La note du secrétaire d’Etat Georges Lemoine faisant état du nombre de morts en 1967 à Pointe-à-Pitre

Tous, nous nous réjouissons de l’attitude du président des USA qui cherche à apaiser la colère des descendants d’esclaves des USA. L’histoire de leur souffrance est terrible. Bien sûr l’esclavage, mais aussi l’apartheid qui dura jusqu’aux années 60. Parmi la liste longue des abominations que leur firent subir les descendants d’esclavagistes, il y a le massacre de centaines d’entre eux à Tulsa, en Oklahoma les 31 mai et le 1er juin 1921. Un massacre perpétré durant deux jours où les barbares allèrent jusqu’à lâcher des bombes incendiaires sur les maisons des Noirs américains. Puis, un siècle de silence. Honte à eux ! C’est dire tout le mérite de Joe Biden d’aller s’incliner devant la mémoire des victimes, de soulever le couvercle de l’oubli, de raconter l’histoire et réparer ce qui est réparable.

Aux Antilles, on dit : ce qui est bon pour les canards est bon pour les oies !

En 1967, les 26 et 27 mai, environ une dizaine de Guadeloupéens sont morts sous la mitraille des forces de l’ordre, à l’occasion d’une grève d’ouvriers du bâtiment. L’historien Benjamin Stora, le même qu’Emmanuel Macron avait choisi pour l’établissement d’un rapport sur la guerre d’Algérie, a qualifié ces tueries de crime d’État dans un rapport remis le 21 novembre 2016 à Ericka Bareigts alors ministre des Outre-mer.

Dans la mémoire collective des Guadeloupéens, Mai 67 est un abcès purulent. La démonstration selon eux de la nature coloniale de la Ve République !

Faudra-t-il attendre un siècle pour qu’un président de la République puisse se rendre à Pointe-à-Pitre pour rendre hommage aux victimes de ce crime ? Faudra-t-il attendre un siècle pour qu’un président de la République reconnaisse la responsabilité de l’État français dans cette tuerie, responsabilité établie par la commission Stora ? Faudra-t-il attendre que les enfants et petits enfants des Taret, Pincemaille et autre Nestor disparaissent pour qu’un président de la République puisse réparer cette faute grave de la Ve République ?

Il est facile de voir la paille dans les yeux des autres et ne pas la voir dans les siens !

Il y a apparemment un véritable aveuglement de l’État vis-à-vis des sociétés d’outre-mer. Apparemment…, car cela pourrait être quant au fond les signes d’une volonté délibérée de laisser pourrir la situation. L’idée étant que ces crises identitaires auxquelles nous assistons (la dernière en date étant le déboulonnage officiel du buste de Victor Schœlcher par le maire du Lamentin en Martinique) ne soient que des soubresauts de sociétés post esclavagistes à l’agonie (société vieillissante, jeunesse diplômée majoritairement à l’extérieur, caldochisation).  Mais, avant que le futur soit en rupture avec l’histoire post-esclavagiste (ce qui est en train d’incuber), des accidents graves surviendront.

Bien sûr, ce ne sera pas la faute de l’État français, le Ponce Pilate !

Serge Romana

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