Ce mercredi 09 mars s’est déroulé le ‘’Kanawa Héritage Karayib’’, un événement organisé par le Grand Port Maritime de la Martinique et l’association Karisko, qui rendaient là hommage à une expression du patrimoine amérindien, caribéen et martiniquais : la Kanawa, cette pirogue millénaire grâce à laquelle le peuple kalina sillonnait les flots d’île en île. Ce fut un beau moment.

C’est sur le site du Quai des Tourelles à Fort-de-France, que les invité.e.s de cet événement ont eu la chance de découvrir et d’admirer une Kanawa, largement réalisée en Guyane (par des kalinas) puis achevée en Martinique ; une embarcation d’ailleurs destinée à voguer dans nos eaux dans le futur. Cette manifestation fut, en outre, ponctuée d’explications historiques partagées par ces spécialistes et passionnés de culture amérindienne que sont l’anthropologue Thiery L’Etang et Marcel Rapon, le fondateur de l’association Karisko. Parmi les moments forts de l’événement, un rituel fait d’incantations et de chants interprétés par deux chefs coutumiers kalinas venus spécialement de Guyane ; rituel constitutif du « baptême » de la Kanawa. Ceci sans oublier le moment des distinctions, à savoir une pagaie et des ornements vestimentaires offerts par la délégation kalina à la marraine et au parrain de cette Kanawa : Madeleine de Grandmaison, caribéenne convaincue ayant œuvré aux échanges entre les martiniquais.es et la culture kalinago, ainsi que Jean-Rémy Villageois, le président du Directoire du Grand Port.

« C’est la reconnaissance de ce mélange, de ce métissage… » 

Madeleine de Grandmaison et sa pagaie (MI)

« Oui, ma vie a été celle d’une guerrière », nous glissa Madeleine de Grandmaison entre deux séquences de l’événement. Car c’est notamment en tant que guerrière, que la célèbre martiniquaise a été honorée par la délégation kalina.  « Toute ma vie : en classes, en études, pendant ma vie politique et associative, rien n’a jamais été simple », poursuivit Mme de Grandmaison, « je ne dis pas que j’ai rendu les choses simples, mais je les ai affrontées. Et aujourd’hui je crois qu’on me donne beaucoup (sourire). » Puis de souligner, au sujet de la reconnaissance qui lui est ainsi témoignée : « C’est la reconnaissance de ce mélange, de ce métissage qui fait que nous sommes des peuples d’une même nation ; une nation-peuple qui se reconstruit. Ma mère est d’ascendance caraïbe et mon père est un africain. Et je crois que tout ça a fait que, d’instinct, j’ai eu en moi à la fois cette manière de résistance et cette manière de partage de culture(s). » Des mots qui synthétisent, avec pertinence, l’essence même de cet événement-hommage.

Mike Irasque

 

 

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