Malgré la propagation de la grippe espagnole, le président Woodrow Wilson avait insisté pour maintenir les élections.

Les modes de vote traditionnels pourraient se trouver bouleversés par l’épidémie de coronavirus. | Arnaud Jaeger via Unsplash

Une crise sanitaire majeure, au cours d’une année d’élections cruciales… Aux États-Unis, plus d’un siècle après la pandémie de grippe espagnole, le schéma se reproduit.

Le président de l’époque, Woodrow Wilson, ainsi que le Parti démocrate avaient insisté pour maintenir ces élections, en dépit du nombre accablant de décès.

«Le premier scrutin masqué»

Pour se prémunir contre toute contamination, les autorités locales de tous les comtés américains avaient adopté des mesures sanitaires strictes. Le port du masque était obligatoire pour chaque sortie, notamment pour aller voter, et un confinement était imposé aux citoyen·nes.

Un article de NBC News rapporte d’ailleurs que pour de nombreuses personnes, les midterms de 1918 ont été la première occasion de sortir du confinementdepuis plusieurs semaines.

Le San Francisco Chronicle avait alors réalisé un reportage dans les bureaux de vote de la ville, pour immortaliser le «premier scrutin masqué des États-Unis». Des votants y reconnaissaient regretter d’être sortis pour se rendre aux urnes: «Je vais vite retourner au lit. Je n’aurais vraiment pas dû sortir voter avec cette grippe.»

Dans beaucoup de territoires ruraux américains, voter est un acte de fierté. Mais à certains endroits, le scrutin de 1918 a eu des conséquences désastreuses. À Red Cloud, dans le Nebraska, 110 personnes sont décédées au lendemain des élections, soit près de 6,5% de la population de la ville.

La piste du vote par courrier

«Si [les votants en 1918] avaient eu l’option du vote par courrier, ils l’auraient fait», affirme Kristin Watkins, experte en maladies infectieuses et santé publique.

Au États-Unis, la situation de 1918 semble comparable à celle traversée en 2020, année de l’élection présidentielle. De nombreux États ont cette fois mis en place un système de vote par courrier, plus respectueux des précautions sanitaires. La mesure ne plaît pas à Donald Trump: «Les scrutins par courrier sont très dangereux pour ce pays, car ce sont des moyens de tricher», s’est-il insurgé en avril.

David Becker, expert en élections américaines, tient à rassurer: il n’y a pas de raison de s’inquiéter. La pratique du vote par correspondance est déjà répandue dans plusieurs États, sans incidents majeurs à déplorer. L’expert assure par ailleurs que les cas de fraude électorale, par courrier comme en présentiel, sont quasiment inexistants

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