Par José NOSEL

 Chaque année, périodiquement autour du 22 mai , des Martiniquais s’enflamment autour de leur histoire, celle de la période de l’esclavage et de son abolition, en particulier.

        La mort du Noir Américain Georges Floyd, associée à ce qu’il est convenu d’appeler les violences policières, mais aussi , la montée en puissance d’un certain activisme sur la question des réparations ont donné du relief singulier à ces évocations historiques.

              La démarche comporte divers aspects ; Il s’agit pour certains de dater cet évènement majeur de l’abolition de l’esclavage, à la Martinique ; Les uns privilégiant le 27 avril1848, date du fameux décret, pris par le gouvernement, en France, pour cette abolition ; les autres voulant retenir, la date de la révolte des esclaves du 22 mai 1848, qui va amener le fameux arrêté, pris, le 23 mai par le gouverneur, en Martinique, pour « confirmer » cette abolition dont le décret le prononçant ne sera parvenu, en Martinique, qu’au mois de juin.

        Mais il s’agit pour certains, aussi de rouvrir un contentieux qui est loin d’être refermé ; celui du processus ayant conduit à l’abolition de l’esclavage et des conséquences des modalités d’abolition retenues, à l’époque. Un contentieux, en termes de responsabilité pénale et civile, qui aurait opposé, déjà, avant 1848, et après, deux hommes politiques de la Martinique, les dénommés Cyrille Bissette, (passé aux oubliettes de l’histoire) et Victor Schoelcher(qui aurait fait et continu à faire l’histoire).

        D’autres personnes voudraient faire de ce processus de l’abolition de l’esclavage, incluant la 1ère abolition de 1794 et la 2ème de 1848, des éléments fondateurs de ce que l’on pourrait appeler le « récit national » ou « le roman national »martiniquais. Ce qui ne serait, pour les uns,  que « réinvention de l’histoire du pays Martinique, sous forme d’une fiction qui s’éloignerait de la réalité. Sinon, pour d’autres, rien moins, qu’une Histoire, de la Martinique, réécrite , « faite d’hommes et de femmes, de symboles, de lieux, de monuments, d’événements qui trouveraient sens et significations dans l’édification progressive d’une identité singulière de laMartinique », pour reprendre une formule, entendue chez des personnalités de droite comme de gauche, en France ces dernières années

        Et c’est ici que j’aime à reprendre volontiers le mot del’historien Marc Bloch, qui dit que : « l’incompréhension du présent nait fatalement de l’ignorance du passé » : les évènement en cours, de renversement de statues illustrent bien cette idée. Non pas forcément, ignorance chez ceux qui déboulonnent les statues, mais surtout incompréhension de ceux qui « assistent », à ces évènements, et pour lesquels, des pans entiers de connaissances relatives à l’icone déboulonnée ont été ignorés ou occultés, délibérément ou non.

        Mais, la deuxième partie du mot de Marc Bloch, n’est pas souvent citée, elle dit : « il est vain d’essayer de comprendre l’histoire si on ne sait rien du présent. Voici une petite illustration des réalités du présent qui nous renvoient à l’histoire, donnée par le cas Georges Floyd. Il s’agit bien de cet américain noir décédé après qu’un policier blanc ait maintenu son genou sur son cou, pendant 8 minutes 40 , lors de son arrestation, le 25 mai 2020, à Minneapolis, Minnesota, USA.

     On nous a dit que c’est pour un billet de 20 dollars que l’homme a été arrêté. En effet Georges Floyd aurait été arrêté, devant le Magasin Cup Foods à Minneapolis, parce qu’il aurait payé un repas avec un faux billets de 20 dollars.

      Ce billet de banque d’une valeur de vingt dollars,actuellement, en circulation aux États-Unis porte, au verso,l’effigie de l’ancien président américain Andrew Jackson,depuis 1928.

     Andrew Jackson est un grand président pour les Américains. L’homme occupa la Maison-Blanche de 1829 à 1837, et domina bien après la vie politique américaine ; Mais c’est un personnage très controversé, notamment pour son passé esclavagiste et parce qu’il est également resté dans l’histoire pour avoir massivement fait déporter les tribus indiennes. Hostile aux médias  et aux corps intermédiaires, il était à l’image du président US d’aujourd’hui, qui en est un fervent admirateur. Les activistes du mouvement « Black Lives Matter » ont essayé de déboulonner, sans y parvenir, la statue de Andrew Jackson qui se trouve à Lafayette Park, près de la Maison Blanche, à Washington

     Il était question, depuis 2016, que Harriet Tubman , la grande militante anti-esclavagiste et pour le droit de vote des femmes, celle que l’on nomme la Moise du peuple noir, figure sur un nouveau billet de 20 dollars à partir de 2020, date du 100ᵉ anniversaire du droit de vote féminin. Mais, en 2017, Donald Trump s’y est opposé. Il  ne veut pas le retrait du président Andrew Jackson, qu’il admire donc, sur les billets de 20 dollars.

       Pour un temps encore indéterminé, Andrew Jackson sera sur le billet de 20 dollars US , à moins que le mouvement iconoclaste, qui déboulonne les statues en ce moment, à la suite de la mort de Georges Floyd ne réussisse à faire changer cette icone, controversée, du billet de 20 dollar Américain, utilisé, en Amérique et dans le monde.

         Fort de France le 4 juillet 2020

        José Nosel

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