Qui dit mieux !
- 25 janvier 1923 : Proposition de loi tendant à transformer en départements français les colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion présentée par M. Henry Lémery, sénateur.
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24 novembre 1925 : Lettre du Gouverneur R de Guise à Monsieur le Président du Conseil général de la Martinique.
Dans le programme dont l’exécution a été confiée à M. l’Inspecteur général Le Conte le ministre a chargé ce haut fonctionnaire d’étudier de concert avec les gouverneurs de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane et leurs conseils généraux une importante question touchant à l’organisation de ces colonies.
Deux hypothèses sont à envisager :
a) Création d’un gouvernement général qui regrouperait les 3 colonies
b) Assimilation de ces colonies à nos départements de la métropole
– 17 décembre 1925 : Décision du gouverneur désignant les membres d’une commission chargée de l’étude de la question touchant à l’organisation des colonies des Antilles soit en un gouvernement général soit à leur assimilation intégrale à des départements français.
- 1938 : Article de notre Jules Monnerot dans le n° 27 de sa « Revue de la Martinique »
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Novembre 1965 : Le Conseil général de la Martinique présidé par Georges Gratiant a émis, lors de sa première réunion, le vœux suivant : (…) Il espère que la nouvelle Constitution française fera droit aux revendications unanimes et constantes des vieilles colonies en ce qui concerne leur assimilation aux départements français
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12 janvier 1946 : Proposition de loi tendant au classement de la Guyane française comme département français présentée par M. Gaston Monnerville, député.
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17 janvier 1946 : Proposition de loi tendant au classement comme département français de la Guadeloupe et de la Martinique présentée notamment par MM. Léopold Bissol.
Aimé Césaire, Marcel Cachin, Roger Garaudy, Henri Wallon et Mme Jeannette Vermeersch, députés.
Les députés socialistes de la Guadeloupe, Paul Valentino et Madame Eboué, la veuve de Félix Eboué, ainsi que le Conseil général de la Guadeloupe à majorité socialiste n’étaient pas favorables à une assimilation intégrale. (ndlt : souligné par moi, HENRI PIED). Ils militaient pour le renforcement des compétences des Conseils généraux.
- Mars 2016 : Proposition de loi tendant à faire du 19 mars un jour férié et chômé, présentée par Paul Vergès, sénateur.
L’assimilation : Boissy d’Anglas, Isaac, Allègre, Lagrosillière, Boisneur, Lémery, Monnerot en ont rêvé. Bissol et Césaire l’ont réalisé.
La vox populi : Yè nou té asou chouval jodi nou asou milé.
G. ALIKER