C’est le cri d’alarme de madame la ministre de la Justice Christiane Taubira. Oui hélas ! la France humilie et nous en avons malheureusement l’illustration vivante sous nos yeux et notamment dans les Jardins du Luxembourg à l’occasion de l’exhibition de l’exposition consacrée au feu président du Sénat : Gaston Monnerville.
Comment l’une des Institutions des plus importantes de France a-t-elle pu à ce point défigurer l’image de cette immense personnalité marquante de la IIIème, IVème et Vème République en laissant afficher publiquement une série de caricatures, sorties de leurs contextes, outrageantes, désobligeantes et indignes de la grandeur de cet homme ?
La caution apportée par Gérard Larcher, Président actuel du Sénat, qui a inauguré cette exposition en présence de son Vice-président, monsieur Georges Patient, par ailleurs, président de la Société des Amis du Président Gaston Monnerville, nous laisse un goût amer, tant notre indignation nous soulève le cœur !
Jugez-en ! Deux panneaux, pas les seuls d’ailleurs, nous montrent, pour le premier : Le Général De Gaulle « dans une posture pouvant être lue comme dédaigneuse » répondre à une question par : «Monnerville connais pas ? » ??? est-ce à dire qu’il serait « raciste » ? Et par cette négation exprimer son « mépris » à l’égard du petit-fils d’esclave, présidant cette Haute institution, parce que noir, il n’existerait pas pour la République qu’incarne son Président ? C’est là nous semble-t-il, aujourd’hui une aberration, une ignominie que de présenter, comme cela les divergences hautement philosophiques, politiques, intellectuelles, juridiques… qui divisèrent, sur le plan institutionnel, ces deux hautes personnalités de notre Histoire.
Je ne peux vous taire l’autre panneau avec ses : Ya-bon ; le singe ; le diable noir… Peut-on réellement, aujourd’hui, remettre à la lumière du jour ces caricatures d’une autre époque pour un homme de cette envergure ? Il y figure, entres autres, cette illustration, plus affligeante, plus outrancière et injurieuse tant pour Monnerville que pour le Général. Il s’agit de celle-ci !

Même, si elle parle d’elle-même, quelques précisions symboliques s’imposent néanmoins. Le triangle faisant référence à l’humanisme, donc nous savons l’appartenance, non cachée, de Gaston Monnerville, pèse au-dessus de la tête du Général, accablé d’effroi à la vue de Monnerville juste au- dessus du singe ? Que dire de ce « diablotin noir », trident en main, persécutant De Gaulle Président de la France, donc incarnation de la République !!!
N’est-ce pas là la remise en cause fondamentale de l’un des plus nobles combats de Monnerville, infatigable défenseur de la République et de son Ecole laïque.
Comment comprendre la caution apportée par le président Larcher et son Vice-président, pourtant élu des Outre-mer, à de telles fallacieuses représentations dénigrant à ce point l’image de ce grand homme ?
Ne serait-ce pas là, encore, jeter de l’huile sur les braises de la dislocation sociale et rallumer le feu des manifestations identitaires dont nous avons vu les actions violentes dans les Outre-mer et même en métropole avec les tentatives de déboulonnage des statues des personnalités historiques ?…
N’y avait-il pas d’autres images pouvant rendre, en ce trentième anniversaire de sa disparition, compte de la vie de Monnerville : engagé volontaire lors des deux guerres ; résistant de la première heure ; défenseur des droits de l’homme ; lanceur d’alerte, avant l’heure en 1933, pour la défense de la communauté juive persécutée en Allemagne nazie ?…
Bien sûr que oui ! Mais le choix délibéré de dénigrement orchestré par cet hommage programmé ne s’arrête pas là ! Car un film documentaire prévu pour être diffusé sur une chaîne de télévision reprend cette thématique des caricatures avec le synopsis dont nous tirons les extraits suivants :
… « Des caricatures commentées avec un œil d’aujourd’hui par notre « corpus de conscience noire » qui en voyant le traitement réservé à Monnerville feront écho à la situation d’aujourd’hui ».
« Il sera facile d’opposer le grand chef blanc « De Gaulle » au petit cacique noir Gaston Monnerville… »
« Ces caricatures coup de poing vont prendre une autre dimension notamment dans une cruauté pas forcément perceptible à l’époque » … etc.
« Le grand chef blanc, le petit cacique noir » ??? réduire à une telle vision ces deux grands hommes d’Etat avec le concours d’une Institution telle que le Sénat, n’est-ce pas humiliant pour la mémoire de ces deux hautes personnalités qui ont construit notre histoire ? Alors oui ! la France humilie l’Histoire, humilie ses serviteurs et sa représentation nationale…
Peut-on laisser vraiment, aujourd’hui, à l’heure de la panthéonisation de Joséphine Baker, une Institution comme le Sénat détruire notre cohésion sociale, mettre de l’huile sur le feu des tensions communautaires… en un mot dresser les Français les uns contre les autres ?
Nul responsable politique, acteur de la société civile, citoyen conscient… ne pourrait le permettre, car notre République est et restera Une et Indivisible.
Ceux qui ont cautionné cette exposition devront en rendre compte à la Nation. Huguette TIEGNA, députée du Lot
Membre du Comité pour la panthéonisation de Gaston Monnerville
________________________________________________________________________________________________________ Huguette.tiegna@assemblee-nationale.fr

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