En Martinique, les gestes suicidaires sont en baisse selon le dernier rapport de Santé publique France. Mais derrière ces statistiques encourageantes, des fragilités demeurent, notamment chez les jeunes femmes. Que révèlent réellement les données ? Pourquoi rester vigilant ? Explications.
Des passages aux urgences plus fréquents chez les femmes
Entre juin et décembre 2023, 150 passages aux urgences pour gestes suicidaires ont été recensés en Martinique. Ces données, recueillies pour la première fois sur cette période grâce au système national OSCOUR®, permettent d’avoir une vision plus précise de la situation locale.
Fait marquant : près de trois personnes sur quatre étaient des femmes (108 contre 42 hommes). Les tranches d’âge les plus concernées sont les 18-24 ans et les 25-44 ans, avec une majorité de femmes jeunes. Chez les hommes, les 25-44 ans sont les plus représentés.
Ces passages concernent des gestes tels que des tentatives de suicide ou des automutilations. Ce sont souvent des signes d’un mal-être profond qui nécessitent une prise en charge rapide et adaptée.
Une baisse notable des hospitalisations en 2023
En 2023, 140 hospitalisations pour geste auto-infligé ont été enregistrées en Martinique. Ce chiffre est en baisse de 12,5 % par rapport à 2022. Le taux est de 42 hospitalisations pour 100 000 habitants, bien inférieur à la moyenne nationale (133,8).
Cette diminution est en grande partie due à une forte baisse des hospitalisations chez les hommes : leur taux est passé de 124 à 31 pour 100 000 hommes en cinq ans. Chez les femmes, la baisse est plus modérée.
Les jeunes filles âgées de 11 à 17 ans et les jeunes femmes de 18 à 24 ans restent toutefois particulièrement concernées, avec des taux d’hospitalisation élevés. Ces données rappellent la nécessité d’un accompagnement spécifique pour cette population vulnérable.
Le nombre de suicides continue de reculer
Concernant les décès par suicide, les dernières données disponibles datent de 2021. En Martinique, environ 20 personnes sont décédées par suicide cette année-là, soit un taux de 6 décès pour 100 000 habitants. Ce chiffre est en baisse de 18,4 % par rapport à 2020.
Cette tendance est bien plus favorable qu’en France entière, où le taux reste autour de 13 pour 100 000 habitants. Les hommes de plus de 65 ans et les 25-44 ans sont les plus touchés, représentant plus de 3 décès sur 4. Chez les femmes, les décès sont moins fréquents, mais leur évolution doit continuer d’être observée avec attention.
Un sujet encore trop tabou, mais des ressources existent
Ces données montrent une évolution globalement positive, mais ne doivent pas masquer les situations de détresse individuelles, notamment chez les jeunes. Parler de suicide reste difficile, tant pour les personnes concernées que pour leur entourage.