“Nos jeunes talents culinaires qui ont fait le choix de rester ou de revenir au pays doivent avoir la même chance de reconnaissance que les établissements de l’Hexagone..!”

Chaque année, c’est un événement très attendu dans le monde de la gastronomie française et internationale. La cérémonie de remise des étoiles Michelin récompense les plus grands chefs et les meilleures tables de l’Hexagone. Pourtant, année après année, un pan entier de la cuisine française brille par son absence : celle issue des territoires d’Outre-mer. Une aberration que dénonce avec force le Cluster du Tourisme en Martinique, représenté par son Président Philippe LECUYER

Un rendez-vous manqué avec les talents ultra-marins

Le 18 mars prochain, le Guide Michelin décernera une nouvelle fois ses précieuses étoiles aux chefs de la métropole. Trois étoiles pour une “cuisine unique au monde”, deux pour “un détour valant le voyage” et une étoile pour “une cuisine d’une grande finesse”. Mais dans cette pluie de récompenses, il manquera cruellement les pépites culinaires venues des Antilles, de l’Océan Indien, de Guyane ou d’ailleurs. Pourtant, ces régions regorgent de talents insoupçonnés et de saveurs singulières à faire découvrir.

En Martinique par exemple, la gastronomie créole est un met de très haute tenue, conjuguant avec brio les influences caribéennes, européennes, africaines et indiennes. Qu’il s’agisse d’un somptueux colombo ou d’un succulent court-bouillon, les chefs locaux font preuve d’une créativité et d’un savoir-faire digne des plus grandes tables. Mais faute de reconnaissance du Guide Michelin, tous ces joyaux culinaires demeurent confidentiels.

Une sollicitation restée lettre morte

Face à cette injustice flagrante, Philippe Lecuyer, président de ZILEA (Cluster du Tourisme en Martinique), a décidé de passer à l’action. Dans une lettre rendue publique, il interpelle directement Gwendal Poullennec, directeur international du Guide Michelin. Un plaidoyer argumenté, presque suppliant, pour que les inspecteurs mettent enfin le cap sur les Outre-mer et accordent leur faire chance aux restaurateurs locaux.

“Nous vous proposons même de prendre en charge une partie des sommes relatives à la logistique des auditeurs”, insiste M. Lecuyer, conscient que l’éloignement géographique ne doit pas être un frein. Des arguments qui, pour l’heure, se heurtent à un silence assourdissant de la part du Guide rouge. Un cruel désaveu pour tous ces chefs passionnés qui ont fait le choix de rester ou de revenir au pays après leurs études.

Un appel solennel au gouvernement

Fatigués d’être les grands oubliés de ce concours gastronomique de très haut niveau, les responsables du Cluster du Tourisme ont donc décidé de frapper un grand coup. Une lettre ouverte a été adressée au Premier ministre Gabriel Attal, avec copie aux ministres Gérald Darmanin (Outre-mer), Marie Guevenoux (Mer) et Olivia Grégoire (PME).

Un pavé dans la mare qui dénonce “l’absence totale d’équité de traitement entre l’Hexagone et les Outre-mer” de la part du Guide Michelin. Philippe Lecuyer enfonce le clou : “Nos jeunes talents culinaires qui ont fait le choix de rester ou de revenir au pays doivent avoir la même chance de reconnaissance que les établissements de l’Hexagone”.

Un appel qui pourrait bien être entendu par le gouvernement, soucieux de valoriser les atouts des territoires ultramarins dans tous les domaines. Reste à voir si le Guide Michelin, son conservatisme et son entre-soi légendaires, sera sensible à ces revendications légitimes.

Un mot d’ordre de mobilisation générale a été lancé pour les 17 et 18 mars prochains, dates de la cérémonie d’attribution des étoiles à Paris.

Une mobilisation populaire en vue

En attendant la réaction très attendue des autorités, le Cluster du Tourisme en Martinique ne compte pas baisser les bras. Un mot d’ordre de mobilisation générale a été lancé pour les 17 et 18 mars prochains, dates de la cérémonie d’attribution des étoiles à Paris.

“Que chaque territoire affirme que les chefs des Outre-mer doivent avoir la même possibilité de briller sous les étoiles”,

martèle Philippe Lecuyer dans son message de ralliement. De l’Océan Indien aux Caraïbes en passant par la Guyane, les amoureux de la grande cuisine sont appelés à se faire entendre haut et fort.

Car au-delà du simple enjeu de reconnaissance, c’est un pan entier du patrimoine culinaire français qui est en jeu. Une richesse à préserver et à célébrer, qui dépasse les simples frontières hexagonales. Les chefs ultramarins ont autant à apporter à la gastronomie mondiale que leurs homologues métropolitains. Il est plus que temps que le Guide Michelin l’entende et rende enfin justice au génie créole.

Philippe Pied

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