The Nature conservancy
Souvent associées aux sources hydrothermales et aux poissons-pêcheurs, elles recèlent encore bien des secrets. Le Dr Steve Schill, scientifique en chef de la Division des Caraïbes, collabore avec le géospatialiste Ryan Shields pour développer un modèle d’habitat des fonds marins. Ce projet vise à favoriser la conservation de ces zones peu connues, mais essentielles, comme le détaille cet article.
Que faisons-nous ?
« Nous travaillons à protéger des parties importantes des océans pour préserver la santé des océans et des îles. On pense souvent aux récifs coralliens, aux herbiers marins et aux mangroves, mais nous voulons aussi protéger les profondeurs sombres des océans que peu de gens verront un jour. »
Pourquoi le faisons-nous ?
« Nous connaissons bien peu les fonds océaniques par rapport aux zones côtières. Paradoxalement, nous en savons parfois davantage sur d’autres planètes que sur notre propre plancher océanique. Pourtant, des animaux vitaux vivent dans ces profondeurs, et leur santé influence celle de l’océan tout entier.
« La localisation de ces zones importantes est complexe. Plus de 75 % des fonds marins se trouvent à des profondeurs supérieures à 4 000 mètres, un environnement sombre, froid et soumis à une énorme pression. Nous faisons des progrès lents mais prometteurs.
« Des entreprises souhaitent également explorer ces zones pour extraire des minéraux et métaux précieux, tandis que certaines espèces animales sont recherchées pour des usages médicaux. Bien que l’exploitation minière à grande échelle n’ait pas encore commencé, nous devons protéger ces habitats avant qu’ils ne soient endommagés. Pour cela, il est crucial de les cartographier, tâche bien plus avancée pour les zones côtières que pour les grandes profondeurs. »
Comment procédons-nous ?
« Nous utilisons des cartes numériques pour examiner les fonds marins et repérer les zones riches en biodiversité. Nous analysons la topographie : où se trouvent les zones élevées, plates, inclinées ?
« Par exemple, la crête de la Barbade est une formation sous-marine qui ressemble à une chaîne de montagnes, tandis que le bassin de Tobago est un immense creux, et la fosse de Porto Rico, au nord, ressemble à un canyon sous-marin. Ces structures offrent divers habitats pour la faune. Les monts sous-marins offrent des surfaces solides où certaines espèces peuvent s’accrocher, et ils peuvent aussi abriter des métaux précieux. Les pentes influencent le flux des nutriments, comme des rivières sous-marines, tandis que les dépressions collectent ces nutriments, créant des environnements propices à la vie marine.
« La profondeur est également un facteur crucial. Nous cartographions les différentes zones de profondeur, depuis les eaux baignées de lumière jusqu’aux tranchées glaciales. Plus on descend, plus la vie devient difficile. La rugosité du sol marin joue aussi un rôle en offrant des abris. L’orientation des pentes est un autre paramètre important. »
Que nous réserve l’avenir ?
« Aujourd’hui, nous utilisons ces cartes pour estimer où se trouvent les zones riches en biodiversité. Si nous découvrons un mont sous-marin, nous savons qu’il est probablement habité. Chaque nouvelle observation nous apprend des conditions préférées par les espèces des grandes profondeurs — profondeur, température, salinité. Avec les technologies modernes, nous pouvons cartographier ces paramètres à grande échelle.
« En croisant ces données, nous pourrons mieux localiser les habitats profonds à préserver. À long terme, nous espérons créer des cartes détaillées des fonds océaniques, semblables à celles que nous avons pour les récifs coralliens, et protéger les zones les plus vitales pour la biodiversité. »