Grégory Roy-Larentry, candidat du Rassemblement National, s’est qualifié pour le deuxième tour des législatives en Martinique. Militant pour un changement politique dans l’île, il souhaite proposer de nouvelles alternatives malgré la faible popularité de son parti dans notre département. Il soutient la création d’un ministère de l’Outre-mer renforcé pour mieux répondre aux défis spécifiques des départements d’outre-mer.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Gregory Roy-Larentry, âgé de 32 ans, infirmier libéral, père de deux enfants et marié. J’ai rejoint le Rassemblement National il y a environ un an. Bien que je suive la politique nationale et locale depuis plus d’une dizaine d’années, c’est la première fois que je décide de m’engager activement.

J’ai choisi le Rassemblement National car il me semble être le seul parti proposant des solutions concrètes pour les Outre-mer.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous étiez le premier candidat RN à passer au second tour en Martinique ?

J’ai été surpris et fier. On s’est dit que le travail avait payé, car nous nous sommes vraiment donnés à fond avec les équipes sur le terrain. Cela a été une agréable surprise, surtout dans un bastion représenté par Jean-Philippe Nilor.

Le Rassemblement National est souvent perçu de manière très négative en Martinique, suscitant des sentiments de rejet et de méfiance. Comment comptez-vous surmonter cette perception et convaincre les électeurs martiniquais que votre parti est apte à représenter les intérêts de l’île ?

je pense que les temps ont changé. Nous travaillons activement à donner une nouvelle image du Rassemblement National. Historiquement, tout le monde connaît notre parti pour ses positions fermes sur l’immigration et la sécurité, mais nous souhaitons aujourd’hui axer nos priorités sur des thèmes cruciaux pour la Martinique, tels que le pouvoir d’achat, la santé et la sécurité.

Nous abordons ces sujets de manière directe et concrète avec les électeurs, ce qui contribue à les rassurer. Plus nous communiquons avec les gens, plus ils comprennent notre volonté d’apporter des solutions réelles à leurs problèmes quotidiens.

Il est important de noter que dans mon équipe, j’ai des personnes qui ont autrefois manifesté contre la venue de Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui, ces mêmes personnes sont adhérentes au Rassemblement National. Par exemple, un membre très connu du monde de la culture en Martinique, monsieur La Morandière, avait même organisé une marche de Paris à Nantes pour réclamer la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Il fait désormais partie de notre mouvement. Cela démontre à quel point notre parti a évolué et peut désormais rassembler une diversité d’opinions et de parcours pour œuvrer ensemble au bien-être de notre île.

Beaucoup de personnes se sentent abandonnés et votent le RN en Outre-mer. Selon vous, quelles ont été les erreurs de la gauche martiniquaise ?

Je dirais que c’est le statu quo.
“Quand on regarde la situation des Martiniquais, leur pouvoir d’achat stagne voire diminue, et la situation ne s’est vraiment pas améliorée pour eux. La sécurité se dégrade aussi, ce qui contribue à un sentiment de désillusion. Quand on a des élus en place depuis plus de 15 ans, il est normal que les gens aient envie de changement.”

Prenons par exemple un élu qui a été parlementaire pendant quinze ans après avoir été assistant parlementaire pendant douze ans. Une telle longévité dans les fonctions sans amélioration visible pour les citoyens suscite une envie de nouvelles voix et de nouvelles solutions. C’est pour ces raisons que certains se tournent vers le Rassemblement National.

Concernant la vie chère en Outre-mer, quelles sont les idées du RN pour combattre cette problématique, notamment en matière d’autosuffisance alimentaire ?

Nous proposons plusieurs solutions. Tout d’abord, nous souhaitons réformer l’octroi de mer. Actuellement, l’octroi de mer touche plusieurs produits locaux, ce qui est contre-productif. Nous voulons que cette taxe soit limitée uniquement aux produits qui entrent en concurrence avec les produits locaux. Par exemple, il est absurde que l’octroi de mer s’applique à certains produits importés alors qu’ils ne concurrencent pas directement les produits martiniquais.

En outre, nous prévoyons des mesures comme la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, y compris l’essence, en passant de 20% à 5%. Une réduction globale des tarifs des produits de nécessité est également envisagée pour alléger la charge financière sur les ménages.

Concernant l’autosuffisance alimentaire, le Rassemblement National soutient fermement le localisme. Nous encourageons la production locale à 100% pour réduire la dépendance aux importations et renforcer l’économie locale. Cela implique non seulement de soutenir les agriculteurs locaux mais aussi de développer des infrastructures qui favorisent la production et la distribution de produits alimentaires locaux.

En matière de sécurité, beaucoup de candidats souhaitent adopter une stratégie éducative, envers les délinquants. Est-ce votre opinion aussi ?

Il s’agit effectivement d’une piste à explorer, mais ce n’est pas la seule solution. Je dirais que l’éducation et la réinsertion sociale des délinquants peuvent jouer un rôle important, mais nous devons également renforcer les forces de l’ordre. Par exemple, il serait bénéfique d’augmenter les effectifs de gendarmes en Martinique et d’implémenter une formation locale pour former des jeunes aux métiers de la gendarmerie.

Nous croyons au localisme aussi dans les administrations. Il est crucial de recruter des Martiniquais pour des postes de sécurité, afin qu’ils puissent protéger et servir leur propre communauté avec une compréhension profonde des dynamiques locales. Nous avons donc pour projet de renforcer les effectifs de sécurité et d’intégrer davantage de locaux dans les forces de l’ordre.

Pour les services publics, quelles sont les priorités du Rassemblement National pour améliorer la qualité et l’accessibilité de ces services en Martinique ?

Il faut une grande refonte au niveau du ministère des Outre-mer et une meilleure gestion des services publics également ici. C’est un travail de fond qui va demander du temps. Les problématiques des services publics durent depuis de nombreuses années et ne se résoudront pas d’un coup de baguette magique.

L’intégration dans les Caraïbes pour les départements antillais est un sujet nécessaire à aborder. Que propose le Rassemblement National à ce sujet ?

Le Rassemblement National soutient l’idée que les départements d’outre-mer devraient pouvoir échanger commercialement avec les îles voisines, ce qui est crucial à prendre en compte. Actuellement, les possibilités sont très restreintes, donc une solution pourrait être de faciliter le commerce avec les îles voisines pour améliorer cette situation.

Selon un baromètre établi à Bourges par l’UNCCAS (Union Nationale des Centre Communaux d’Action Sociale) en 2023, 7 français hexagonaux sur 10 ne se sentent pas concernés par les problématiques liés à l’Outre-mer. Si vous devenez député, quels seront vos projets afin d’y remédier ?

Comme je l’ai expliqué précédemment, notre parti propose la création d’un vaste ministère de l’outre-mer doté de budgets renforcés, visant ainsi à accroître l’indépendance institutionnelle des territoires. Cette mesure représente une première étape significative qui facilitera la promotion des échanges commerciaux. Il est crucial de sensibiliser les citoyens de la France métropolitaine au fait que ces territoires éloignés sont également importants pour la France dans son ensemble.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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