Le vaccin contre la Covid-19 “Comirnaty” mis au point par Pfizer-BioNtech est Indiqué à partir de 16 ans, il se base sur la technologie ARN pour stimuler l’immunité.

© Marcin Bruniecki/Shutterstock/SIP

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert pour la mise sur le marché du vaccin au sein de l’UE le 21 décembre. La HAS a quant à elle autorisé l’utilisation du vaccin en France le 24 décembre et la campagne a débuté 3 jours plus tard, le 27 décembre. Le 18 novembre, l’analyse finale des résultats d’efficacité et de tolérance effectuée par un comité indépendant de surveillance des données (Data Monitoring Committee) a confirmé un taux d’efficacité du candidat-vaccin de 95%(mesuré 7 jours après l’administration de la seconde injection) et la bonne tolérance de celui-ci. C’est le vaccin validé pour la Martinique


On a dénombré en France, le 29 janvier, 659 cas d’effets indésirables, analysés entre le début de la vaccination en France fin décembre et le 22 janvier 2021 (sur 963 139 personnes vaccinées avec le vaccin Corminaty).

Les caractéristiques de ce vaccin.

Le nom du vaccin anti-covid développé par Pfizer/BioNTech est COMIRNATY®, également connu sous l’appellation BNT162b2.

Son origine.

Développer un vaccin en moins d’un an semblait impossible puisque, en temps normal, la fabrication s’effectue de manière séquentielle, chaque étape ne démarrant qu’après la fin de la précédente. Face à l’urgence de la situation, Pfizer a lancé plusieurs étapes en même temps, mais Comirnaty répond aux mêmes normes de qualité, de sécurité et d’efficacité que les autres vaccins.

Le vaccin Comirnaty® est indiqué pour l’immunisation active pour la prévention de la Covid-19 causée par le virus SARS-CoV-2, chez les personnes âgées de 16 ans et plus.

À ce stade, les données de tolérance étant insuffisantes, la HAS déconseille l’administration du vaccin pendant la grossesse (et l’allaitement car on ne sait pas si le vaccin est excrété dans le lait maternel), “sauf si un risque élevé de forme grave a été identifié lors de la consultation pré-vaccinale.

Suite aux cas rapportés en Grande-Bretagne, la société savante le déconseille également chez les personnes présentant des antécédents de graves manifestations allergiques de type anaphylactique. Quant aux personnes ayant déjà développé une forme symptomatique de la Covid-19, la Haute Autorité de Santé précise “qu’il n’y a pas lieu, à ce stade, de les vacciner systématiquement”. Elles doivent toutefois “pouvoir être vaccinées si elles le souhaitent à l’issue d’une décision partagée avec le médecin”, à condition de respecter un délai minimal de 3 mois après le début des symptômes et de ne pas vacciner en présence de symptômes persistants.

Sa composition.

Le médicament est fourni dans un flacon multidose et doit être dilué avant utilisation. Un flacon (0,45 ml) contient 5 doses de 0,3 ml après dilution. 1 dose (0,3 ml) contient 30 microgrammes de vaccin à ARNm contre la COVID-19 (encapsulé dans des nanoparticules lipidiques). Comirnaty ne contient pas le virus. 

Liste des excipients : 

  • ((4-hydroxybutyl)azanediyl)bis(hexane-6,1-diyl)bis(2-hexyldécanoate) (ALC-0315)
  • 2-[(polyéthylène glycol)-2000]-N,N-ditétradécylacétamide (ALC-0159)
  • 1,2-distéaroyl-sn-glycéro-3-phosphocholine (DSPC)
  • cholestérol
  • chlorure de potassium
  • phosphate monoatomique
  • chlorure de sodium
  • phosphate disodique dihydraté
  • saccharose
  • eau pour préparations injectables

Son principe d’action.

Le vaccin Pfizer/BioNTech est un vaccin à ARN messager.  C’est une technologie nouvelle, qui n’a pas fait ses preuves contre d’autres virus jusqu’ici.

Concrètement, les chercheurs utilisent une séquence génétique du coronavirus (ARNm) et l’injectent à l’intérieur de la cellule humaine. Cette cellule va l’utiliser pour produire la protéine virale associée qui va faire réagir le système immunitaire.

Dans le cas du virus Sars-CoV-2, cette protéine est appelée “Spike“. Les vaccins à ARNm ont le même objectif que les vaccins traditionnels, à savoir déclencher une réponse immunitaire pour que l’organisme puisse se défendre. 

Quelles différences avec le vaccin de Moderna ou d’Astrazeneca ?

Le mode d’action : les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna (mRNA-1273) utilisent la même technologie dite à ARNm. Le vaccin AstraZeneca (AZD1222) emploie quant à lui un vecteur adénoviral. Il utilise un autre virus (un adénovirus de chimpanzé) recombiné pour exprimer la protéine Spike du Sars-CoV-2.

 L’efficacité : Pfizer/BioNTech revendique une performance de 95% alors que Moderna garantit 94,1%. La performance de celui d’AstraZeneca est estimée en moyenne à 70,4%.

Le mode de conservation : COMIRNATY® nécessite une conservation à -70°C (plus ou moins 10 degrés) pendant le transport tandis que celui de Moderna peut être conservé “pendant 6 mois à – 20°C, y compris jusqu’à 30 jours dans des conditions normales de réfrigération (soit de 2 à 8°C) après décongélation” indiquait le laboratoire dans un communiqué de novembre 2020. Celui d’AstraZeneca  peut être conservé, transporté et manipulé dans des conditions réfrigérées classiques (entre 2 et 8 °C) pendant au moins six mois.

La composition : le vaccin du laboratoire Moderna est plus concentré puisqu’il renferme 100 µg d’ARNm dans 0,5 ml de solution saline contre 30 µg dans 0,3 ml de solution saline pour celui de Pfizer. 

L’intervalle entre les deux injections : 21 jours pour Pfizer/BioNTech contre 28 jours d’écart pour Moderna et AstraZeneca.

Efficacité.

Comme pour tout vaccin, 3 grandes phases d’études cliniques ont été nécessaires à l’évaluation du vaccin Pfizer/BioNTech par les autorités sanitaires.

L’essai clinique de phase a été réalisé auprès de 43 548 participants âgés de 18 à 85 ans randomisés, dont 43 448 ont reçu des injections :

21 720 avec le BNT162b2 et 21 728 avec un placebo.

Au total, 8 cas de Covid-19 sont apparus au moins 7 jours après la deuxième dose chez les participants ayant reçu du BNT162b2 et 162 cas parmi ceux ayant reçu un placebo.

Dix cas graves de COVID-19 ont été observés durant l’essai, neuf cas étant survenus dans le groupe placebo et un dans le groupe ayant reçu le candidat-vaccin BNT162b2. Cette étude a montré que COMIRNATY® avait un taux d’efficacité de 95% chez les participants sans infection antérieure par SARS-CoV-2 (premier objectif primaire) ainsi que chez les participants avec et sans infection antérieure par SARS-CoV-2 (second objectif primaire), mesuré à compter de 7 jours après l’administration de la deuxième dose (J21). Dans sa stratégie de vaccination contre la Covid-19, la HAS précise que “cette efficacité semble similaire, quels que soient l’âge des sujets (avec notamment une efficacité chez les personnes de 65 ans ou plus de 94,7%), leur sexe, leur IMC et la présence ou non de comorbidités associées.”

 Les critères secondaires comprenaient la prévention de la Covid-19 sévère dans ces deux groupes. L’étude a également évalué à titre exploratoire, la prévention de l’infection par le SARS-CoV-2, le virus qui cause le Covid-19.

Des limites : “Comme avec tout vaccin, il est possible que les personnes vaccinées par Comirnaty ne soient pas toutes protégées” prévient le fabricant dans la notice du vaccin. Un délai de 7 jours après la seconde dose du vaccin peut être nécessaire avant que les personnes vaccinées soient protégées de façon optimale. Par ailleurs, l’efficacité de Comirnaty peut être diminuée chez les sujets immunodéprimés.

Durée de protection ?

Dans la notice du vaccin, le fabricant précise que “la durée de protection conférée par le vaccin n’est pas établie et est toujours en cours d’évaluation dans les essais cliniques”.

Posologie.

Comirnaty® est administré après dilution sous la forme d’une injection de 0,3 ml par voie intramusculaire, de préférence dans le muscle deltoïde de la partie supérieure du bras. 2 injections, espacées d’au moins 21 jours, sont nécessaires pour que la vaccination soit complète.

“Il est possible sans risque et sans perte d’efficacité de différer la 2e injection du vaccin” Pfizer/BioNTech contre le Covid-19 “jusqu’à six semaines au lieu de trois”, a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’une conférence de presse le 7 janvier.

Une recommandation provenant de l’avis émis par l’ANSM ce même jour. Celle-ci considère “qu’il est nécessaire de maintenir l’administration de deux doses de vaccins aux personnes vaccinées”. Le délai d’administration de la seconde dose peut être envisagé “entre 21 et 42 jours au vu des circonstances actuelles spécifiques, afin d’élargir la couverture vaccinale des personnes prioritaires”.

CONSERVATION.

La particularité du vaccin mis au point par Pfizer et BioNTech est sa conservation à très basses températures (entre -60 et -80 degrés) ce qui a obligé la France à se doter de congélateurs répartis sur l’ensemble du territoire pour faire des stocks de vaccin. Pfizer a mis au point un contenant thermique spécialement conçu pour garantir la sécurité de son vaccin pendant le transport et le stockage.

Celui-ci peut maintenir la température pendant 10 jours sans être ouvert. Dans un communiqué du 20 novembre 2020, le laboratoire explique qu’une fois ouvert, trois options de stockage s’offrent aux centres de vaccination : 

→ “Un congélateur à très basse température, disponible dans le commerce et pouvant prolonger la durée de conservation jusqu’à six mois .”

→ “Utiliser les conteneurs d’expédition Pfizer spécialement conçus comme solution temporaire pour maintenir les conditions de stockage recommandées jusqu’à 30 jours, avec réapprovisionnement de la carboglace tous les cinq jours.” 

→ “Une fois décongelé, le vaccin peut être conservé en toute sécurité pendant 5 jours maximum dans une unité de réfrigération (2-8°C) disponible dans les hôpitaux.”

Leseffets secondaires.

La sécurité de Comirnaty a été évaluée par Pfizer chez les personnes âgées de 16 ans et plus ayant participé à 2 études cliniques qui ont inclus 21 744 participants ayant reçu au moins une dose de Comirnaty.

Un total de 20 519 participants âgés de 16 ans et plus ont reçu 2 doses de Comirnaty.

Sur le résumé des caractéristiques du produit (RCP), le fabricant indique que les effets indésirables les plus fréquents, chez les participants âgés de 16 ans et plus, étaient une douleur au site d’injection (> 80 %), une fatigue (> 60 %), des céphalées (> 50 %), des myalgies et des frissons (> 30 %), des arthralgies (> 20 %), une fièvre et un gonflement au site d’injection (> 10 %).

Ces effets ont été généralement d’intensité légère ou modérée et se sont résolus en quelques jours après la vaccination. Les taux d’événements indésirables graves étaient similaires entre les groupes vaccin et placebo (0,6% et 0,5%) et il n’y a eu aucun décès lié au Covid-19, rapportait Pfizer le 10 décembre lors de la publication des conclusions de la phase 3.

La notice du vaccin indique :

Effets indésirables très fréquents : peuvent toucher plus de 1 personne sur 10 

  • site d’injection : douleur, gonflement
  • fatigue
  • maux de tête
  • douleurs musculaires
  • douleurs articulaires
  • frissons, fièvre

Effets indésirables fréquents : peuvent toucher jusqu’à 1 personne sur 10

  • rougeur au site d’injection
  • nausées

Effets indésirables peu fréquents : peuvent toucher jusqu’à 1 personne sur 100 

  • gonflement des ganglions lymphatiques
  • sensation de malaise
  • douleur dans les membres
  • insomnies
  • démangeaisons au site d’injection

Effets indésirables rares : peuvent toucher jusqu’à 1 personne sur 1 000

  • paralysie soudaine et temporaire des muscles d’un côté du visage entrainant un affaissement

Effets indésirables de fréquence indéterminée (ne peut être estimée sur la base des données disponibles)

  • réaction allergique sévère.

Y-a-t-il des risques de paralysie ?

La paralysie de Bell est la plus fréquente des paralysies faciales. De survenue brutale, elle est extrêmement rare et bénigne. La plupart du temps, elle disparaît très rapidement avec des anti-inflammatoires. Selon l’avis émis le 21 décembre 2020 par l’EMA, 4 cas de paralysie faciale sur un total de 22 000 personnes vaccinées dans le monde ont été signalés.

En revanche, il n’existe pas, pour l’heure, de base claire permettant de conclure à une relation causale. La fréquence observée de la paralysie de Bell dans le groupe vacciné est similaire à celle constatée dans la population générale.

Précautions d’emploi et contre-indications ?

La seule contre-indication du vaccin indiqué par le fabricant est l’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients mentionnés cités plus haut. Parmi les précautions d’emploi recommandées : 

  • Il est recommandé de surveiller attentivement les sujets vaccinés pendant au moins 15 minutes après la vaccination. La seconde dose du vaccin ne doit pas être administrée chez les personnes ayant présenté une réaction anaphylactique après la première dose de Comirnaty.
  • Des réactions liées à l’anxiété, dont des réactions vasovagales (syncope), une hyperventilation ou des réactions liées au stress peuvent survenir lors de la vaccination, reflétant une réaction psychogène à l’injection via l’aiguille. Il est important que des précautions soient prises afin d’éviter toute blessure en cas d’évanouissement.
  • La vaccination doit être reportée chez les personnes présentant une affection fébrile sévère aiguë ou une infection aiguë. La présence d’une infection mineure et/ou d’une fièvre peu élevée ne doit pas retarder la vaccination.
  • Comme pour les autres injections intramusculaires, le vaccin devra être administré avec prudence chez les personnes recevant un traitement anticoagulant ou présentant une thrombopénie ou tout autre 3 trouble de la coagulation (hémophilie, par exemple) car un saignement ou une ecchymose peut survenir après administration intramusculaire chez ces personnes.
  • L’utilisation de Comirnaty chez la femme enceinte doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus.

Le prix.

  • Pfizer/BioNTech : 19,52 euros (9,76 euros la dose) ;
  • Moderna : 29,3 euros la vaccination (14,65 euros par injection).
  • AstraZeneca : 2,50 euros l’unité, soit 5 euros la vaccination.

Remboursement.

La volonté de Pfizer est que ce vaccin soit accessible au plus grand nombre. Au sein de l’Union européenne, un tarif unique, commun à l’ensemble des pays a été fixé pour garantir cet accès. En France, il est gratuit pour les citoyens car entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. 

Sources

Vaccination contre la Covid-19 : la HAS définit la stratégie d’utilisation du vaccin Comirnaty ®, HAS, 24 décembre 2020

Stratégie de vaccination contre le SARS-CoV-2 – Place du vaccin à ARNm COMIRNATY®, HAS, 24 décembre 2020

Premier point de situation sur la surveillance des vaccins contre la COVID-19, ANSM, 31 décembre 2020

Communiqué Moderna, 16 novembre 2020

Communiqué Pfizer, 20 novembre 2020

Pfizer et BioNTech ont finalisé l’évaluation des critères primaires d’efficacité de l’étude de Phase 3 sur leur candidat-vaccin contre la COVID-19, 2020

Communiqué Europeans Medecines Agency, 23 décembre 2020

Safety and Efficacy of the BNT162b2 mRNA Covid-19 Vaccine, NEJM, 31 décembre 2020

Avis de l’ANSM concernant la seconde dose du vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTech, ANSM, 7 janvier 2021

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