Récemment présentée par le Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM), MadiNati est une plateforme numérique dont l’un des précieux apports est d’inventorier l’ensemble de la biodiversité péyi ; soit un outil de mutualisation des connaissances et de sensibilisation aux enjeux inhérents à notre Vivant. Les précisions de Christelle Béranger, chargée de mission au PNRM et responsable de l’Observatoire Martiniquais de la Biodiversité.

Antilla : Quel organisme ou structure est à l’initiative de cette plateforme MadiNati ?

Christelle Béranger : L’initiative de MadiNati – qui rassemble les données de la biodiversité, de la faune et de la flore du territoire – vient de l’ensemble des membres de l’Observatoire Martiniquais de la Biodiversité (OMB). Et dès le lancement de cet Observatoire, l’objectif global était de centraliser les connaissances sur la biodiversité de la Martinique. Après, au niveau du Parc Naturel et par validation des membres, il a fallu qu’on réfléchisse aux outils concrets qu’on pouvait mettre en place. Donc on a commencé, en 2017, par le site web de l’Observatoire pour présenter la biodiversité par photos, par actualités et présentation des différents acteurs. Et il fallait que cet outil soit complété par un système d’informations, pour qu’on puisse spatialiser ces données et faire des recherches, par espèce ou espace, dans le cadre de nos rapports, de nos dossiers et pour les documents de planification du territoire.

Avec plusieurs étapes préalables je suppose ?

Oui on a commencé, comme on le fait à chaque fois pour tel ou tel projet, à constituer des groupes thématiques spécifiques sur le système d’informations. On a commencé à construire les besoins qu’on souhaitait remplir par MadiNati, et ensuite on a lancé une consultation publique au niveau du Parc Naturel pour être assistés par un prestataire, qui a créé cette plateforme.

Cet Observatoire Martiniquais de la Biodiversité réunit une quarantaine de structures partenaires, c’est bien ça ?

Tout à fait ; 43 structures, institutionnelles et associatives, font partie de cet Observatoire.

« Une espèce comme l’iguane des Petites Antilles est en danger critique d’extinction… » 

Ayant le Vivant pour objet d’études, MadiNati demande une réactualisation de données assez régulière, non ?

Oui, ça demande le chargement de plusieurs bases de données. Et c’est l’intérêt de cette plateforme : on peut rassembler les bases de données de différents acteurs, de personnes-ressources, d’experts, en un même lieu. Par exemple si on fait une requête sur une espèce, on pourra interroger toutes les bases et on aura un résultat disant que, pour l’instant et au niveau de connaissances actuelles, cette espèce est présente à tel(s) endroit(s). Et quand on a connaissance de tel ou tel état on peut voir par exemple s’il y a des zones qui sont peu inventoriées ; ce qui permettra d’aller plus loin et vers de l’innovation en termes d’études, de zones à enjeux, d’actions, etc. Grâce à MadiNati vous avez donc accès à toutes les espèces présentes en Martinique, notamment via des ‘’fiches-espèces’’ avec des photos, pour savoir si telle espèce est endémique, protégée, etc. Vous pouvez aussi voir les données – mammifères, oiseaux, reptiles, flore, etc. – que nous avons saisies dans la base, et faire des recherches.

Quel est l’« état de santé » global de la biodiversité de Martinique ? Est-elle grandement menacée ? Résiste-t-elle ?

Alors les résultats sont différents en fonction des groupes d’espèces, mais selon les diverses études notre biodiversité est clairement menacée. Par exemple(s) une espèce de reptile sur deux est menacée d’extinction ; une espèce comme l’iguane des Petites Antilles est en danger critique d’extinction : si on n’agit pas elle (cette espèce) va disparaître. Donc on se doit d’avoir une information vraiment précise, pour agir là où il faut.

« On a des outils qui pourront nous aider dans nos choix, et qui pourront constituer une aide à la décision » 

L’enjeu que représente la biodiversité est-il a minima présent dans les politiques publiques en Martinique ? Ou y-a-t-il encore du « boulot » pour une prise de conscience de l’urgence de ces enjeux ?

Je pense que la prise de conscience s’effectue depuis de nombreuses années : des programmes se mettent en place et des fonds sont alloués pour la biodiversité, en études ou en préservation. Mais c’est sûr qu’on aurait besoin de développer encore plus de programmes, et d’avoir plus de personnes-ressources pouvant être mobilisées sur ces questions.

Y-a-t-il déjà une prochaine étape ou un projet peut-être encore plus ambitieux, s’inscrivant dans la continuité de MadiNati ?

Entre le site internet de l’Observatoire et MadiNati on a une belle complémentarité. Sans parler des sites internet des structures qui travaillent dans ces domaines, et où l’on retrouve aussi moult informations. On a donc des outils qui pourront nous aider dans nos choix, et qui pourront constituer une aide à la décision. Un prochain chantier important de notre Observatoire sera la question des indicateurs de la biodiversité, qui nous renseigneront encore plus précisément sur les diverses évolutions et tendances.

Propos recueillis par Mike Irasque

 

www.madinati-martinique.fr

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