Moins connu que l’explorateur malouin Jacques Cartier ayant entrepris la découverte du Canada, Daniel de La Touche, seigneur de La Ravardière, est parti en 1604 de Cancale en direction du Brésil pour atteindre les rives fondatrices de São Luís, aujourd’hui capitale de l’Etat fédéral du Maranhão, trait d’union entre l’océan et le bassin amazonien. Au sein du district de la durabilité, le Brésil proposait à l’occasion de la dernière exposition universelle une recréation moderne du bassin amazonien dans le désert de Dubaï, permettant d’admirer les paysages, les sons et les parfums des zones fluviales du Brésil.

Si les ambitions respectives de François 1er vers le Nouveau Monde et d’Henri IV vers la macro-frontière huguenote en Guyane apparaissaient complexes voire ambivalentes, les bretons et en particulier les malouins étaient en possession du « secret de Terre-Neuve » depuis une date qu’il est difficile de déterminer mais qui semble antérieure à la découverte de l’île par les anglais et les portugais. Aussi, les expéditions de pêche à la morue ont durablement marqué les aventures transatlantiques y compris vers les côtes du Brésil que Jacques Cartier connaissait. Une preuve de séjour du malouin Jacques Cartier au Brésil est le baptême à Saint-Malo, le 31 juillet 1528, d’une indigène brésilienne nommée Catherine du Brésil, la marraine étant la femme de Jacques Cartier.

Dès lors, quels secrets d’histoire recèlent les « Nouveaux Mondes » de Cancale à São Luís ? Que peuvent nous apprendre la redécouverte du parcours et le destin huguenot de La Ravardière tout comme sa contribution à la francophonie des Amériques ? L’une des originalités d’une prochaine conférence-débat prévue le samedi 6 Mai 2023 à l’Espace Bouvet (salle Robert Surcouf) de Saint-Malo sera de proposer un axe de découverte à la lumière des îles Anglo-Normandes marquées par une influence protestante dont est issu le Cancalais de La Ravardière.

Encore aujourd’hui, Jersey et Guernesey restent deux îles idéales pour effectuer des recherches généalogiques. La langue anglaise n’étant devenue la langue écrite officielle qu’en 1948, bon nombre de registres sont écrits en français ; ouvrant ainsi des découvertes singulières des archives de la Guille- Allès Library jusqu’aux sagas des Dobrée de Guernesey qui ont marqué les échanges avec le port de Nantes.

Et si demain de La Ravardière nous encourageait à ouvrir la porte de notre imagination vers de nouveaux archipels de francophonie et de lusophonie ? « Nous pourrions construire un Montmartre au Fort Régent » titrait récemment le Bailliwick Express de Jersey. Pour rendre l’île attrayante pour les visiteurs et les investissements privés, « Jersey doit offrir une vision audacieuse » a récemment déclaré un résident local dont la société d’investissement possède la plus grande marina du Portugal. Voyager dans les archives et le temps nous permet de faire le pont entre l’actualité d’hier et d’aujourd’hui. Les enjeux ont-ils tant changé? A nous de le découvrir.

Cancale, Brésil et les îles Anglo-Normandes : peu encore imaginent une relation triangulaire avec des artistes et partenaires des deux côtés de l’Atlantique : européens et brésiliens.

Entre le marché aux huîtres et les viviers de la houle, il est possible de se promener dans plusieurs rues sinueuses dont la rue Saint-Clément. La commune de Cancale est jumelée avec la paroisse Saint- Clément dans l’île de Jersey, depuis 2010. Si les relations existent entre le connétable (l’équivalent du maire) et l’équipe municipale de Cancale, le champ des possibles pourrait s’enrichir de passerelles festives et créatives communes. Et réveiller des traditions hautes en couleur telles que la Bataille de fleurs de Jersey (Battle of Flowers) ou le Carnaval de Cancale. Le Carnaval de Granville est inscrit à l’UNESCO. Mais le Carnaval de Cancale comme d’autres manifestations créatives peuvent elles aussi rayonner dans le monde. Et stimuler de nouveaux projets audacieux à l’occasion de la prochaine Journée internationale de la lumière célébrée le 16 mai de chaque année par l’UNESCO.

Les frères Lumière avaient identifié l’Ille-et-Vilaine comme une terre d’innovation. Si c’est à Dinard qu’Auguste et Louis Lumière sont venus faire leurs premières expériences photographiques en 1877, les deux frères innovateurs étaient aussi passionnés par de nombreuses autres découvertes depuis le Serment de la “Goule és Fèes” née sur la côte d’Emeraude dans une graphie en langue gallèse.

Les frères Lumière avaient par exemple acheté et rénové un moulin pour produire une fécule de pomme de terre très fine, ingrédient nécessaire à l’émulsion photographique. Symboles bucoliques et fluviaux, les moulins du département comme celui de la cale Robinson à Saint-Grégoire représentent une source d’énergie et par là même une source de lumière.

A l’occasion de la Journée internationale de la lumière, une action symbolique avec Dinard et le Réseau de Maisons de la Francophonie pourrait s’imaginer dans des villes partageant une histoire avec la côte d’Emeraude en commençant par exemple par un pôle en Asie par exemple une île des malouins de l’Antarctique au niveau du Pacifique sud ( UTC +8 ) pour se terminer à Sao Luis, pôle de la France Équinoxiale ( GMT -03:00 ).

Ces deux pôles ayant chacun un décalage horaire entraînant 12 heures d’avance. Nous aurions donc une Journée internationale de la lumière universaliste pour promouvoir une Francophonie créative sur les trois océans .

Kevin LOGNONÉ

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version