Il y a 376 ans, le 23 mars 1648, la France et les Pays-Bas ont conclu le traité de Concordia, définissant le partage de l’île de Saint-Martin dans les Antilles. Malgré les transformations historiques, ce traité a persisté, façonnant les relations entre les deux nations jusqu’à récemment. L’histoire de Saint-Martin, située au nord de la Guadeloupe et à l’est de Porto-Rico, est marquée par une succession d’influences européennes, les luttes pour le contrôle de ses ressources et la pratique de l’esclavage.

Située au nord de la Guadeloupe et à l’est de Porto-Rico, l’île a d’abord été habitée par les deux peuples autochtones de la région, les Taïnos (Arawaks), et les Caraïbes (Kalinagos). Le contact avec les Européens se fait quand Christophe Colomb débarque le 11 novembre 1493, le jour de la Saint-Martin. L’île sera ensuite convoitée par les Espagnols, les Français, les Hollandais, les Portugais, les Anglais et même les Flamands, notamment pour ses dépôts salins, qui lui vaudront le surnom de Soualiga, soit « Terre de Sel ».

Entre 1627 et 1631, la Hollande décide de s’installer à Saint-Martin pour en exploiter les gisements naturels de sel avant de passer un accord avec les Français : le Traité du Mont des Accords (ou Mont Concordia), du nom de la montagne où il sera conclu. Celui-ci organise le partage de l’île entre la France et la Hollande, assure une libre circulation des biens et des personnes pour éviter l’existence d’une frontière et crée une obligation d’entraide entre les deux parties. Il reconnaît donc à la fois l’unité de l’île et sa double nationalité.

Néanmoins, à diverses reprises l’application de ce traité sera perturbée. Les siècles suivants, les deux nations doivent faire face à de nombreuses attaques anglaises à tel point qu’entre 1648 et 1816, Saint-Martin changera sept fois de mains entre Français, Hollandais et Anglais.

Comme dans le reste de la zone, l’esclavage y est pratiqué entre le 17ème et le 19ème siècle. Il sera aboli dans la partie française le 28 mai 1848, soit 1 jour après la proclamation de l’émancipation en Guadeloupe, dont le territoire dépendait alors. Cette décision entraîna rapidement l’émancipation des esclaves de la partie néerlandaise, même si les Pays-Bas ne décidèrent de l’abolition que 15 ans plus tard, en 1863.

L’économie sera redynamisée au 20ème siècle par l’industrie du tourisme dont profiteront de nombreux Américains. Aujourd’hui, l’île reste marquée par sa double nationalité, toutes les familles ayant des ressortissants de part et d’autre de la frontière, et présente une identité fondamentalement multiculturelle et plurilingue.

Bien qu’il ait régi les rapports entre la France et les Pays-Bas sur le territoire pendant près de 4 siècles, le traité de Concordia n’était pas sans zones d’ombre sur la délimitation exacte de la frontière interne de l’île, et ce n’est en fait que le 26 mai 2023, 375 ans après la signature du traité originale, que les deux puissances européennes ont définitivement fixé les limites de leur souveraineté respective, par un accord frontalier signé par les deux Etats.

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