Cinq dans la fiole, en réalité six pour le prix de six. | Boris Roessler / POOL / AFP

Ce sont 20% d’injections qui s’envolent, ou qu’il faudra acheter.

Repéré par Thomas Burgel sur APMnews

L’arrivée de vaccins efficaces contre le Covid-19 fut l’une des rares bonnes nouvelles d’un monde qui, ces derniers mois, a peiné et peine encore à s’extraire du noir. À cet espoir s’est ajouté une excellente surprise, relayée dès décembre et durant les premiers jours de la campagne de vaccination américaine. Aux États-Unis, les praticiens découvraient que les flacons fournis par Pfizer et BioNtech contenaient de quoi faire six doses plutôt que les cinq officiellement livrées.

De quoi procéder à 20% de vaccinations supplémentaires, un bonus inespéré dans une situation d’urgence absolue. Les campagnes de vaccination ont, depuis, débuté en Europe, avec parfois quelques difficultés, comme en France notamment.

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L’urgence et la pénurie étant les mêmes, la question de cette sixième dose s’est donc également posée sur le Vieux Continent. Elle s’est posée avec d’autant plus d’acuité que Pfizer annonçait mi-janvier un retard prochain dans ses livraisons de vaccins, dû selon elle aux travaux permettant d’accroître à terme la capacité de production de son usine belge.

Bonus-malus

Elle s’est posée mais, comme l’explique APMnews dans une dépêche datée du 20 janvier, se solde par une mauvaise surprise –à la fois pour le personnel soignant et pour les États.

Cette fameuse sixième dose, officiellement reconnue par l’Agence européenne des médicaments (EMA), Pfizer a semble-t-il décidé de la faire payer, ou du moins de la comptabiliser dans ce qu’elle fournit aux États, et donc d’adapter le décompte de ses livraisons en conséquence.

Vous savez que les médecins de terrain ont mis en evidence le fait que l’on pouvait, avec du matériel adapté et une technique protocolisée, prelever 6 doses à partir d’un flacon ( annoncé à 5 )

«Ils nous disent que les contrats sont en doses et non en flacons, ce qui est peut-être vrai. Mais il est habituel que de telles fioles contiennent un peu plus de liquide, et cette sixième dose vient en réalité du terrain. Les médecins se sont rendu compte qu’il était possible d’extraire six doses et non cinq d’un flacon, avec une technique et du matériel adéquat», explique le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML. «Il faut des aiguilles serties de 25 mm en 25 G, des aiguilles serties permettant de ne pas avoir de volume mort –ce que la DGS peine à fournir.»

«Au niveau des praticiens, le problème est que le protocole pour obtenir cette sixième dose demande de la technicité, de la concentration, du temps et du matériel, ajoute-t-il. Quand cette sixième dose est considérée comme surnuméraire, ça va; on sait qu’on réussira à l’extraire de trois flacons sur quatre, on en loupe un quatrième et ce n’est pas trop grave, car c’est du bonus.»

«Mais là, ce n’est plus du tout du bonus, poursuit-il. On va demander aux gens qui vaccinent de faire six doses à chaque flacon. Ce n’est plus du tout la même chose. Si les instances sanitaires veulent tenir le rythme qu’elles ont fixé, elles doivent désormais s’assurer de livrer le bon matériel à chaque fois, sans erreur. Et elles ont prouvé depuis le début de la crise qu’elles n’étaient pas étrangères aux erreurs. Cela ajoute aussi une pression supplémentaire sur les épaules des personnes qui pratiquent les injections, car elles n’ont plus le droit à l’erreur.»

Souveraine et sans nul doute contractuelle, la décision de Pfizer de comptabiliser ce bonus inespéré risque donc de se répercuter sur les différentes campagnes de vaccination.

Pour tenir le rythme, il faudra aux États repasser commande, ou payer plus cher. Et attendre l’arrivée massive d’autres acteurs et un rééquilibrage du rapport de force commercial sur un marché de pénurie, qui perdra alors quelque peu en tension.

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