L’économiste JM. NOL est l’analyste des faits sociaux et économiques le plus productif du moment. Pour le suivre dans sa démarche, nous proposons aux lecteurs d’Antilla des synthèses des nombreuses tribunes qu’il nous adresse.
L’autonomie, souvent présentée comme une solution permettant une meilleure gouvernance locale, se révèle en réalité être une étape transitoire vers l’indépendance pour plusieurs raisons :
Dépendance économique persistante
Les exemples de Porto Rico, du Groenland, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie démontrent qu’en l’absence d’une véritable autonomie économique – notamment dans les domaines stratégiques comme la défense, la monnaie ou les relations internationales – les territoires restent fortement tributaires de leur métropole. Même avec une gestion locale accrue, la dépendance aux transferts financiers et aux subventions perdure, rendant la rupture totale avec le système centralisée difficile.
Limites du statut autonome
L’autonomie, en déléguant partiellement les compétences, n’offre pas une indépendance réelle dans la gestion du développement économique et social. Les difficultés budgétaires et la crise de certains territoires autonomes illustrent qu’un tel modèle ne suffit pas à garantir une prospérité autonome. Paradoxalement, en l’absence d’un modèle économique solide et diversifié, l’autonomie peut exacerber l’instabilité politique et sociale.
Contexte géopolitique et économique en mutation
Les évolutions rapides de l’environnement international, telles que la concurrence géopolitique et les transformations économiques induites par des facteurs comme le changement climatique et la révolution technologique, compliquent davantage la mise en place d’une autonomie viable. Ces mutations renforcent le constat que l’autonomie, sans réformes structurelles, ne peut constituer une fin en soi.
Nécessité d’une réforme graduelle
Face à ces constats, il apparaît que plutôt que d’opter pour une autonomie totale (article 74), une réforme progressive – par exemple via une fusion des articles 73 et 74 et une décentralisation renforcée – serait préférable. Ce modèle, s’inscrivant dans un cadre européen élargi, permettrait de préparer économiquement les territoires et de poser les bases d’une transition maîtrisée vers une indépendance éventuelle.
En définitive, l’autonomie ne représente pas une solution miracle aux défis économiques et sociaux. Sans une véritable autonomie économique, elle constitue inévitablement une étape vers l’indépendance, puisqu’elle ne rompt pas la dépendance structurelle vis-à-vis de la métropole et ne parvient pas à offrir un modèle de développement pérenne.