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Les tribunaux répondent-ils vraiment à notre soif immense de justice ? De qui les victimes peuvent-elles attendre le véritable secours, quand le chagrin ou la haine les saisissent ? Le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui s’ouvre, ce mercredi 8 septembre à Paris, va donner la parole à ceux qui vivent après la mort brutale de leurs proches. Un procès pour juger les coupables, pour faire la vérité et peut-être aussi pour crier une dernière fois sa douleur, sa vengeance. Et ce sont ces mêmes cris qui traversent toute la Bible…

13 novembre 2016 : Bougies déposées place de la République à Paris, en hommage aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Paris (75), France © Michael BUNEL/CIRIC

La violence dans la Bible

Ce procès des attentats du 13 novembre est annoncé comme historique, avec près de 1800 parties civiles et plus de 300 avocats. De très nombreuses personnes viendront dire ce mal et cette souffrance vécue. Pour nous chrétiens, on ne peut s’empêcher de penser à toute la cruauté que l’on voit dans la Bible. Crimes, viols, pillages… “Il y a à la fois du très grand dans la Bible… et puis vous avez toute la médiocrité humaine.” Et pourtant on dit de ce texte qu’il est sacré, on parle d’Écritures saintes. “Ces tragédies sont sacrées car elles sont traversées par Dieu”, explique le père Denizot. Recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, il a accueilli Sylvie et Éric Pétard. Ce couple qui a perdu ses deux filles dans l’attentat du Bataclan, a écrit “L’espérance qui nous fait vivre” (éd. Artège).

 

Où est Dieu face au scandale du mal ?

 

À ce procès, les victimes vont crier leur injustice, leur incompréhension face à la mort. “C’est le cri de toute l’humanité : si tu es vraiment Dieu et tout puissant pourquoi n’as-tu rien fait ?” Dans l’Évangile, la réaction de Jésus face à la mort de Lazare, c’est de pleurer. Le père Paul Denizot raconte que ces pleurs de Jésus, c’est ce qui a aidé un père endeuillé à garder la foi malgré la souffrance.

 

Que peut-on attendre d’un procès ?

 

Quelle issue pour les victimes que l’on va entendre au procès ? Certes il y a “beaucoup d’attentes” vis-à-vis de la justice humaine. “Mais la justice humaine elle est partielle, elle n’est pas parfaite elle ne pourra pas éteindre la souffrance qui habite le cœur des victimes. Et ça je pense que ça fait aussi partie d’un deuil, d’accepter que cette justice elle ne satisfera pas complètement.”

 

Pour les rescapés, une question reste : comment sortir de cette image de victime ? “On met ces victimes sur une estrade, on les sacralise on sacralise leur parole, on les écoute comme des oracles, c’est quelque chose de très dangereux”, prévient Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris et auteur de l’essai “Victimes et après ?” (éd. Gallimard). “C’est dangereux de laisser les victimes croire que parce qu’elles sont victimes elles vont accéder à quelque chose de mieux. C’est vraiment très illusoire.”

 

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