Actrice, journaliste, (co) fondatrice avec sa Mère du Chelsea Film Festival, la Martiniquaise bâtit des ponts entre les cultures à travers le cinéma

Il y a des parcours que l’on devine à l’avance. Et puis il y a ceux qui prennent naissance dans un fracas. Une rupture. Un accident. Une révélation.
Le destin d’Ingrid Jean-Baptiste appartient à cette deuxième catégorie. Née à Paris d’une mère martiniquaise et d’un père originaire du Cachemire, elle grandit dans la capitale, bercée par les voix croisées de plusieurs mondes. Très tôt, une certitude l’habite : l’Amérique sera sa terre d’avenir. Elle a 12 ans lorsqu’elle prend seule l’avion pour Chicago, répondant à l’appel d’une correspondante américaine. C’est son premier grand saut. Il ne sera pas le dernier.
Une passion révélée face à la caméra

De retour à Paris, elle suit un parcours brillant en lettres, hypokhâgne, Sorbonne, presse écrite et télévision. Elle cherche à se former, à apprendre, à se dépasser. Pour vaincre sa timidité, elle s’inscrit au Cours Florent. Non pas pour devenir actrice, dit-elle, mais pour mieux affronter la caméra en tant que journaliste. Mais les planches réveillent une flamme inattendue : celle du jeu, de l’interprétation, du langage des corps.
C’est à New York qu’elle décide de s’installer définitivement, entrant au prestigieux Lee Strasberg Theatre & Film Institute, berceau de l’Actor’s Studio. Elle y découvre un théâtre total, exigeant, bouleversant. Deux ans de formation intense, de transformation intérieure. Jusqu’au jour où tout bascule.

L’épreuve qui redessine tout
Un accident de voiture dramatique la projette à l’arrêt. Sept côtes fracturées. Une colonne vertébrale touchée. Elle ne peut plus marcher. Ne peut presque plus lire. Ne peut plus écrire. Sa mère, présente ce jour-là, est elle aussi blessée. Commence alors une année de rééducation, de doutes, de douleur. Mais aussi d’éveil.
« Ce que j’ai vécu m’a brisée physiquement, mais m’a recentrée sur l’essentiel. »
Dans le silence des médicaments et des séances de kiné, une idée germe. Et si cette expérience pouvait devenir le point de départ d’un projet plus grand ? Un projet pour les autres. Pour les artistes. Pour les voix qui n’ont pas de scène.
Le Chelsea Film Festival : un acte de foi
En 2013, un an après son accident, Ingrid lance à New York le Chelsea Film Festival (CFF). Avec pour mission d’ouvrir les écrans aux cinéastes indépendants du monde entier, de favoriser les regards émergents, de créer des ponts entre les cultures.
Ce n’est pas un petit festival de quartier. C’est un pari audacieux, dans une ville rude, compétitive, mais avide de nouveauté. En moins d’une décennie, le CFF devient un rendez-vous international : 130 à 150 films par édition, une programmation éclectique mêlant courts, longs, séries et documentaires, venus d’Iran, de Tunisie, d’Israël, du Kazakhstan… et des Antilles.
L’élégance du cinéma, même à New York

Le Chelsea Film Festival ne se contente pas de montrer des films. Il célèbre le cinéma avec panache. À l’instar de Cannes, Ingrid impose un dress code glamour : smoking et robe longue sont de mise à l’ouverture.
« À New York, c’est très rare. Les gens sortent en baskets. Nous, on leur rappelle que le cinéma est une fête. »
Cette exigence fait mouche. Le festival devient une signature. Et un engagement : récompenser les talents (meilleur acteur, meilleure réalisatrice, etc.), fédérer les communautés, défendre le cinéma indépendant.

Une voix pour les sans-voix
Au fil des années, Ingrid devient sans le vouloir une ambassadrice de la France à New York, une femme qui fait rayonner les talents français, antillais, africains, asiatiques, dans un univers souvent fermé aux circuits alternatifs.
« Je n’ai pas fait une école de commerce. J’ai appris sur le terrain, avec ma mère à mes côtés, avec le soutien de fondations, de partenaires privés, de personnes qui ont cru à cette folie. »
Et maintenant ?
En octobre 2025, le Chelsea Film Festival fêtera sa 13e édition. L’appel à films est lancé. Jusqu’au 6 juillet, réalisateurs, documentaristes, vidéastes du monde entier peuvent soumettre leur œuvre. La seule condition : avoir l’envie de raconter. D’exister par l’image.
Ingrid, elle, est actuellement en Martinique pour un tournage télévisé. Elle représente la Martinique dans la Saison 3 de l’émission de jeu KALINA. Un clin d’œil à ses racines. Une manière de dire qu’elle n’oublie pas d’où elle vient. Elle est aussi membre du jury du Prix de Court
À tous les talents martiniquais…
Vous avez un film en vous ? Un regard ? Une histoire à partager ?
Le Chelsea Film Festival est une porte ouverte. Une chance de briller à New York.
Une scène qui, grâce à Ingrid Jean-Baptiste, parle créole, anglais, français, espagnol et universel.
L’appel à films est ouvert jusqu’au 6 juillet sur FilmFreeway.com.
Soumettez votre film avant le 6 juillet
🔗 Soumission sur : filmfreeway.com/ChelseaFilmFestival
🌐 Pour en savoir plus : chelseafilm.org
- CFF né en 2013 avec 17 films de 13 pays
- 2014 : 1er film nommé aux César après la 1ere edition du Chelsea Film Festival. Il s’agit du film Les Petits Princes de Vianney Lebasque, qui lance sa carrière en tant que réalisateur.
- 2017 : 1er prix remis à Ingrid Jean-Baptiste au Ministère des Affaires Etrangères, lauréate Prix du Public www.LePetitJournal.com
- 2019 : 6ème au classement des Meilleurs Festivals par le journal américain USA Today.
- 2022 : 10 ans du Chelsea Film Festival.