Le métier d’expert-comptable est « impacté dans ses missions traditionnelles ». Un plan de formation sans précédent depuis des décennies est engagé à l’horizon 2030.
source : www.lesechos.fr / Écrit par Hubert Vialatte
Par exemple, les traditionnels bilans annuels, où l’attention est portée sur le seul exercice passé, « laisseront la place à un copilotage proactif de l’entreprise », anticipe Cécile de Saint Michel. De plus en plus, les entreprises veulent des éléments actualisés.
C’est un plan [de formation] comme l’ordre n’en a pas connu depuis 1945.
Cécile de Saint Michel, présidente du Conseil national de l’ordre des experts-comptables
Le Conseil de l’ordre développe sa propre plateforme de développement partenaires (jefacture.com), en attente du feu vert de la Direction générale des finances publiques. Pour embarquer ses collaborateurs – ce qui est loin d’être simple, la montée de l’IA pouvant faire craindre des suppressions d’emplois -, il a lancé un plan de formation d’ici à 2030. Pas moins de 50 parcours, pilotés par le Centre de formation de la profession comptable, sont déployés par les instituts régionaux de formation.
Quelque 4,7 millions d’euros sont investis, soit 3 millions pour la formation des collaborateurs et 1,7 million pour celle des experts-comptables. « C’est un plan comme l’ordre n’en a pas connu depuis 1945 », souligne Cécile de Saint Michel.
Autre geste fort : pour la première fois, le Cnoec ouvrira aux collaborateurs son prochain congrès annuel, en septembre à Marseille. Aujourd’hui, les experts-comptables pratiquent tous le même métier. Mais on tend vers une spécialisation : service aux PME (relance clients, paiements fournisseurs, établissement de devis, secrétariat partagé, etc.), cybersécurité, gestion de patrimoine, digitalisation… Des cabinets plus structurés, comme Emargence à Paris ou Axylis en régions, ont déjà engagé cette structuration.
« Détecter des maladies »
En régions, les conseils régionaux de l’ordre (Croec) évangélisent auprès de leurs membres et des PME. Exemple en Occitanie, où le Croec fait le tour des départements pour sensibiliser les entreprises sur l’urgence de lancer une démarche RSE(responsabilité sociétale des entreprises) et établir ainsi les premiers bilans extra-financiers. « Cette démarche ne doit pas être perçue par les entreprises comme une contrainte venant de l’Europe, mais comme un atout vis-à-vis des fournisseurs et des donneurs d’ordres, et en termes de marque employeur », explique Pascal Castanet, son président.
Autre tendance, selon lui, que la profession va devoir pousser auprès des PME : la nouvelle notion de responsabilité territoriale des entreprises, c’est-à-dire l’impact des PME sur leur écosystème local. Un argument pour recruter des jeunes compétences, sensibles à ces enjeux.
Alors que les trésoreries des entreprises se dégradent, les experts-comptables sont également de plus en plus amenés à jouer un rôle de vigie. En Occitanie, une formation portant sur la prévention des entreprises en difficulté vient d’être créée, avec des audiences au tribunal de commerce et chez un administrateur judiciaire.
« Parvenir à sauver une entreprise en difficulté, en l’alertant notamment sur l’utilité de la procédure de sauvegarde, c’est, pour un expert-comptable, une réussite, car cela requiert un savoir-faire juridique. C’est plus intéressant que d’accompagner le succès de son client », affirme Marc Aufort, dirigeant associé du cabinet Axylis, qui emploie 180 salariés à Béziers et Toulouse pour 15 millions d’euros de chiffre d’affaires