Caribbean News Global.
• Trinité-et-Tobago : Une série d’homicides pousse le gouvernement à déclarer l’état d’urgence
• Haïti : Les civils restent vulnérables aux attaques de gangs malgré les efforts des forces de police
TRINITÉ / HAÏTI
Sandra Pellegrini, analyste principale pour les Caraïbes au sein de l’organisation de cartographie des conflits ACLED, a déclaré :
« La prolongation de trois mois de l’état d’urgence fait suite à une période d’escalade de la violence. À l’approche des élections d’août, la sécurité devrait devenir un enjeu politique central. Nos données montrent une augmentation de 28 % de la violence liée aux gangs au cours des six dernières années, et cette violence est désormais plus dispersée au lieu d’être concentrée dans des points chauds identifiés comme dangereux. La position stratégique de Trinité-et-Tobago, à la fois comme destination et point de transit des marchandises illicites, a exacerbé la disponibilité généralisée des armes et des drogues, alimentant l’activité des gangs.
« Nous enregistrons des actes de violence chaque semaine, et je crains malheureusement que les niveaux de violence restent élevés tout au long de l’année. »
Le 30 décembre, le gouvernement a annoncé l’instauration d’un état d’urgence après le meurtre d’au moins sept personnes entre le 27 et le 29 décembre, dont cinq victimes d’une fusillade unique à Laventille. Selon la police, une grande partie des homicides dans le pays découle de règlements de comptes entre gangs. Depuis qu’ACLED couvre Trinité-et-Tobago en 2018, la violence liée aux gangs n’a cessé de croître, touchant un nombre croissant de localités. En 2024, des incidents violents ont été enregistrés dans au moins 90 endroits, soit une augmentation de 28 % par rapport à 2018.
Les nouvelles mesures d’urgence accordent des pouvoirs étendus à la police, notamment l’autorisation d’arrêter des individus sans inculpation pendant 48 heures et la possibilité de perquisitionner des domiciles sans mandat. Toutefois, les experts préviennent que si ces mesures peuvent offrir un soulagement à court terme, elles ne s’attaquent pas aux causes profondes de la violence, telles que la disponibilité généralisée des armes et des drogues.
Avec la montée de la violence des gangs et l’inquiétude croissante du public, la sécurité devrait devenir un enjeu majeur des élections prévues le 10 août 2025.
Haïti : Les civils restent vulnérables aux attaques de gangs malgré les efforts de la police
En décembre, des gangs opérant à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite ont mené des attaques de représailles contre des civils, provoquant une hausse des décès signalés, faisant de ce mois le plus meurtrier pour les civils depuis 2018. Plusieurs massacres expliquent cette augmentation.
Entre le 6 et le 8 décembre, le gang de Wharf Jérémie dirigé par « Micanor » a exécuté au moins 207 résidents de Cité Soleil après qu’un prêtre vaudou eut suggéré qu’ils utilisaient de la sorcellerie pour causer la maladie du fils du gangster. Le 10 décembre, les gangs Gran Grif, Lika et Palmiste ont attaqué plusieurs villages dans l’Artibonite, tuant au moins 70 habitants.
Ces attaques ont été menées en représailles à une intervention conjointe de la police et de la Mission Multinationale de Sécurité (MSS) dirigée par le Kenya, visant à reprendre un poste de police, qui s’est soldée par la mort d’au moins 30 gangsters par un groupe d’autodéfense. Ces massacres, ainsi qu’une attaque contre l’hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince, ont conduit le conseil présidentiel de transition à déclarer un état d’urgence du 22 décembre au 21 janvier et à créer un conseil national de sécurité.
En 2024, la police a intensifié ses opérations contre les gangs pour limiter leur expansion territoriale et leurs attaques directes, entraînant une augmentation de 40 % des affrontements entre forces de sécurité et gangs. Malgré le soutien international, y compris le déploiement de la MSS dirigée par le Kenya à partir de mi-2024, les récents massacres montrent les résultats mitigés des opérations anti-gangs pour réduire la violence et le contrôle exercé par les gangs. Malgré la prolongation du mandat de la MSS pour un an supplémentaire et le déploiement d’officiers d’Amérique centrale en janvier, les forces de sécurité continuent de faire face à des défis majeurs pour contenir les gangs et protéger les civils, tandis que les autorités de transition visent des élections en 2026.