cembre 2021

Publié par fxg

La candidate du Rassemblement nationale à l’élection présidentielle a présenté, mardi 14 décembre 2021 à son siège de campagne, dans le 16e arrondissement de Paris, son projet pour l’Outre-mer.

Escortée du député européen André Rougé, son potentiel futur ministre d’Etat en charge de l’Outre-mer et de la Mer, Marine Le Pen a développé les grandes lignes de son action si elle accède pour les cinq prochaines années à l’Elysée.

Marine Le Pen l’a répété à plusieurs reprises : c’est un programme « ambitieux et audacieux », « complet et détaillé », « complet, travaillé et structuré ». Comme il y a cinq ans, la candidate du RN promet la création d’un grand ministère d’Etat de la France d’Outre-mer et de la politique maritime. Elle assure qu’elle présidera deux fois par an un conseil de l’Outre-mer « afin de garantir la parfaite mise en œuvre de la politique menée en faveur de nos compatriotes et de leurs territoires » et qu’une « loi-programme pour quinze ans tracera les grandes lignes directrices qui guideront son action ». Déplorant que la France d’Outre-mer soit « délaissée et méprisée », Marine Le Pen entend « mettre fin au pillage de ses ressources et aux convoitises de ses voisins (…) en inscrivant dans la prochaine loi de programmation militaire l’objectif de doter a minima chacun des territoires d’un navire de souveraineté et des moyens aériens ».

Contre « l’immigration illégale venant des Comores, du Suriname et de la Dominique », elle soumettra « au referendum un projet de loi sur l’immigration qui s’appliquera à la Métropole, mais aussi à l’Outre-mer ». Cette loi mettra fin au droit du sol, réservera les prestations de solidarité aux Français et aux étrangers ayant travaillé pendant au moins cinq ans en France. Elle prévoit aussi « l’expulsion systématique de tous les clandestins et étrangers condamnés pour crimes et délits graves ». Le budget voté dans une loi-programme police justice permettrait d’accroitre les moyens de contrôle aux frontières.

Contre la vie chère, Marine Le Pen entend être « la présidente du pouvoir d’achat ». Pour cela, elle promet de réformer l’octroi de mer en exonérant de ce dernier les « produits français et de l’Union européenne ». Et pour sauvegarder le budget des communes, elle propose de compenser le manque à gagner par la mise en place généralisée de la dotation globale de fonctionnement. Elle promet encore « en Outre-mer, comme en Métropole de baisser la TVA sur les produits énergétique ».

Pour l’emploi, elle entend être « la présidente de l’enracinement et du localisme » et pour provoquer un « électrochoc économique », elle propose de restaurer les lois Pons, Girardin (Brigitte et non Annick, a-t-elle pris soin de préciser) et Perben de défiscalisation. Et pour éviter les effets d’aubaine qu’on a pu opposer à la défisc, elle assure une révision tous les trois ans. De cette manière, elle entend créer des « filières académiques, industrielles, énergétiques et professionnelles de l’économie bleue, celle de tous les métiers liés à la mer » : pêche hauturière et pêche artisanale, aquaculture, modernisation et adaptation des infrastructures portuaires à toutes les formes de tourisme…

« Une attention renouvelée » sera portée à l’éducation et, dès 2022, l’outre-mer bénéficiera des mesures qu’elle entend prendre pour la Métropole : « restauration des valeurs, de l’autorité et de l’efficacité du système éducatif » avec la création d’internats pour les collégiens et lycéens.

Concernant la santé, Marine Le Pen propose « un grand plan sargasse » assorti d’un comité médical et scientifique pour remédier aux conséquences du chlordécone. « Elue présidente, a-t-elle déclaré, je ferai de la santé une priorité de mon quinquennat (…) Les Ultramarins bénéficieront de la grande loi santé de 20 milliards que je ferai voter une fois élue ». Cela se traduirait par « de meilleurs rémunérations et des infrastructures et des matériels modernes ».

« Il est temps que nos compatriotes d’outre-mer votent pour quelqu’un qui les aime. » Cette formule avec laquelle la candidate du RN a conclu son discours n’est pas sans rappeler l’affiche de campagne du candidat du RPR en 1995 : « Chirac, les Antilles : une histoire d’amour »… Comme une nouvelle étape après la dédiabolisation…

FXG

Quatre questions à Marine Le Pen

« Un problème de confiance fondamental à cause des sargasses et du chlordécone »

 

Selon vous, Sébastien Lecornu était « à côté de la plaque » concernant son offre d’autonomie, mais ne faudrait-il pas approfondir la décentralisation ?

Je ne le pense pas. Je ne suis pas à priori opposée idéologiquement à une évolution de statut, mais je ne le crois pas. Parce que les problématiques des Antilles sont ceux que nous connaissons, c’est en réalité fondamentalement à l’État de prendre ses responsabilités. Sur les sargasses c’était juridiquement à l’État de le faire alors qu’il s’est défaussé sur des collectivités dont ce n’était pas la charge. Dans le cas du chlordécone, je pense que ça n’est pas non plus de la responsabilité des collectivités, mais de celle de l’État… Je ne suis pas du tout sûre qu’un alourdissement de la décentralisation puisse apporter des solutions ne serait-ce que par leur importance, mais aussi du fait que l’organisation de notre pays dépend de l’État. Pour le reste, avec les propositions que je fais, on n’a pas besoin de passer par les collectivités pour réformer l’octroi de mer par exemple. Je rappelle que l’octroi de mer est une forme d’impôt supplémentaire pour assurer le financement des communes, c’est un impôt supplémentaire dont la conséquence immédiate est évidemment un surenchérissement du coût de la vie qui n’est pas admissible.

La première réponse du ministre des Outre-mer au moment où la crise a démarré aux Antilles, a été l’envoi du RAID et du GIGN. Auriez-vous fait de même ?

Non je crois que la réponse aurait dû être politique, mais en réalité elle aurait dû anticiper largement la réponse policière. Régler le problème de confiance qui existe entre les antillais et le gouvernement avec une réponse policière n’est évidemment pas la solution idoine. Si le niveau de vaccination est aussi bas, c’est parce que, au départ, il y a un problème de confiance fondamental à cause des sargasses, à cause du chlordécone… Ce gouvernement a expliqué yeux dans les yeux à nos compatriotes antillais que le chlordécone n’entraînait pas de risque cancérigène Alors que l’intégralité des études qui sont à notre disposition démontrent que non seulement il y a un record de cancers de la prostate, et que de surcroît 95% de la population a dans le sang des traces de chlordécone. Comment voulez-vous susciter la confiance quand on se comporte comme ça à leur égard ? En plus, on en a profité pour les salir, les humilier. Certains sont venus expliquer que c’est parce qu’ils buvaient du rhum, parce qu’ils faisaient du vaudou… N’importe quoi ! La situation aux Antilles qui couve depuis des années n’a fait l’objet d’aucune attention de la part du gouvernement. Il aura fallu la mise au ban de soignants alors même que la situation sanitaire était compliquée, il aura fallu le pass sanitaire, qui en réalité est une vaccination obligatoire, pour faire sauter la cocotte-minute. Ceci étant dit, je condamne de la manière la plus ferme les violences qui ont été effectuées mais je m’aperçois que, en France depuis maintenant quinze ans, à chaque fois qu’il y a une contestation sociale, se greffent des éléments ultraviolents que les gouvernements successifs se refusent à mettre hors d’état de nuire, mais c’est vrai au 1er mai à Paris, c’est vrai pour les gilets jaunes de la même manière que c’est vrai aux Antilles. Il n’y a pas de spécificité antillaise concernant ce sujet.

Que permettrait mieux de faire le grand ministère d’Etat que vous proposez pour l’Outre-mer et la mer ?

Un grand ministère d’État permettrait de mettre sous sa férule l’intégralité des ministres dont les compétences sont concernées dans le cadre de réunions interministérielles. Un ministre d’État à plus de force, plus d’importance et hiérarchiquement a une influence supplémentaire sur les autres ministères. Parce que l’outre-mer, c’est beaucoup de sujets, c’est l’économie, l’industrie, le commerce extérieur, la santé, l’éducation, la sécurité l’immigration… Il est utile pour mener à bien le projet qui est le mien qu’il existe ce ministère d’Etat. Par ailleurs ce serait aussi un ministère de la mer et c’est fondamental. Je pense que ça fait des années qu’on n’a pas de grands projets en France et je considère que la mer en fait partie. Je l’ai dit en 2012 je vous l’ai dit en 2017 et je persiste à le dire : nous avons des richesses qui sont spectaculaires mais qui sont en jachère. Aujourd’hui il m’apparait que le projet mer est aussi important qu’a pu être le projet espace. C’est un continent gigantesque à conquérir et une source d’enrichissement, de développement économique, de recherche et d’innovation qui aujourd’hui est totalement à l’arrêt.

Vous vous apprêtez à vous rendre à Mayotte dont vous dîtes qu’elle est en train de vivre notre futur. Qu’est-ce à dire ?

Mayotte est un symbole de ce que nous pourrions vivre demain si on ne fait rien. Elle est un symbole de l’abandon de l’état à l’égard d’un de ses départements. L’abandon total dont je finis par penser qu’il est volontaire et je me pose la question de savoir si, en réalité, l’État français, ses gouvernements successifs, ne finissent pas par laisser Mayotte dans cette situation pour un jour pouvoir dire qu’on ne peut plus rien faire : autant s’en débarrasser ! On ne parle pas beaucoup de l’outre-mer dans les médias nationaux… On n’en parle pas beaucoup sauf quand il y a des événements comme ceux qui se sont déroulés aux Antilles, mais sinon c’est black-out total sur ce que vivent nos compatriotes. Si je peux aider à donner de la visibilité, je le ferai encore et toujours.

Propos recueillis par FXG

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