Avec la hausse des températures, les adultes bougeront moins, estiment des chercheurs. Alors même que marcher ou faire du vélo contribuent à lutter contre l’émission de gaz à effet de serre.

Dix mille pas et plus. Cette pilule universelle qu’est l’activité physique (AP) est-elle menacée dans l’avenir par le changement climatique ? Dans quelle mesure les moyens de transport actifs, tels la marche et le vélo, peuvent-ils au contraire contribuer à lutter contre le réchauffement de la planète ? Pourrait-on développer des « activités physiques durables » ou slow sports, bénéfiques pour la santé et avec un coût énergétique peu élevé, notamment en transport et matériel ?

Des scientifiques ont eu la bonne idée d’explorer les liens, complexes et bidirectionnels, entre réchauffement climatique et AP, en réalisant une revue complète de la littérature. Leur article est paru en ligne dans la revue Sports Medicine, le 10 mars. Paquito Bernard, chercheur en sciences de l’activité physique (université du Québec à Montréal/Institut universitaire en santé mentale de Montréal), premier auteur de ce travail, et ses collègues ont retenu au total soixante-quatorze publications, correspondant à des études observationnelles, expérimentales, à des simulations…

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Le constat et les prévisions ne sont guère réjouissants. La pollution de l’air, les pics de chaleur et l’exposition à des catastrophes naturelles sont négativement associés au volume d’AP dans le cadre des transports, des loisirs, du travail. La probabilité de participer à une activité physique mensuelle augmente jusqu’à une température de 28 °C, puis décroit au-delà de 36 °C, de façon drastique après 40 °C, selon un travail américain.

Risques pour la santé

Ces effets seront encore plus marqués chez les adultes vivant avec une maladie chronique, en surpoids ou d’âge avancé. De surcroît, l’activité physique pourrait s’avérer plus à risque pour la santé. Ainsi, une modélisation de chercheurs australiens prévoit que l’élévation des températures de 4 °C à 6 °C, prévue, en 2070, à Perth aura d’importantes conséquences pour les AP de loisirs et professionnelles, avec une augmentation des épisodes de coup de chaleur.

En matière de bilan carbone, les activités physiques et sportives font partie à la fois du problème et de la solution, observent les auteurs de la revue de littérature. Sportifs amateurs et professionnels peuvent avoir une empreinte carbone élevée, majoritairement du fait de leurs déplacements. Au grand dam de certains athlètes, surtout quand ils pratiquent une activité en pleine nature. C’est le cas notamment de la kayakiste olympique Sarah Guyot, qui se dit sans cesse tiraillée entre ses principes et les contraintes du haut niveau. « Pour polluer moins, il faudrait tout simplement que j’arrête ma carrière », avait-elle confié à L’Obs en 2019.

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Inversement, les modes de transport actifs peuvent contribuer à diminuer la pollution locale et l’émission de gaz à effet de serre. Ce n’est cependant pas la seule dimension où l’AP a un effet positif dans la lutte contre le réchauffement climatique ou ses conséquences, souligne Guillaume Chevance, chercheur à l’Institut de santé globale de Barcelone (ISGlobal), deuxième auteur de l’article dans Sports Medicine.

Après certaines catastrophes naturelles, des communautés sportives peuvent se mobiliser pour apporter du soutien matériel et humain aux victimes, avec des vélos cargos par exemple. « Plusieurs études ont montré que les programmes d’activité physique ont des effets favorables sur l’anxiété postcatastrophe, et participent à la résilience des victimes, notamment chez les enfants », ajoute Guillaume Chevance. « Des publications mentionnent aussi que la réhabilitation d’infrastructures sportives (terrains de jeux, parcs) est une des priorités évoquées par des résidents de zones touchées par une catastrophe naturelle », écrivent les chercheurs.

Une preuve de plus, s’il en était besoin, des bienfaits de l’AP pour la santé mentale et physique.

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