Xi Jinping se méfie de ce secteur privé désormais trop puissant, et la reprise en main est brutale.



Le 11 novembre, les cinq géants chinois de la technologie ont perdu conjointement près de 290 milliards de dollars de valorisation en deux jours, rapporte le site Bloomberg. Une débandade jamais vue dans l’histoire de la finance et provoquée par la tentative de reprise en main du pouvoir central, qui cherche à freiner l’influence croissante des grandes firmes du secteur.

Officiellement, ce qui s’annonçait comme la plus grosse introduction en bourse de l’histoire a été suspendue sine die pour des questions réglementaires, Ant Group ayant signalé qu’il ne pourrait pas remplir les exigences des régulateurs. Ces nouvelles règles, visant le cœur de métier de la fintech, pourraient lui coûter jusqu’à 140 milliards de dollars, selon les analystes financiers.

Le poing sur la table

Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon le Wall Street Journal, le président Xi Jinping aurait personnellement pris la décision de repousser l’introduction en bourse, excédé par le pouvoir un peu trop excessif à son goût des grands patron·nes de la tech chinoise.

Le 24 octobre, quelques jours avant la date prévue de cette colossale IPO, Jack Ma, cofondateur d’Alibaba, qui détient environ 33% du capital d’Ant Group, aurait profondément irrité Xi Jinping en sous-entendant que Pékin entravait le développement de l’innovation à travers des règles trop sévères.

Quelques jours plus tard, le 2 novembre, Jack Ma et le président d’Ant, Eric Jing, ont été convoqués à un entretien avec des représentant·es de la banque centrale chinoise et des gendarmes de la bourse, du marché des changes et du secteur bancaire.

Le nouveau tour de vis de Pékin s’étend bien au-delà du marché financier et vise directement les dirigeant·es des grands groupes. «Xi Jinping n’a que faire de savoir à quel point vous êtes riche, explique un officiel chinois au WSJ. Ce qui lui importe est ce que vous faites de votre argent et si vos intérêts sont alignés avec ceux de l’État.»

Le gouvernement de Xi Jinping a passé, début novembre, une série de lois anti-monopolistiques censées lutter contre certaines pratiques des plateformes de vente en ligne considérées comme anticoncurrentielles.

Pékin tente ainsi de freiner l’influence du privé sur des secteurs qu’elle juge stratégiques, comme la finance ou la santé. JD.com, Meituan, Xiaomi Corp ou Tencent, soupçonnées d’être dans le viseur du pouvoir, ont ainsi vu leur cours de bourse s’effondrer. Afin de rassurer les marchés, Tencent, géant du jeu vidéo, a assuré vouloir pleinement coopérer avec les autorités chinoises.

Tout ceci n’a pas empêché Alibaba de battre son record de vente le 11 novembre pour le Jour des célibataires, avec plus de soixante-deux milliards de chiffre d’affaires, son rival JD.com ayant lui aussi fait florès. De quoi irriter encore un peu plus Xi Jinping?

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