Les inégalités se sont creusées partout sur la planète durant la pandémie que nous vivons depuis décembre 2019. C’est la conclusion d’un rapport préparé par plus de cent chercheurs du monde entier qui observent que les écarts constatés ne concernent pas uniquement les revenus.

Il y a bel et bien un monde d’après la pandémie et un d’avant cette crise sanitaire planétaire. De très nombreux experts prédisaient que les rapports de force allaient être bouleversés à l’issue de cet épisode, que les écarts de richesses entre pays et continents allaient s’accroître. Certains observateurs estimaient même que la civilisation humaine de ce début du XXIe siècle serait sapée sur ses fondements.

Un document de référence leur donne largement raison. Il s’agit du dernier rapport publié ce 7 décembre 2021 par le Laboratoire sur les inégalités mondiales animé par des experts regroupés autour de Thomas Piketty au sein de l’Ecole d’économie de Paris. Le document montre que la crise provoquée par l’expansion du Covid-19 augmente l’accaparement des richesses mondiales par les individus, les couches sociales et les pays les plus riches.

   Le Rapport sur les inégalités mondiales 2022 consent que ce constat n’est pas nouveau. La centaine de chercheurs en sciences humaines et sociales des cinq continents qui l’ayant élaboré mettent en exergue cette fois trois autres types d’inégalités. Il s’agit de celles liées au patrimoine, au genre et à l’environnement.

Les riches sont plus riches, sans surprise

Ainsi, la concentration du patrimoine s’est aggravée au point que 50% des personnes les plus pauvres possèdent 2 % des propriétés privées, alors que la fraction des 10% la plus riche en possède 75%. Le record, si l’on peut s’exprimer de la sorte, est atteint par l’Afrique subsaharienne. La situation est moins défavorable en Europe, le continent le plus riche, mais révèle tout de même la répartition inéquitable de la fortune.

La deuxième conclusion du rapport a trait aux discriminations professionnelles envers les femmes. Les revenus tirés du travail proviennent à hauteur de 35% pour les femmes et de 65 % pour les hommes. L’évolution est perceptible ces trois dernières décennies, certes, mais “les progrès sont extrêmement lents” écrit Lucas Chancel, l’auteur principal du rapport.

Les inégalités concernent aussi la vie sociale

Aujourd’hui encore, les femmes accèdent aux emplois les moins qualifiés, les plus mal payés et aux horaires les plus désavantageux. Et ce, même si elles souvent plus diplômés que les hommes. Les préjugés ont la vie dure. Les politiques publiques visant à l’égalité professionnelle demeurent inefficaces, sur toute la planète.

Le troisième type d’inégalité consiste en ce que les auteurs nomment “le défi climatique”. Ils estiment que le débat mondial sur les effets néfastes des dérèglements du climat doit prendre en compte d’autres facteurs que la simple énumération des émissions nocives de gaz carbonique dans l’atmosphère. La réalité est contrastée, ici et là. Si les pays riches sont les plus gros pollueurs, il sont suivis de près par la Chine et l’Inde qui regroupent 2,5 milliards d’habitants sur les 7 milliards de la planète.

Il reste à savoir comment nous devrons relever les défis économiques, sociaux culturels et environnementaux qui remettent en cause les grands équilibres de notre monde actuel. Un vaste débat s’ouvre, auquel nous tous, en Martinique y compris, devrons prendre notre part. Il y va de l’avenir de notre civilisation.

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